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19-04-2017

23:30

Mauritanie : quand les poètes croisent le vers avec le président

Jeune Afrique - Selon le président mauritanien, le développement de son pays nécessite davantage de filières étudiantes scientifiques et moins de littéraires.

Déjà échaudés par le passé, des poètes en colère lui ont répondu par une œuvre satirique collective qui continue de s’écrire et d’émouvoir les réseaux sociaux. État des lieux… en alexandrins.

Si la Mauritanie, des regs jusqu’aux cuvettes,

Est nommé « le pays d’un million de poètes »,

Nul – même un président – ne peut rétrograder

Les études littéraires en cursus négligé.

Mohamed Ould Abdel Aziz est si critique

Envers la poésie jugée peu « scientifique »,

Littérature apprise qui serait un gâchis

Car infertile à faire « avancer le pays »,

Qu’il reçoit désormais des poèmes en boomerang

De versificateurs adeptes de la langue.

Des poètes en colère affûtent leur rhétorique,

Se relaient pour écrire une œuvre satirique

Et déjà 200 vers d’une vingtaine d’auteurs

Font la joie de Facebook, Instagram et Twitter.

Le grand poète Naji Mohamed Alimam

Brandit au président la culture oriflamme

Qu’il dit « matière première » bien autant que « le fer » :

La « seule production propre » du pays est en vers !

Et Nouakchott bouillonne sur les réseaux sociaux.

Chacun veut ajouter à ces mots d’autres mots.

Le poème collectif n’aura son épilogue

Que par retour d’excuses du leader démagogue.

Si les mots ne sont pas des gages anti-chômage,

Ils sont, en poésie, un antique héritage

Et le vecteur de la liberté d’expression

À laquelle les puissants doivent faire attention.

Alors le président, face à ces indignés

Qui veulent sauver les Lettres à l’Université,

Devrait prendre une plume et s’il est inspiré,

Riposter aux poètes par discours versifié.



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