Cridem

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16-10-2016

11:14

Lettre ouverte à M. Le Président de la République

Journal Le terroir - Monsieur le Président,

J’ai l’honneur de vous adresser cette lettre pour vous rappeler que voilà deux années consécutives que l’Etat, par le biais de ses démembrements locaux empêche les paysans de la Commune de Dar El Barka d’exploiter les terres de la Cuvette de Karawlatt-Woullou ndiaye après les retraits des eaux de crue.

Cette interdiction formelle intervient après la confiscation injustifiée de ces terres (3200 ha) qui constituent la sève nourricière de centaines de familles pauvres de toutes couches sociales confondues et leur cession à une société étrangère.

La résistance pacifique organisée par les paysans qui exploitent ces terres depuis des décennies avait été violemment réprimée par les forces de l’ordre qui avaient procédé alors à des arrestations suivies de menaces, tortures et brimades de toutes sortes.

Pourtant, les exploitants de cette cuvette avaient introduit une lettre datée du 13 octobre 2010 enregistrée sous le N°151 à la Mouqata’a de Boghé dans laquelle ils ont prouvé leurs droits de propriété en invoquant des autorisations datant des années 1909, 1912 et 1920.

Cependant, l’Etat les a rejetées sans explications reconnaissant en même temps les droits de propriété sur des terres riveraines appartenant aux Ehel Cheikh Sidiya qui avaient pourtant brandi des documents coloniaux similaires aux nôtres. Cette politique deux poids deux mesures avait suscité une grande indignation chez nous nous amenant à nous poser certaines questions. Sommes-nous des citoyens à part entière ou des citoyens entièrement à part ? La République à laquelle nous appartenons ne garantit-elle pas les mêmes droits à ses citoyens comme le stipule la Constitution ? La lutte contre la pauvreté n’est-elle qu’un slogan creux ?

Face à cette situation chaotique, les pauvres paysans de la Cuvette de Karawlatt-Woullou Ndiaye ne savent plus à quel saint se vouer pour résoudre cette question qui sème les germes de la frustration et qui menace la cohésion sociale et l’unité de notre peuple. En conséquence, nous populations de Dar El Barka exigeons :

-L’arrêt de la politique d’accaparement des terres qui risque de réduire les exploitants à des simples esclaves fonciers.

-La rétrocession immédiate de ces terres qui ne sont pas mortes aux ayant-droits

-La redistribution équitable des terres aux exploitants nationaux.

-La mise en valeur des terres avec l’appui de l’Etat

-La tenue des Etats Généraux du foncier et de l’agriculture pour trouver une solution juste et durable qui puisse protéger les droits des paysans.

Cheikh Tahar Dia,
Membre de la Commission contre l’accaparement des terres de Dar El Barka



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