Cridem

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11-02-2017

13:30

L’Etat « si, vil » ou l’interminable outrage !

Le Rénovateur Quotidien - Jusqu’à quand les bureaux d’enrôlement nationaux vont –ils continuer à créer des attroupements sauvagement déconcertants qui prennent chaque jour de l’ampleur ?

Comme si les opérations déclenchées depuis quelques années viennent à peine de commencer ! Jamais en Mauritanie, la recherche de ces fameux papiers d’état « si vil » n’a autant relevé d’un parcours de combattant.

Souffrir pour son droit ou rester apatride telles sont les deux alternatives. Dans un pays de moins de 5 millions d’habitants on serait tenté de croire, au regard de ces foules qui attendent, que personne ne s’est fait enrôlé.

Ces opérations qui riment avec lenteur, lourdeur, et absence d’équité dans le traitement des dossiers démontrent une fois de plus que cette administration est un concentré de la politique de filtrage biométrique destinée à limiter au maximum les chances d’une composante nationale à disposer de pièces d’état civil avec dignité et quiétude.

A défaut de trouver l’occasion recherchée de rejeter tout ce monde qui se bat contre vents et marées pour se faire enrôler après avoir été mille fois renvoyé aller compléter une formalité parfois subsidiaire , ces agents véreux se délectent de procéder par système de listes dressées dans la plus grande opacité par des intermédiaires commis par des responsables corrompus des centres d’enrôlement.

Venir aux premières heures de l’aube ne garantit pas l’entrée le même jour. Pendant que les rangs sont tendus en files indiennes, d’autres citoyens recommandés par des gens influents ou sous la pression de l’argent, franchissent la porte sous des consignes fermes. Sans aucun respect pour ces centaines de demandeurs à la queue leu - leu qui observent un certain ordre auquel ils ont accepté de se soumettre.

Du matin au soir ce spectacle continue. On eut dit que l’outil informatique et le système biométrique sont inefficaces pour rendre performant le travail d’enrôlement. Le problème est, en partie lié à un manque de formation des agents. Mais le fond de l’obstacle est en grand partie d’ordre politique. Au nom d’une certaine vision chauvine, certains responsables de centres imposent des règles sans fondement administratif ni juridique pour rendre l’accès difficile à des citoyens même s’ils présentent avec des justificatifs suffisants leur permettant de se faire enrôler.

On se rappelle qu’au début des opérations, des tensions vives avaient éclaté dans beaucoup de centres d’enrôlements sur fond de frustrations identitaires. Des enquêtes « insolentes » orientées à l’endroit de certains citoyens sur la base de leur lieu de naissance ou de la résonance de patronymique n’ont pas épargné certaines personnalités qui ont bâti ce pays. Le drame de Maghama, les incidents récurrents de Nouakchott, les troubles à Boghé, Kaedi etc… ont été provoqués par des comportements irresponsables de certains chefs de centres d’enrôlement à l’égard de citoyens venus réclamer leurs droits. Il est vrai que des améliorations avaient été apportées pour éviter le pire.

Mais c’est toujours la course effrénée devant les bureaux. Les prétextes ne manquent pas à chaque fois pour retarder les opérations : coupures d’électricité, absence fréquente du réseau internet, ruptures de formulaires , pannes des ordinateurs , affectation ou départ en congé d’un agent dont le remplaçant n’est pas encore venu…

A chaque opération sa peine. Dans cette anarchie ambiante, disposer d’un numéro national ne suffit pour faciliter l’accès à un passeport, une carte d’identité, une copie d’extrait de naissance dans des délais courts. Le système biométrique dont la finalité est de gagner en temps et en fiabilité est loin de produire les résultats escomptés. Pour combien de temps encore cette situation va-t-elle durer et à qui profite-t-elle ?




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