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07-09-2017

19:45

Tentative d’incursion dans le « débat » Ould Vaïda-FLAM

Adrar Info - S’il est un sujet que l’on doit écrire avec un « S » géant, c’est bien celui qui couvre « les folies humaines » que la Mauritanie a connues entre 86 et 92 du siècle dernier.

Un sujet dont la gravité et les conséquences empêchent aujourd’hui qu’il puisse être abordé avec un minimum d'"objectivité", aussi bien par ceux qui en sont les victimes, que par ceux qui en sont les auteurs présumés.

Comme tous les sujets, qui blessent, qui tuent, devrais-je dire, il ne peut être abordé sans la connaissance précise et l’analyse froide de ses causes.

Or les causes sont multiples et suivant de quel côté du fleuve (ou des Pyrénées) on se trouve, on leur donne les mobiles les plus divers, les plus fantaisistes et les plus invraisemblables.

La réalité est que les germes du mal sont profondément enfouies dans les « solutions » que les pères de notre indépendance, Arabo-Berbères et Négros-Africains confondus, ont « adoptées », pour valider une certaine indépendance que l’ancienne puissance coloniale venait de leur offrir et qu’ils ne pouvaient refuser.

Ces « solutions » provisoires, dictées sous la contrainte de l’urgence, ont escamoté les vrais problèmes et les fissures sociopolitiques, pourtant bien visibles et prévisibles.

Il a fallu moins de six ans, pour que les véritables difficultés d’une cohabitation, culturelle, économique et sociale, apparaissent au grand jour et s’imposent comme menace principale de l’unité nationale. Entre 1966- et 1986, deux décennies durant, tous les mouvements revendicatifs et politiques (hors PPM), se sont cristallisés autour des « nationalismes Arabes » (Naséristes et Baathistes), du "Manifeste des 19", qui regroupait, autour de leaders Halpoolarens, quelques intellectuels Soninkés et Wolofs, le Mouvement des Kadihines, (partie visible du PKM).

C’est au réveil de cette longue nuit de 20 ans, où les cauchemars ont souvent pris le pas sur les doux rêves, que nous découvrîmes, ce nouveau visage de notre pays, marqué par la haine, le mépris, et où les différentes communautés se sont barricadées dans leurs camps ethniques respectifs. Et pour cause.

Nous savons que c’est dans l’obscurité de cette longue nuit que des événements majeurs ont marqué notre histoire, à jamais. L’imposition et la généralisation de l’enseignement de la langue Arabe dans toutes les écoles publiques de l’Etat, défavorisant la quasi totalité des jeunes négro-Africains, leur fermant ainsi l’accès à l’enseignement supérieur et donc aux emplois dans la fonction publique.

La guerre (injuste) du Sharan, où déjà certains pensent que des soldats noirs de la Vallée auraient donné leur sang et leur vie, pour rien, et aux termes de laquelle les militaires ont réalisé leur premier coup d’Etat.

Avec le recul, on sait aujourd’hui que la prise du pouvoir par l’Armée a constitué l’objectif politique principal du Baath: prendre le pouvoir par les Putschs.

C’est aussi, au cours de cette nuit que les différentes composantes de l’intelligentsia négro-africaine, ont pris sur elles de faire changer le rapport de force en leur faveur.

La préparation du prétendu coup d’Etat militaire envisagé par des officiers originaires de la Vallée, bras armé des futures FLAM, aurait connu son apogée, pour être exécuté en 87.

C’est à l’aube du « jour le plus long », puisqu’il continue encore en 2017, et au terme de ce long raccourci historique, que l’on arrive au face-à-face entre un Baath en armes et qui tient le pouvoir et des Flam, en exil et qui vit du désir de vengeance.

Les autres mouvements politiques s’étant « rangés », pour certains, dans l’ouverture démocratique des années 90, soit inscrit leur lutte dans la légalité du PRDS.

Pour les jeunes Maures (toutes couleurs confondues), de trente ans et moins, « les événement de 89 et le passif humanitaire », vocables sous lesquels la Mauritanie officielle désigne sa guerre avec les FLAM, « il s’agit d’un ensemble d’actes héroïques par lesquels Maawiya a sauvé la Mauritanie de la division et de la guerre civile, en renforçant son arabité et son ancrage définitif dans le monde Arabe ».

Pour les FLAM et ceux qui adhérent à leurs thèses, il s’agit de « génocide organisé par le régime Beydane pour exterminer les négros-africains de Mauritanie ».

De fait, ces événements ont fait des morts dans les deux camps, laissé des veuves et des orphelins dans les deux camps, spolié des citoyens innocents de leurs terres, leurs biens et leur quiétude, des deux côtés du fleuve.

L’objet ici n’est pas de faire le bilan ni de désigner les responsables dans les deux camps. Il s’agit ici, très modestement de tenter de contribuer à l’ouverture d’une brèche par laquelle des organismes et des personnalités compétentes et mandatées, puissent arriver à faire émerger la vérité et tenter de proposer des solutions justes et acceptables par tous, pour faire le deuil de cette période et jeter les bases d’un avenir commun, apaisé où la cohabitation entre les différentes communautés puisse être envisagée de manière sereine.

Bien que le climat d’aujourd’hui soit encore chargé de nuages, certaines avancées nouvelles permettent de croire qu’un dialogue est désormais possible.

La « mue » des FLAM en parti politique, les FPC, son intégration, avec brio, dans le paysage politique Mauritanien et son apport positif et apprécié dans le cadre des forces de l’opposition démocratique, en font désormais un partenaire, à part entière, de l’avenir politique du pays.

En milieu Maure, l’attitude responsable et sage de son Président, M. Samba Thiam, qui semble privilégier l’art du possible, est entrain de substituer l’image d’un parti tout à fait fréquentable à l’image de « Gouggouh » (bête méchante qui fait peur aux enfants) qu’on collait aux FLAM et à leurs sympathisants.

En plus, les discours quasi quotidiens, par lesquels M.Kaaw, entretient désormais un dialogue permanent avec tous les Mauritaniens, en évitant ce qui blesse et en mettant en valeur toutes nos traditions communes, qui cultivent l’unité et la cohésion, produisent un effet tout à fait louable.

En un mot, les FPC et leurs dirigeants officiels font désormais la différence entre le citoyen Maure lambda et le pouvoir militaire qui tient le pays.

Du côté du pouvoir, encore incapable de reconnaître les FPC, comme parti politique, on peut noter que chez Aziz, très partagé entre l’idéologie Baathiste, en veilleuse en ces temps de morcellement du Cham, et les conditions d’accès aux financements Saoudiens et Golfes de manière générale, ce qui compte c’est la survie de son pouvoir.

On peut donc, penser que par cette période d’accalmie relative et grâce aux déclarations de Ould Vaïda, que les FLAM qualifient de génocidaire, mais qui veut se débarrasser de cette accusation, en se prêtant à un « jeu de vérité » (donnez moi un seul témoin à charge, dit-il), auxquels des membres des FLAM ont fait écho en disant qu’ils détiendraient des témoignages accablants.

C’est déjà, en soit une forme de dialogue, même s’il se passe entre « malentendants ».

C’est peut-être là une occasion pour sortir les « protagonistes » de l’ombre, en terrain neutre, et de leur permettre de se parler face à face et en présence d’autres personnes, partie prenante d’un vrai dialogue.

La « petite part de vérité » qui sortirait d’un éventuel essai du genre, pourrait faire des petits. Le jeu en vaut peut-être la chandelle. Une telle initiative, parrainée par les FPC, aurait des chances d’aboutir à un début de dénouement. N’oublions pas que c’est une petite balle blanche, de « Ping pong », qui a permis aux USA et à la Chine de renouer le dialogue.

Qu’Allah guide nos pas!

Ahmed Ould Mohamed



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