Cridem

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23-09-2017

14:33

Ve-Virrou-illa-llah ففروا إلى الله

Mohamed Hanefi - Nous étions un peuple de Bédouins, dispersés sur des étendues, rudes et désolées dans la vaste infinité d'un désert chiche et cruel. Un terroir qui offrait à peine à ses hôtes le minimum indispensable pour rester en vie.

Nous étions de pauvres nomades, usant les chaussures de bois ou de peau d'animaux à mesurer les étendues incommensurables, les yeux hagards, rivés au ciel, pour quémander quelques averses salvatrices, qui sauvent les quelques animaux chétifs qui nous nourrissaient d'un lait incertain.

Un repas douteux, à la merci des caprices de la saison. Nous étions de pauvres cultivateurs, qui comptons, les fronts soucieux, le nombre de mois qui nous séparaient d'un hivernage, souvent avare, mais qui constituait notre seul salut.

Nous nous sommes habillés en certaines périodes de grandes disettes de peaux animales. Nous avons mangé des fruits de plantes sauvages, que nos animaux refuseraient aujourd'hui.

Avoir une petite quantité de beurre, ou un demi-verre de thé, un morceau de pain de sucre, étaient un luxe que seuls les plus nantis d'entre nous pouvaient se permettre.

Et pourtant nos longues courses à travers les contrées désertiques, nos veillées, tremblants, transis et atterrés, sous la pluie torrentielles, rythmées de lourds grondements de tonnerres, nos pertes en vies humaines, toutes ces circonstances, étaient rythmées par l'invocation du nom de Dieu. Les clameurs des villages scandant en même temps "La-illaha-illa-llah" en ces moments redoutables et effrayants, dénotaient d'une soumission totale à Dieu et d'une conviction sans limite, en la Toute grandeur du Créateur des mondes.

Nous étions réputés pour l'hospitalité à l'hôte, le secours de l'affligé, l'aide au nécessiteux, et la consolation du désespéré. Notre foi était primaire, mais pure et dure.

Nos ventres, n'étaient que des ventres et nos yeux apprivoisés par la suffisance et la sobriété, se contentaient du plaisir courant, offert par Le Pourvoyeur de la pitance.

La solidarité sociale était la garante la plus sure, pour les démunis. Et les repas les plus frugaux et les plus insignifiants, étaient partagés de bon cœur avec tous ceux qui assistaient.

Nos tentes rongées par la fureur continue des vents violents et brulées par les rayons impitoyables du soleil, étaient ouvertes à tous nos frères, nos voisins et à tous ceux qui venaient y demander, en catastrophe, une hospitalité ou un refuge.

Bien que constitués par diverses tribus, diverses ethnies et divers groupes de toutes natures, l'atmosphère généralement agressive devant les incertitudes du lendemain, ne recelait aucun piège pour le passant ou le voisin.

Il existait chez nos grands pères une morale primitive, des principes, d'origine humaine ou religieuse, un code de vie, qui faisaient qu'on avait honte de faire ce qui ne se faisait pas.

En toute circonstance, le mauritanien remerciait Dieu de Ses grâces. Il acceptait et se satisfaisait de ce que le destin incontournable lui prescrivait sans plainte, ni murmure.

Puis sont venus les temps nouveaux.

Après la pauvreté la plus sévère, la faim chronique, le dénuement total et la soif mortelle, le secours de Dieu est venu apporter la délivrance.

Des facteurs nouveaux rejetèrent les dés de cette société, qui avait plus besoin de vivre et mourir dans son état précaire, que de subir ces transformations dénaturées et immorales, qui en ont fait ce qu'elle est devenue.

La colonisation de la France a propulsé à l'avant certains êtres, à l'allure nouvelle. Le commerce entre individus de plus en plus rapprochés par les impératif de la vie citadine, a crée une nouvelle espèce de bédouins, d'une voracité grincheuse et impitoyable.

C'est l'apparition de mains gluantes à la recherche de l'argent, le mépris du pauvre, la manipulation du mentalement faible, le piétinement éhonté de tout ce qui fut et la dévaluation systématique des valeurs. L'avènement insolent de la ruée vers le pouvoir la suprématie absolue et l'asservissement des autres. Concasser l'entourage était devenue l'échelle de Richter, selon laquelle les grandeurs sociales montaient ou descendaient, au gré de la manigance. Des hommes s'élevaient, d'autres se rabaissaient, des liens séculaires se cassaient…Tout se transforme.

L'énorme Moulinex de l'avidité et de la convoitise, de la jalousie, de la haine va battre nos mœurs, notre foi, nos traditions, pour en faire une purée innommable, dans laquelle se perd l'entendement et ou personne ne se retrouve plus.

Les mains naguères tendues vers le Gouverneurs de l'univers, affolées par l'arrogance et la prétention sans retenue de ces nouvelles micros puissances, se sont tendues vers les hommes.

Personne ne prendra le temps de savoir que quelque soit sa richesse, l'homme ne pourra jamais s'acheter un jour de plus, ni payer pour échapper à la Toute Puissance divine.

Brusquement nous nous sommes rendu compte que nous sommes des maures, des peuls, des poulars, des Wolofs des soninkés, des noirs, des blancs, des métis... Pas pour comprendre, comme Allah a dit que "le meilleur d'entre vous auprès de Dieu est le plus pieux", mais pour alimenter le nouveau stratagème du bradage d'un peuple pour le marchandage de son prix au plus offrant.

Est-il concevable que notre honneur soit, à un tel point si volatile?

Est-il croyable que la raison nous fait défaut à ce degré ?

Est-il logique que nous ne puissions établir la relation, pourtant qui crève l'œil, entre ce pourquoi nous nous déchirons, et la fosse sceptique devant la porte de la maison?

Est-il possible de perdre la raison à tel point qu'on en arrive à sacrifier ses frères, pour les prêches de son ventre ?

Qu'avons-nous fait au Maitre des mondes pour en arriver là ?

Sommes nous assez sots, pour penser un instant que Dieu soit inattentifs à nos comportements et qu'Il ne les comptabilise méticuleusement?

"La Miséricorde d'Allah est réservée exclusivement, à ceux qui font miséricorde pour leurs frères."

La terre, cette terre généreuse, a pourtant ouvert ses entrailles. Elle a tout donné, pour que l'envie, la cupidité, l'égoïsme et la haine ne trouvent jamais un chemin vers ces cœurs. Ces hommes naguère soumis, frugaux et confiants au destin prescrit par Le Maitre des maitres, en bien comme en mal.

L'or, le cuivre, le fer, le poisson, des terres fertiles et généreuses, les animaux, qui ont bénéficié des progrès de la science et qui proliféraient sur cette terre de la paix. Cette terre, longtemps surnommée "Terre des hommes." Et dont les hommes ont longtemps démissionné de leurs devoirs. La terre a tout donné, mais la terre n'a rien reçu.

Cette terre ou la souffrance humaine ne coupe même plus l'appétit. Cette terre a quelque chose de terrible à raconter…

"Quand la terre tremblera très fort. Et que la terre sortira ses fardeaux. Et que l'homme dira "qu'a-t-elle"? Ce jour là, elle contera son histoire."99-1,2,3,4.

Terre des hommes ! Malheureusement cette terre est devenue orpheline. Une terre honnie chaque jours par ses fils, qui las de se déchiqueter à l'intérieur, exportent maintenant, ce qui ne doit jamais l'être, pour en faire étalage, comme un linge sale dans les forums internationaux, au vu et au su de tous les peuples de la terre.

Et quelle mauvaise exportation. La seule exportation, dont nous sommes, seuls, à cent pour cent les bénéficiaires.

L'histoire retiendra.

Mauritaniens, mauritaniennes, chers frères et sœurs. Arrêtez vous un moment et demandez vous : "Que sommes nous aux yeux de ceux qui nous voient et nous écoutent?". "Que diront nous, le jour de la résurrection à Celui qui voit et entend ?". "Que sommes-nous sans tous nos frères ?" "Combien d'heures, de jours ou de semaines, nous restent-ils encore pour nous repentir et revenir à la raison ?"

Que les réponses, qui seront entendues par votre seule conscience, vous servent de principes et de lumière pour retrouver le droit chemin et baliser votre destin.

Rappelez-vous que l'amour de la patrie est partie intégrante de la foi. Rappelez-vous qu'aucun d'entre vous ne sera pieux tant qu'il n'aimer pour son frère ce qu'il souhaite pour lui-même. Rappelez-vous qu'Allah défends ses fidèles. Il n'oublie jamais. Rappelez vous, les paroles de votre prophète que "le summum de la méchanceté chez un individu est de mépriser son frère."

Rappelez-vous que ceux qui cultivent, ceux qui nettoient vos maisons, ceux qui gardent vos enfants, ceux qui font votre cuisine, ceux qui lavent vos habits, ceux qui construisent vos maisons, ne sont que des êtres comme vous.

Rappelez-vous qu'auprès d'Allah, ils sont peut-être beaucoup plus valeureux et beaucoup plus nobles que vous.

Revenez à Dieu.

Vous êtes un peuple unique, qui possède des valeurs plus précieuses que l'or, les rubis et les diamants. Entretenez ces valeurs. Leurs disparition est un signe de votre perdition et le signe avant-coureur de votre destruction.

Je ne vous répète que ce que l'envoyé (psl) a dit : "Soit témoin O ! Allah que j'ai transmis."

Que la nouvelle année apporte plus de raison, de fraternité et plus de justice. Qu'Allah nous protège, tous contre les insufflations de Satan et de ses troupes. Amine.

Mohamed Hanefi. Koweït.





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