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21-10-2016

21:15

Terrorisme: les procureurs de quatre pays alertent sur le cryptage des communications

Romandie News - Les procureurs de quatre pays (France, Belgique, Espagne et Maroc), réunis à Paris pour améliorer la lutte antiterroriste, ont interpellé vendredi les États et les entreprises sur la nécessité pour les enquêteurs d'avoir accès au contenu des téléphones ou des messageries protégées.

On se trouve face à des téléphones à l'intérieur desquels on ne peut pas rentrer et il y a aujourd'hui des applications auxquelles on n'envoie même plus de réquisitions (judiciaires) parce qu'on sait par avance qu'on ne nous répondra pas. C'est un facteur de paralysie de certaines investigations, a expliqué au cours d'un point presse le procureur de Paris, François Molins.

Au-delà des enquêtes, lorsqu'un attentat a eu lieu, l'accès à ces données peut permettre d'éviter des passages à l'acte, a-t-il rappelé.

Au moins une quinzaine de personnes, souvent jeunes voire mineures, ont été écrouées depuis cet été en France, soupçonnées de vouloir commettre une action violente inspirée par les appels au meurtre sur la messagerie privée Telegram.

De plus en plus de personnes vulnérables sont touchées par une propagande de style totalitaire, a souligné le procureur fédéral belge, Frédéric Van Leeuw.

Dans une déclaration commune, les quatre procureurs alertent les plus hautes autorités nationales et internationales ainsi que les sociétés concernées, notamment les opérateurs et les fournisseurs de logiciels informatiques sur le problème du chiffrement des communications et du verrouillage des dernières générations de téléphones, tablettes et ordinateurs.

La réponse doit être globale car souvent les sociétés qui gèrent tout ça ne sont pas forcément sur le territoire du pays concerné, a rappelé François Molins.

Dans le cadre du groupe quadripartite mis en place en 2006 entre les quatre pays, les travaux ont réuni, outre le procureur de Paris et le procureur fédéral belge, le procureur général de l'Audience nationale espagnole, Javier Zaragoza et le procureur général du roi du Maroc, Moulay Hassan Daki.

Selon François Molins, il y a eu des avancées (...) notamment la possibilité avec certains opérateurs américains, en cas de menace grave d'attentats, d'avoir des informations (...) Pour autant qu'on ait la volonté de le faire, on peut aller plus loin.

Face à ce problème, les opérateurs font valoir le souci de protéger la vie privée de leurs utilisateurs.

L'Américain Apple s'était retrouvé au centre d'un bras de fer avec la justice américaine, en refusant d'aider la police à contourner les mesures de sécurité pour accéder au contenu crypté d'un iPhone appartenant à l'un des auteurs de l'attentat de San Bernardino en Californie (14 morts le 2 décembre 2015).

Dans cette affaire, la procédure en justice a finalement été abandonnée lorsque le FBI a réussi à déverrouiller l'appareil grâce à des prestataires extérieurs.

Fin août, les gouvernements français et allemand avaient demandé à la Commission européenne d'encadrer juridiquement les réseaux de télécommunication cryptés, y compris les messageries non européennes.

(©AFP / 21 octobre 2016 17h44)



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