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21-01-2017

09:35

Zouerate | La mythique église transformée en mosquée

L'Authentique - Fermée il y a environ trois ans, après le départ définitif de la mission catholique,l’église de Zouerate a été depuis lors, vidée de ses prêtes et sœurs qui y servaient les offices du dimanche depuis plus de soixante-dix ans, un peu avant la création de la société des mines de Mauritanie (MIFERMA), nationalisée en 1974.

Tout a été emporté en France, même les corps qui étaient enterrés dans ses cimetières. Les clés du lieu de culte ont été remises à la SNIM (société nationale industrielle et minière), créée sur les cendres de la Miferma.

Aujourd’hui, les lieux qui abritaient l’église catholique sont en chantier. Sur place, les riverains, des cadres de la SNIM, ont décidé de construire une mosquée, la « Mosquée El IHSAN », effaçant lentement les derniers vestiges de la présence française dans la cité minière.

Les travaux de réfection qui ont débuté le 1er janvier 2017 s’achèveront le 31 mai prochain, peut-on lire sur une pancarte fixée près du chantier. Y sont mentionnés les sources de financement, des mécènes, trois numéros de téléphone, celui des représentants de la future mosquée.

La mosquée sera construite en deux phases. La première comportera la rénovation, le nettoyage, le tapissage, la peinture et la construction de latrines pour les ablutions. Cette étape devra s’achever fin janvier courant, ce qui permettra aux fidèles d’entamer leurs prières dans l’édifice. Deuxième phase, extension de la mosquée vers le nord.

Il faut dire que l’église de Zouerate a été non seulement un lieu de prière, mais aussi un centre de santé, de culture, de rencontres et de fêtes pour les travailleurs français de la Miferma, de la fin des années 40 aux années 70. Outre les prières du dimanche, on y célébrait Noël, la Pentequote, Pacques, mais aussi les mariages et les baptêmes.

On y distribuait des friandises aux enfants, des présents, des cadeaux, mais aussi de la chaleur humaine. « Je me rappelle enfant qu’on esquissait dans la rue adjacente des pas de danses au son du choral qui échappait des portes, car on n’osait pas pénétrer dans les lieux » se rappelle Touré, devenu tourneur quelques années plus tard à la SNIM.

Certains vieux de Zouerate se rappellent encore de l’affluence monstre les dimanches, de l’ambiance bon enfant, des baumes de fleurs ramenés de quelques potagers locaux, de cette foule bigarrée de blancs, ouvriers et cadres, en costumes cravates, des femmes blanches dans leurs amples robes et leurs enfants, courant dans les allées attenantes à l’église.

Mourade, un vieux retraité de la SNIM a servi à la Miferma. « Je ressens une grande tristesse, chaque fois que je passe devant le chantier de l’ancienne église.

Cet endroit renferme une partie de mes souvenirs. Bien que je n’ai jamais fréquenté les lieux, la chaleur humaine qui s’y dégageait les jours de dimanche, se répandait dans toute la ville, apportant couleur et gaieté dans la ville ».
Il se souvient surtout du centre de santé de l’église, de l’accueil des sœurs qui y prodiguaient conseils et soins aux indigènes qu’ils furent, puis citoyens d’une nouvelle République fièrement proclamée un certain novembre 1960.

L’église de Zouerate a survécu aux coopérants et travailleurs français, partis par vagues successives à partir de 1974, date de la nationalisation de la Miferma. Mais d’année en année, le nombre de ses ouailles a fondu comme beurre au soleil. En semaine, le prêtre était souvent seul à célébrer, en présence de quatre ou cinq africains, originaires d’Afrique de l’Ouest.

Mais le centre de santé de l’église, rattaché au Croissant rouge mauritanien, mais sous la responsabilité de la mission catholique, restait le seul lien affectif avec les autochtones. Les consultations y avaient lieu trois fois par semaine, souvent associés à des médicaments pour une somme modique de 5.000 ouguiyas (15 euros).

La mission avait également une riche bibliothèque attenante à l’église, ouvrable tous les jours et fréquenté par des élèves et des enseignants. La revue El Watan El Arabi, hebdomadaire arabe de culture générale, était présente dans ses rayons. Les habitants de Zouerate se souviennent du Père Guy, le dernier prêtre de l’église, avec sa vieille maman et sa R4 blanche.

Ils voyaient souvent le fils et la mère sillonner ensemble les ruelles de Zouerate, entrant dans l’Economat « A » ou en sortaient. Parfois, on les voyait se rendre ensemble au dispensaire situé à la Cité Police. Ils habitaient dans un logement attenant à l’église dans la Cité des Cadres, tandis que les sœurs logeaient un peu plus loin, à la Cité M4.

C’était peu avant la construction du centre de santé de la mission catholique, situé dans le vieux quartier populaire « El Heite », qui veut dire « Mur », du nom de l’enceinte qui le séparait de la cité française.

Cheikh Aïdara



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