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08-02-2017

06:00

Le drame des paysans de Kaédi : La famine menace

L'Authentique - Cris d’alarmes et de détresse ! C’est la complainte lancée ce dimanche 5 février 2017 par les coopératives agricoles de Kaédi face à une campagne de contre saison compromise et une campagne rizicole 2017 menacée.

Sous la houlette du Réseau des organisations nationales pour la sécurité alimentaire (ROSA), Oxfam et la Coopération espagnole, les paysans de Kaédi se sont lancés dans une campagne de plaidoyer et de sensibilisation sur les risques de famine qui planent dans leur région.

C’est la substance des propos prononcés par Sarr Mamadou, Coordinateur de ROSA à l’entame d’une conférence de presse organisée hier, dimanche 5 février 2017 à Nouakchott. « Sans une prise de conscience des autorités, les pépinières rizicoles risquent de ne pas connaître une campagne cette année, mettant en péril la vie de centaines de ménages aussi bien à Kaédi que dans ses environs » a-t-il averti.

Pour Sarr Mamadou, les paysans de Kaédi sont en détresse et appellent les autorités, mais aussi les cadres et les leaders politiques et sociaux à l’aide.

« Il faut surtout une forte mobilisation des populations concernées pour faire prendre conscience aux autorités nationales sur le fait que la situation de l’agriculture vivrière de type familial sur laquelle repose la subsistance des ménages ne peut pas être mis sur le même pied d’égalité et de traitement que l’agriculture intensive de type business » a encore rappelé Sarr Mamadou.

« Contrairement à l’idée répandue selon laquelle les paysans de Kaédi sont gâtés, cela fait plus d’une vingtaine d’années que la riziculture est en crise à Kaédi « a souligné pour sa part Baliou Coulibaly, un des représentants des paysans. Selon lui, « l’agriculture irriguée ne nourrit plus son homme en Mauritanie ».

C’est surtout la vie de plus de 15.000 ménages qui serait aujourd’hui affectée, dans une région où les populations dépendent entièrement des 3.000 hectares des deux périmètres de Kaédi qui constituent leur unique source de revenus.

A la racine du problème, le refus de la caisse de crédit agricole de libérer les fonds tant que les paysans ne s’acquitteront à 100% des crédits des campagnes précédentes.

Samba Demba Niang, ancien directeur des PPG de Kaédi et ancien expert au CILSS de préciser que le président de la République qui avait donné cet ordre n’a pas été édifié sur le cas particulier des paysans de Kaédi qui exercent une agriculture de subsistance de type vivrière et communautaire.

Pour Baliou Coulibaly, il est impensable de pénaliser toute une communauté quand cette dernière est parvenue malgré toutes les difficultés à s’acquitter de 95% des dettes pour le PPG 1 et à hauteur de 87% pour le PPG2. « Le montant des dettes pour les deux PPG est de 60 Millions d’UM. Pour le PPG2, il ne reste qu’un reliquat de 2 Millions d’UM à payer et à peu près le même montant pour le PPG1.

Il est impensable de bloquer les paysans qui ont consenti des efforts énormes pour rembourser leurs dettes, parce qu’il reste 5 à 6% à payer » a
affirmé Baliou Coulibaly.

Les difficultés rencontrées par les paysans seraient dues à la chute des rendements dans les périmètres, le retard dans le lancement des campagnes et les spéculations sur les intrants.

A cela s’ajouterait l’absence d’encadrement des paysans de la part de la Société nationale de développement rural (Sonader). En août 2016, les paysans et les 15.000 ménages de Kaédi ont été ainsi pénalisés par une caisse de crédit qui exigeait le remboursement intégral des crédits alors même que plus de 80% de ses fonds ont été remboursés.

C’est ce que révèle une note distribuée à la presse en marge de la conférence de presse. Aujourd’hui, la famine frapperait aux portes de Kaédi, d’où l’appel lancinant lancé aux autorités nationales pour apporter une assistance alimentaire et pastorale d’urgence aux populations sinistrées de Kaédi, Djéwol, Ganki, Lexeiba, etc.

Les populations réclament aussi le démarrage d’une campagne de contre-saison d’urgence avec des subventions qui prennent en compte l’aspect familial de ces exploitants rizicoles et enfin, une audience avec les hautes autorités du pays dans le but de faciliter la mise en œuvre de ces deux opérations.

A.S



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