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14-08-2017

06:30

Aïchetou Camara, Au-delà des frontières, un livre militant [PhotoReportage]

Cridem Culture - Le vendredi 11 août 2017 le Musée National de Nouakchott a connu une après-midi de littérature.

Les amoureux de la lecture et de l’écriture étaient conviés à la présentation du roman Au-delà des frontières (Editions L’Harmattan, 2016), de Madame Aïchetou Camara. Jusque là, ce qu’on connaissait de cette dernière c’est son ONG SOS Exclus et un recueil de poésie coédité avec l’Unicef, Poèmes engagés pour une sensibilisation aux droits de l’homme.

En prélude aux échanges Bios Diallo, Directeur du Livre et de la Lecture au Ministère de la Culture, promoteur des rencontres littéraires Traversées Mauritanides et membre de l’Association des Ecrivains Mauritaniens d’Expression Française (AEMEF), dira : « aux noms de ces trois entités je suis fier que l’on puisse nous retrouver là autour du livre.

L’AEMEF accueille un nouveau membre. Cela prouve que l’espoir reste permis quant à l’avenir du livre et de l’écriture, malgré l’Internet et les réseaux sociaux qui nous éloignent de la culture du livre papier. Le plaisir est d’autant plus grand qu’il s’agit d’une femme qui s’attaque à des sujets souvent laissés aux traitements des hommes. Au-delà des frontières aborde des sujets audacieux très proches de nos quotidiens. Après la poésie, Aïchetou renforce sa présence dans le champ littéraire avec une nouvelle corde à son arc ».

Parrain de la cérémonie, le Professeur Cheikh Saad Bouh Kamara, sociologue et auteur du livre Afrique, Espérance (Harmattan, 2011) est un ami de longue date de l’auteure et de sa famille. Il dresse un propos plus intimiste de Madame Camara :

« Je l’ai vue jeune arriver avec ses convictions, sa hargne de se battre et de défendre même les causes perdues. Comme beaucoup de métis de ce pays, elle fait de son statut un atout pour rapprocher les différentes communautés. Elle ne baisse jamais les bras. Elle a le combat dans le sang. Une ligne de militante qu’elle opère en faveur des enfants, la défense des droits de l’homme, l’égalité et la justice pour tous», dit-il.

« Rien ne me surprends sur les engagements d’Aïchetou, jusque dans les relations sociales. Car c’est aussi une excellente mère de famille qui sait être à l’écoute des autres, souvent des victimes et des démunis. Je l’ai vue mener des actions, à ses fonds propres. Tout ce qu’elle dit dans ce émane de sa bonté et de ses convictions», poursuit Kamara.

Quant à l’auteure, elle dit avoir toujours été habitée par l’écriture et la lecture. Mais pour des raisons familiales, elle sacrifie écriture à plus tard ; le temps de s’occuper de son foyer et de l’éducation de ses enfants.

Aux côtés de son mari, expert en développement, elle vit pendant des décennies dans plusieurs pays où elle tisse de fortes relations. C’est alors à leur retraite, les enfants devenus grands et autonomes, qu’elle revient à ses amours. Avec l’expérience qu’elle avait dans le privé, elle fonde son ONG SOS Exclus et s’adjoint l’écriture pour laisser des traces.

Emue, par les propos tenus à son endroit, Aïchetou Camara dit les raisons ayant conduit à la rédaction de ce roman à plusieurs ombres :

« Ce livre est à plusieurs égards moi. Moi la métisse, moi la femme observatrice des mutations de sa société, moi la personne ayant eu plusieurs vies. C’est pourquoi je parle des droits de l’homme, du racisme, de l’esclavage, d’amours contrariées, de nos manques de tolérances et autres souffrances de notre vivre-ensemble. Beaucoup de choses de ce livre peuvent se vérifier dans nos observations quotidiennes, dit-elle. Plusieurs personnes et familles, je vois certaines amies ici dans la salle, pourront se reconnaître à travers les personnages de Salma, Fatouma, Adrienne, Franck, Maouloud et autres qui sont des connaissances en commun. C’est donc un roman en partie autobiographique, mais c’est fait pour passer de la parole au témoignage écrit. Et j’exhorte celles et ceux qui voudraient compléter mon propos, l’enrichir ou le critiquer à le faire, car c’est de nos paroles libérées que nous pourrons construire une société apaisée et libérée de ses démons d’exclusions et de violences », conclue-t-elle.

La quintessence du livre et ses motivations expliquées, plusieurs intervenants, amis (es), militants de la société sociale, acteurs politiques et associatifs, livreront des témoignages élogieux proches du personnage. Tous disent n’être pas surpris par ses engagements et la justesse de ses propos. C’est donc une engagée de la société civile, et contre toutes formes de marginalisations, qui a fédéré autour d’un livre ce à quoi doit ressembler la Mauritanie et le monde : la paix.

Concluant la séance, riche d’échanges, Professeur Kamara lance : « J’exhorte tout le monde à lire, acheter et non emprunter, ce livre. Et de faire de même pour tous les écrits produits par des Mauritaniennes et des Mauritaniens, car ces livres sont les plus proches de vos réalités. Ce sera aussi une manière de les soutenir à dire vos préoccupations et accessoirement vos rêves ».
On peut dire que, pour cette soirée, le professeur a été entendu puisque presque tout le monde est reparti un exemplaire du livre sous le bras !

Par la Rédaction de cridem.org

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