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03-10-2017

18:15

Daffor complètement assiégé par des brigades de gendarmerie

Aidara.Mondoblog - Le village mauritanien de Daffor relevant du département de Ould Yengé dans le Guidimagaha est à présent complètement isolé du reste du pays. Toutes les brigades de gendarmerie du Guidimagha sont actuellement sur place, en plus de renforts venus du Brakna et de l’Assaba. Personne ne rentre et personne ne sort.

A l’origine, une révolte des jeunes qui a vite dégénéré, suite au refus du maire de leur accorder une deuxième autorisation. Pour en savoir plus, nous avons contacté le maire adjoint de Daffor, M.Bakary Hamadi Camara, faute d’avoir eu le maire titulaire Camara Diadié Gagny.

Selon lui, «les jeunes de Daffor avaient obtenu une autorisation de se réjouir jusqu’à minuit. Mais à minuit, au lieu de s’arrêter, ils ont continué à jouer du tam-tam, refusant de s’arrêter.

C’est ainsi que les notables du village, excédés par le bruit, se sont réunis vers 4 heures du matin pour protester auprès du maire. Ils ont affirmé ne plus pouvoir supporter un tel tapage, et ont accusé le maire d’être le principal responsable d’un tel fait. »

Selon lui, les notables se sont dirigés ensuite vers les jeunes pour les disperser. Ce qui provoqua des escarmouches. Le lendemain, les jeunes récidivèrent en introduisant une deuxième demande de réjouissance. Mais cette fois, le maire titulaire, Camara Diadié Gagny refusa catégoriquement de la leur accorder.

C’est ainsi que les jeunes se lancèrent dans une vendetta, arrosant le domicile du maire de jets de pierre, le blessant lui et son frère. Puis les jeunes se mirent à saccager la mairie, détruisant tout sur leur passage, avant de se diriger vers le marché pour mettre le feu à quelques hangars.

Face aux troubles, les quelques éléments de la brigade locale tentèrent de s’interposer. Ils seront accueillis par une pluie de pierres qui blessèrent quelques gendarmes.

Face à de si graves incidents, des renforts sollicités arrivèrent de toutes les brigades du Guidimagha, en plus des brigades du Brakna et de l’Assaba.

«Les gendarmes ont arrêté d’abord 19 personnes, mais face à la pression des jeunes, ils en libérèrent quelques-uns et amenèrent les meneurs du trouble vers la brigade de Ould Yengé» a précisé le maire adjoint.

Aujourd’hui, après trois jours d’émeute, la situation est maîtrisée, mais Daffor reste complètement isolé, encerclé par des centaines de gendarmes. Une enquête a été ouverte.

Seulement, quelques sites d’information commencent à mettre le feu sur l’huile. Si certains évoquent déjà des problèmes raciaux en parlant dans certains réseaux sociaux «d’une armée d’occupation venue mater des populations noires » d’autres parlent d’un conflit de classe «entre la noblesse locale et des jeunes issus des castes inférieurs ». D’autres encore vont plus loin, en évoquant des «tensions politiques, et la manipulation des jeunes par des forces hostiles au pouvoir.»

En réalité, selon le maire adjoint de Daffor, Bakary Hamadi Camara, il n’en est rien. «Il ne s’agit ni plus ni moins que d’un trouble à l’ordre public causé par des jeunes qui veulent outrepasser l’autorité du maire ».

Plusieurs questions se posent ainsi face à l’attitude des jeunes de Daffor. Beaucoup lient leur révolte au désœuvrement que vit actuellement la jeunesse mauritanienne, abandonnée à elle-même sans horizon et sans espoir. Les incidents de Daffor ne seraient en définitive que l’un des aspects du malaise que vit cette jeunesse, repue de frustration et de mal être.

Cheikh Aïdara



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