Cridem

Lancer l'impression
11-08-2017

12:30

Oeufs contaminés: l'UE convoque les pays touchés

Romandie News - L'UE veut convoquer une réunion sur la crise des oeufs contaminés à l'insecticide fipronil, invitant ses Etats membres à "travailler ensemble" plutôt que de désigner "des coupables".

Interrogé par l'AFP, le commissaire européen à la Santé Vytenis Andriukaitis a proposé vendredi "de tenir une réunion de haut niveau rassemblant les ministres concernés ainsi que les représentants des agences de sécurité alimentaires dans tous les Etats membres impliqués, dès que l'ensemble des faits sera à notre disposition".

"Nous devons travailler ensemble pour tirer les leçons nécessaires et avancer plutôt que perdre de l'énergie à désigner des coupables", a-t-il ajouté. Le ministre français de l'Agriculture Stéphane Travert avait exigé une meilleure coopération "à l'avenir", emboitant le pas à son homologue belge Denis Ducarme.

Ce dernier a accusé les Pays-Bas d'avoir traité avec légèreté une information anonyme reçue en novembre 2016 sur la présence de fipronil dans les élevages néerlandais.

La Haye a réfuté toute accusation de négligence, affirmant qu'il n'y avait alors aucune indication que le fipronil s'était retrouvé dans les oeufs. Mais, a reconnu jeudi le gouvernement, "rétrospectivement" et "avec la connaissance d'aujourd'hui sur l'ampleur de l'utilisation et de la présence de fipronil dans les oeufs", l'agence de sécurité alimentaire NVWA "aurait dû conseiller des mesures pour faire respecter la loi".

A l'origine de l'affaire, l'utilisation du fipronil -- un antiparasite pourtant strictement banni dans les élevages de poules par l'Union européenne -- par des sociétés de désinfection intervenant dans des exploitations agricoles aux Pays-Bas, en Belgique et en Allemagne.

Le Danemark, la Slovaquie et la Roumanie ont annoncé jeudi être à leur tour affectés, ce qui porte à 12 le nombre de pays européens où des oeufs contaminés ont été distribués, frais et en coquille, ou sous forme liquide.

En France, le ministre de l'Agriculture a précisé vendredi que près de 250.000 oeufs contaminés au fipronil, importés de Belgique et des Pays-Bas, avaient été "mis sur le marché" depuis avril.

Le scandale avait démarré de façon retentissante la semaine dernière par le retrait de millions d'oeufs des supermarchés allemands et néerlandais. L'enseigne allemande Aldi, où les rayons d'oeufs sont restés vides pendant une semaine, a annoncé vendredi qu'elle avait repris la vente d'oeufs.

- Arrestations -

Dans le volet judiciaire du scandale, deux dirigeants "de l'entreprise qui a probablement appliqué le produit dans les élevages avicoles" ont été arrêtés jeudi aux Pays-Bas, selon le parquet, qui n'a pas révélé le nom de la société. Mais selon les médias néerlandais, il s'agit de ChickFriend, largement mise en cause par les éleveurs touchés.

Huit adresses ont été perquisitionnées aux Pays-Bas, où la justice a aussi dans son collimateur "le commerçant" qui a distribué du fipronil dans le pays.

En Belgique, 11 perquisitions ont été menées dans le cadre de l'enquête qui cible désormais 26 personnes et entreprises suspectes, selon le parquet d'Anvers (nord).

Il a précisé que "près de 6.000 litres de produits interdits" -- du fipronil selon les médias -- avaient été saisis en juillet dans une société belge. Là encore, la justice n'a pas désigné nommément l'entreprise, mais elle est identifiée comme le distributeur de produits sanitaires pour l'élevage Poultry-Vision, à l'origine du scandale avec ChickFriend, selon les médias.

Le dirigeant de Poultry-Vision a été "entendu" en juillet puis "relâché sous strictes conditions", précise le parquet.

Le fipronil est couramment utilisé contre les poux et tiques sur les animaux domestiques, mais interdit dans la chaîne alimentaire. A haute dose, il peut provoquer des troubles neurologiques et des vomissements.

Les oeufs contaminés présentent a priori des risques limités pour la santé du consommateur.

En France, l'Agence de sécurité de l'alimentation (Anses) a qualifié vendredi de "très faible" le risque pour la santé en cas de consommation d'oeufs contaminés, "compte tenu des concentrations observées à ce jour".

"La quantité maximale d’œufs pouvant être consommés varie de un (pour un enfant de 1 à 3 ans) à dix par jour (pour un adulte)", "sans s'exposer à un risque aigu", estime-t-elle.

Dès que la Belgique a donné l'alerte à ses partenaires européens, le 20 juillet, des dizaines de poulaillers ont été bloqués et des millions d'oeufs ont été retirés des supermarchés à titre préventif ou parce que leurs taux dépassaient les seuils fixés par la réglementation.

Les pertes pour le secteur se chiffrent déjà en dizaines de millions d'euros, alors que 160 exploitations sont encore bloquées aux Pays-Bas et 50 en Belgique.

©AFP | 11 août 2017 11h58



Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


 


Toute reprise d'article ou extrait d'article devra inclure une référence www.cridem.org