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18-07-2017

23:00

Le mariage des enfants : Au prix fort de 4 Millions de dollars !

L'Authentique - En Mauritanie, plus d’un tiers des jeunes filles sont contraintes de se marier avant l’âge de 18 ans. Une étude suggère que l’arrêt du mariage précoce permettrait aux gouvernements et aux bailleurs de fonds de faire des milliards d’économie chaque année, de freiner la croissance de la population et d’améliorer les vies.

Fléau mondial, le mariage des enfants constitue aujourd’hui un véritable problème de développement. Plus d’un tiers des filles en Mauritanie sont données en mariage avant ou peu après la puberté.

On les prépare d’ailleurs à devenir femme très tôt, avec toutes les conséquences liées à la santé, à l’éducation et à l’insertion sociale. Résultat, les fistules obstétricales constituent de nos jours un véritable problème de santé publique en Mauritanie.

Plusieurs jeunes mères sont également abandonnées dans un pays qui bat les records en matière de divorce. La plupart de ces filles, jetées très tôt dans une aventure conjugale sans lendemain, deviennent des charges pour leur famille, déjà très pauvre.

Sans niveau d’éducation et sans revenus, la plupart deviennent la cible de l’errance et de la prostitution.

Des campagnes sont cependant menées par des organisations de la société civile, dans un pays où la protection sociale est presqu’inexistante.

Le cas des jeunes filles mauritaniennes est en cela identique à celui de millions de leurs camarades à travers le monde. Selon une étude menée par des chercheurs et reprise par le « Guardian », « l’arrêt du mariage précoce pourrait ajouter plus de 4 millions de dollars à l’économie mondiale, freiner la croissance démographique et transformer la vie de millions de jeunes femmes dans le monde entier ».

Reprenant l’’étude menée par la Banque mondiale et le Centre international de recherche sur les femmes, le « Guardian » souligne que cette étude a permis de « quantifier le coût financier de la pratique », suggérant que « l’éradication du mariage précoce permettrait aux gouvernements de gagner de l’argent tout en permettant aux filles de terminer leurs études et d’obtenir de meilleurs emplois ».

Cette recherche fournit ainsi « des preuves essentielles montrant que le mariage des enfants n’affecte pas seulement la vie des 15 millions de filles mariées chaque année, mais a également un impact négatif majeur sur le développement économique des pays où vivent ces filles", selon la déclaration de Lakshmi Sundaram, Directeur exécutif de Girls Not Brides, une coalition d’organisations engagées à mettre fin au mariage des enfants.

« Les gouvernements et les autres décideurs devraient être encouragés par cette recherche à consacrer de l’énergie et des ressources supplémentaires à la fin du mariage des enfants d’ici 2030. En débarrassant le monde du mariage des enfants, nous pouvons aider à atténuer la pauvreté et à faire en sorte que les filles partout dans le monde aient accès à un avenir plus brillant. "

Bien que le taux mondial de mariage des enfants soit en déclin, toutes les deux secondes, une fille de moins de 18 ans devient mariée. Le Niger a le taux le plus élève du mariage précoce au monde, avec 76% des femmes mariées avant 18 ans. En Inde, plus de 26 millions de femmes sont mariées avant 18 ans.

Dans les 25 pays ayant le plus grand nombre de mariages d’enfants, une femme sur cinq de 18-22 ans avait son premier enfant avant 18 ans.

Les chercheurs suggèrent que les gains dans les coûts sociaux annuels d’une croissance démographique plus faible pourraient éventuellement atteindre plus de 500 milliards de dollars par année.

La fin du mariage des enfants, l’un des objectifs de développement durable adoptés par l’ONU en 2015, aurait des avantages majeurs pour les gouvernements et les donateurs, a déclaré Suzanne Petroni, directrice principale au Centre international de recherche sur les femmes.

"Une des façons dont nous pensons que nous pourrions potentiellement affecter un changement plus important par les gouvernements et les donateurs était en les aidant à comprendre le résultat final : que coûte le mariage des enfants à leur économie ?", a déclaré Petroni, l’un des auteurs du rapport.

Cheikh Aïdara



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