Cridem

Lancer l'impression
10-01-2017

17:45

Le Parlement rejette une loi contre la violence à l’égard des femmes

Maghreb Info - Une loi contre la violence masculine à l’égard des femmes, inédite en Mauritanie, n’a pu voir le jour au Parlement pour son inadéquation avec la Charia et du fait de l’opposition intransigeante des oulémas du pays.

Au final, l’Assemblée nationale mauritanienne a reporté sine die le vote en séance plénière du projet de loi présenté par le gouvernement, face à l’échec assuré de la procédure.

Et pour cause : au cours des multiples réunions de la commission parlementaire de la Justice, les membres ont exprimé leur hostilité face à un texte qu’ils estiment enfreindre la Charia et la Constitution de la Mauritanie – dont le préambule souligne que l’Islam est « la seule source de droit ».

Le projet de loi entendait établir des catégories de violence à laquelle les femmes sont exposées et définir une échelle de sanctions pour les auteurs, dont certaines assez radicales. Interrogé par l’agence espagnole EFE, le théologien Abdellahi Ould Cheikh Ahmed a déclaré que « la loi contient des articles contraires à l’Islam » et notamment l’article n°12, qui prévoit d’exécuter l’adultérin « par coups de feu »… alors que la Charia, selon le théologien, « prévoit la mort par lapidation » (sic).

« Une transposition aveugle des valeurs occidentales »

Par ailleurs, la loi prévoyait de fixer à 18 ans l’âge légal du mariage et condamne à une peine d’emprisonnement le parent qui donne sa fille mineure en mariage. Ce que l’on pourrait considérer comme une avancée sociale en Mauritanie a été décrié par les oulémas, qui soulignent que la Charia ne fixe aucune limite d’âge minimal au mariage d’une femme.

Ould Cheikh Ahmed s’est d’ailleurs offusqué de l’emploi du terme « genre » à la place de « femme » dans tout le corps du texte, ce qui signifie pour lui une reconnaissance des personnes homosexuelles et transgenres, toutes deux condamnées par l’Islam. C’est précisément ce terme de « genre » qui a soulevé le plus de récriminations de la part des députés mauritaniens, une disposition qu’ils considèrent comme « une transposition aveugle des valeurs occidentales ».

Ahmed Ould Lemrabott, l’imam de la Grande mosquée de Nouakchott, très respecté dans le pays, a pris la parole vendredi dernier pour réitérer clairement sa position : « Certaines parties du texte sont contraires aux dispositions de la Charia ». La balle se retrouve ainsi dans le camp du gouvernement, sommé de revoir sa copie et bien esseulé dans cette initiative, l’opinion publique, très conservatrice en matière de questions religieuses, se rangeant automatiquement du côté des oulémas.

Badiâa Elkadhi



Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


 


Toute reprise d'article ou extrait d'article devra inclure une référence www.cridem.org