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14-04-2017

13:51

Cri de détresse des rapatriés de Boynguel Thilé [PhotoReportage]

Terroir Journal - Les habitants de la localité de Boynguel Thilé, village situé sur la route reliant Boghé à la capitale régionale Aleg sont en colère.

Devant la presse, ils n’ont pas caché leurs mécontentements à l’égard des multiples provocations dont ils font l’objet de la part de leurs voisins de la localité de Tantane.

Les notables de ce village qui sont rentrés de la déportation, il y’a tout juste sept années, à la faveur de l’élection de Sidi Mohamed O. Cheikh Abdallahi à la magistrature suprême. Et pourtant à leur arrivée, on se rappelle, les populations de Tantane, la famille émirale des Ehel Ahmedou notamment leur a réservé un grand accueil.

Un grand chameau avait été immolé en leur faveur par cette illustre famille. Sans désigner clairement les individus qui sont derrière ce qu’ils appellent la provocation dont ils font l’objet, parlant seulement de la localité de Tantane, les notables de Boynguel Thilé réunis derrière le chef du village, Abdoulaye Samba Sow assis à côté Dahirou Diallo, conseiller municipal ainsi que Ely Sow et d’autres notabilités qui n’ont pas manqué le rendez-vous avec la presse cet après-midi du 12 avril 2017 au domicile du chef du village.

Ils ont dénoncé les agissements provocateurs des habitants de Tantane à leurs égards. Lorsque nous avons vu des poteaux en béton armée plantés prés de notre village, nous avons immédiatement déboulonné les poteaux puis informé les autorités, a affirmé M. Diallo.

Et le préfet du département a, sur le champ, instruit les éléments de la brigade de gendarmerie d’aller sur les lieux pour constater et savoir qui a implanté les poteaux rapporte toujours la même source. Là, reconnaissent les villageois (ex-rapatriés Mauritaniens du Sénégal), les autorités ont fait montre d’une fermeté. Mieux disent-ils, les autorités locales ont promis de ne pas laisser agir les oiseaux de mauvais augure à en croire les notables qui ont pris la parole et qui ont exprimé leur ras-le-bol face à cette situation qu’ils ont du mal à supporter de plus en plus.

Tous les problèmes de voisinage entre les deux localités ont été exposés par les intervenants qui ont désigné Tahirou Diallo pour porter leur parole devant la presse. La confiance est rompue entre les deux communautés, déclare les notables de Boyngeul Thilé. Trop c’est trop ont-ils pesté. Ils en appellent à toutes les organisations qui œuvrent pour la paix et la promotion des droits humains avant qu’il ne soit trop tard. Voici l’intégralité de la déclaration de leur porte parole, Tahirou Yaya Diallo.

«Je m’appelle Tahirou Yaya Diallo, au non du chef du village, Abdoulaye Samba Sow je suis né dans cette localité en 1965 et c’est dans cette localité que j’ai étudié et grandi. Je fais parti de la première vague des rapatriés Mauritaniens, le dimanche 23 mars 2008, nous avons transité par Boghé. Boynguel Thilé est situé à 30 Km de Boghé et 40 km d’Aleg, la capitale régionale.

Une localité qui fait partie de la commune de Bouhdida dans laquelle moi-même je suis conseiller municipal. Le village compte 90 foyers et environ 700 personnes. La vie repose ici sur l’élevage et l’agriculture sous pluie pratiqué dans le Dièri et qui actuellement est en perte de vitesse. Nous avons passé 20 ans dans un exil forcé au Sénégal avant de revenir là où nous sommes nés, nous connaissons et sommes habitués de vivre.

Nous avons retrouvés nos voisins qui eux aussi ont l’amour de la patrie comme nous. Nous voisins, les habitants de Tantane, les Ehel Ahmedou qui ont habité depuis longtemps ces lieux mais que nous avons précédés ici. Nous avons fait ensemble les bancs et joué aussi, partagé beaucoup de choses. Nous avons quelques problèmes, qui relèvent de la volonté divine. Beaucoup de problèmes de cohabitations traversent aujourd’hui les rapports que nous entretenons avec eux. Des problèmes qui commencent à perdurer et nous faire perdre notre patience.

Nous voulons entretenir de très bons rapports avec tous les Mauritaniens, Maures, Wolofs, Soninkés et Halpulars comme nous. Nous partageons la sainte religion musulmane, l’Islam. Notre patience a atteint ses limites. D’où cette décision de rencontrer la presse et de briser le silence autour de ce grand problème. Notre appel s’adresse à tous les Mauritaniens, sans distinction pour nous venir au secours, nous aider dans le but de cultiver la paix et le bon voisinage entre les populations ex-déportées du Sénégal et les populations d’accueil.

Nous vivons ici, nous mourrons ici et nos morts sont enterrés ici, nos troupeaux se trouvent ici et nous voulons vivre dans la paix et la sérénité avec nos voisins dans le respect mutuel. Qu’on nous considère comme des êtres humains et que chacun respecte l’autre. Même si nous voulons la paix, on ne nous a pas laissé en paix. Depuis notre retour, on est muselé et coincé comme si on nous privait de parler.

Nous avons atteint un stade où on ne peut plus continuer à garder le silence et nous appelons tous à nous venir au secours car les rapports entre nous et nos voisins se détériorent. Ce qui devait constituer notre espace vital commun a été usurpé délibérément, occupé par un grillage depuis 2014. Notre bétail pour se rendre à marre n’a plus le choix que d’emprunter le goudron avec tous les risques que cela implique.

L’espace vital a été occupé par un grillage sur 1 Km2. Nous avons fini par accepter cet état de fait car nos voisins nous ont dit que c’est un projet d’intérêt public qu’ils veulent y développer. Et nous leur avons rejoint sur ces arguments car nous sommes attachés au progrès de cette localité et soucieux également de tout ce qui peut les mener de l’avant.

Comme tout cela ne suffisait pas, ils ont envahit nuitamment l’espace qui restait sur une distance de 900 mètres carrés au point de nous enfermer et d’empêcher nos animaux de se mouvoir. Ils ont d’autres espaces pour agrandir leur clôture mais ils ont préféré nous envahir. L’objectif de cet agrandissement du grillage vers notre village est tout autre. Nous enfermer, enfermer également nos troupeaux et nous pousser à quitter ce lieu et partir.

Nous lançons un appel à tous les Mauritaniens et un cri de détresse ne doit pas être laissé avec une seule personne. Nous sommes disposés à continuer à vivre avec nos voisins mais dans le respect et jamais dans la domination. L’égalité, la paix et le bon voisinage sont les seuls concepts qui nous animent. L’unité nationale prônée par le chef de l’Etat est la meilleure voie que chacun de nous est appelé à suivre. C’est eux qui savent ce qu’ils veulent mais cela ne nous convient guère ».


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