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21-10-2017

09:54

Ambassadeur de France en Mauritanie : remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre des Arts et Lettres à M. Idoumou o/ Mohamed Lemine.

Ambassade de France en Mauritanie - Nous sommes ici ce soir pour rendre hommage à un écrivain, M. Idoumou o/ Mohamed Lemine, à laquelle leurs qualités et leurs compétences remarquables ont valu d’être nommé par la ministre de la Culture, Mme Audrey Azoulay,

Chevalier dans l’Ordre des Arts et Lettres, Ordre créé, je vous le rappelle, en 1957, destiné à honorer les mérites des «personnes qui se sont distinguées par leur création dans le domaine artistique ou littéraire ou par la contribution qu'elles ont apportée au rayonnement des arts et des lettres en France et dans le monde ».

Mesdames, Messieurs,

Je vais décorer M. Idoumou o/ Mohamed Lemine qui a fait honneur à notre République par son action et son engagement personnel.

Avant de lui remettre les insignes, conformément à la tradition, permettez-moi de dire qui est cette personnalité méritante, qui se cache derrière cet homme en retraçant rapidement son parcours qui lui vaut, aujourd’hui, de recevoir cette distinction française, même si la majorité des personnes présentes, ici, ce soir, connaissent bien mieux M. Idoumou o/ Mohamed Lemine que moi.

Originaire du centre de la Mauritanie, le Tagant, Idoumou ould Mohamed Lemine est professeur de littérature à l'Université de Nouakchott et à l'Ecole Normale Supérieure de Nouakchott depuis 1985, coordonnateur de la filière de Littérature francophone en Mauritanie. C'est également un écrivain d'expression française de talent, dont la renommée dépasse les frontières de la Mauritanie.

Idoumou ould Mohamed Lemine est résolument le symbole de cette Francophonie mauritanienne, éduquée et qui est passée par le Lycée National de Nouakchott à la fin des années 70, antichambre de la future élite intellectuelle du pays. Vous maniez avec beaucoup de dextérité notre langue, bercé de culture française depuis votre tendre enfance sur les dunes du Tagant, sans toutefois renier votre attachement au Sahara et au continent africain (vous lisezJeune Afrique depuis l'âge de 12 ans me dit-on).

Ainsi, après des études supérieures en Lettres françaises (CAPES, 1984), en Mauritanie, à l'Ecole Normale Supérieure puis au Maroc où vous obtenez un DEA de Lettres françaises à l'Université Mohamed V de Rabat, vous vous investissez rapidement dans la presse écrite en participant, dès 1987-88, à la création de l'unique mensuel indépendant d'expression française de l'époque, "Mauritanie demain", avec votre ami M'Barek ould Beyrouk (ici présent), bien avant, le vent de libéralisation de la presse mauritanienne de la fin des années 90.

Vous collaborerez à de nombreux journaux et revues (Directeur/fondateur d'Al Moustaqbal (l'avenir en arabe) en 1992, traducteur à l'Agence Mauritanienne d'Information, avant de diriger pendant quelques années l'édition française du journal Al Joumhouria (La République en arabe). Vous dirigerez, de 2001 à 2007, le Centre de Renforcement des Langues (CREL) de l'Université de Nouakchott, avant d'occuper de hautes fonctions politiques en tant que Conseiller principal chargé de la Communication du Président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi.
Le 1er août 2008, [quelques jours avant le coup d'Etat], vous êtes nommé Président de la Haute Autorité de la Presse et de l'Audiovisuel (HAPA) pour quelques semaines à peine.

Depuis cette date, vous vous consacrez exclusivement et avec passion à la littérature mauritanienne francophone, avec pour objectif de combler le déficit du traitement de ce genre de littérature en Mauritanie et à l'extérieur du pays.

Dès 1992, vous participez en tant que co-auteur à un Guide de la littérature mauritanienne, anthologie méthodique, édité et publié chez L'Harmattan. Vous avez fait paraître de nombreuses nouvelles littéraires et poèmes dans les journaux.

Votre activité de critique littéraire, s'intéressant aussi bien à la littérature française qu'aux littératures francophones, vous ont amené à contribuer au numéro spécial de la revue Notre Librairie portant sur la littérature mauritanienne en 1996.

Plus récemment, en 2016, vous collaborez activement en tant que co-auteur, aux côtés notamment du Pr Mamadou Kalidou Bâ, à l'Anthologie de littérature mauritanienne francophone, publiée à Nouakchott par les éditions Joussour (Ponts en langue arabe) avec le soutien de cette ambassade.

En 2015, vous publiez votre premier roman, Igdi, les voies du temps (Editions Langlois Cécile, Paris) qui reste dans le droit fil de vos préoccupations de journaliste et d'homme politique. A travers cette première œuvre, vous venez approfondir cette analyse, sans far, de la société mauritanienne. Votre œuvre est l'évocation des mutations d'une société confrontée aux impératifs de la modernité, les travers et les déviances de régimes politiques autoritaires et cyniques.

Le récit, d'une portée poétique, fait aussi le lien avec la culture hassanya ou arabe classique. Votre second roman, Le fou d'Azzawan, sorti à la fin de l'année 2016, dans lequel vous décrivez les péripéties d'un monde nomade mauritanien en voie d'extinction, est également particulièrement empreint de poésie.

Vous êtes actuellement vice-Président de l'Association mauritanienne pour la Francophonie, créée en 2011, et depuis peu, membre et secrétaire à l'édition de l’Association des Ecrivains mauritaniens d'expression française (créée en janvier 2016) ainsi que Président d'honneur de l'Association des professeurs de français de Mauritanie.

Cette distinction vient ainsi souligner et récompenser un ardent défenseur de notre langue ainsi qu'un auteur talentueux qui manie notre langue avec beaucoup de finesse et de poésie, sans se départir d'une visée politique contemporaine. Vous êtes un auteur francophone, symbole d'une francophonie sahélienne apaisée et citoyenne. Cette distinction vient également utilement compléter les Palmes académiques, reçues en 2003, pour votre carrière d'enseignant.

M. Idoumou Mohamed Lemine, au nom de la ministre de la Culture, je vous fais Chevalier dans l’Ordre des Arts et Lettres.



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