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24-10-2017

22:30

Kaédi : Le PROSOPIS JULIFORA, règne en maître absolu ! [PhotoReportage]

Le Quotidien de Nouakchott - La capitale du Gorgol qui s’apprête à accueillir les festivités commémorant le 57ème anniversaire de l’indépendance nationale, vit son charme et son affliction. Si de grands chantiers (construction de routes, installations de réseaux électriques, etc….) sont entrepris pour la circonstance ou en phase terminale de réalisation, les habitants de la cité et les visiteurs, vivent dans l’angoisse et expriment leur désolation, face à un fléau dévastateur, qui ne fait que perdurer, au grand dam de la population.

En effet, la partie sud de la ville (entre le quartier Sinthiane moderne et le fleuve) est ‘’terrifiée’’ par l’abondance d’une végétation farouche. La plaine de moderne située à cet endroit de la ville d’une superficie de 44 hectare (1,5 kms X 700 m) est envahie par du PROSOPIS JULIFORA.

Cette plante des zones tropicales de l’Afrique est sempervirente (à feuillage persistant) et panchronique (qui embrasse une longue période de temps, sans variation), d’où son caractère envahissant si toutes les conditions sont réunies (humidité et sol).

Introduite récemment en Mauritanie pour les besoins de fixation des dunes, vu sa croissance rapide et la nature de ses racines latérales, elle est devenue un souffre-douleur pour les Kaédiens. Nous assistons ces dernières années à un développement phénoménal de la dite espèce, colonisant ainsi toutes les terres de culture, obstruant les voies d’accès et détruisant même les habitations.

Un cri de cœur, constant !

Les infrastructures socio-économiques s’en trouvent menacés, occasionnant en conséquence des zones d’insécurité. La lutte contre cette espèce s’impose avec acharnement et acuité. L’heure est grave et il urge de trouver rapidement une solution, à cette situation qui empêche plus d’un Kaédien, de dormir.

Même la partie Sud-est du stade municipal qui doit abriter la Super Coupe de Football lors de la fête nationale, n’est pas épargné, par cette ‘’invasion’’ sauvage. Les autorités locales pourtant conscientes de ce fléau persistant et dévastateur se doivent d’accompagner l’effort de réhabilitation en cours de réalisation et enlever ainsi une épine au pied de la population, qui ne mérite pas un tel sort et qui a fini par tirer la sonette d’alarme.

Zone inaccessible !

Zone de culture du walo, du fait de sa proximité avec le fleuve, en période de décrue, cette partie de la ville est quasiment inaccessible, avec des passages rétrécis et une flore abondante.

Si bien que les rares cultivateurs qui ont encore le courage d’affronter tous les jours ces aléas ne savent plus, à quel saint se vouer. Certaines femmes battantes qui ne vivent que de cette corbeille, dont une vieille femme qui habite un quartier lointain de la ville et que nous avons rencontrée sur ces lieux, gardent leur mal en patience et continuent leur labeur, voulant ainsi perpétuer une tradition ancestrale, contre vents et marées.

Dans le quartier de Sinthiane Moderne aussi, des femmes qui n’entendent pas baisser les bras, s’activent dans le maraichage et opèrent au sein de coopératives maraîchères pour assurer la survie quotidienne.

La promenade vespérale des Kaédiens qui s’étendait de la lisière de ‘’Woudéré Pome’’, jusqu’à l’abattoir frigorifique, en passant par le virage du quartier de Tantadji, le quai Bou El Moghdad et la centrale électrique, n’est plus qu’un vieux souvenir pour les habitants de cette cité, où régnait la prospérité et l’aisance.

Aujourd’hui, il faut s’armer de tout son courage pour oser traverser ces lieux, devenus infréquentables et qui sont aussi, un repaire de tous les risques. Le seul accès au fleuve demeure, la voie qui mène vers ‘’Toufoundé Kadjié’’, où les blanchisseurs de la ville et les ménagères résistent encore à ce triste et désolant décor, y effectuant leur corvée quotidienne.

Fréquentés pendant la période de canicule, ces lieux n’attirent plus personne, du fait de l’insécurité environnante. Les excursions des jeunes vers ces lieux pendant la baisse des eaux, n’est plus qu’une fable.

A coté de cette inquiétude, l’insalubrité galopante s’invite dans ce paysage. Des tas de monticules et des carcasses d’animaux jonchent ce boulevard, jadis un accès vers la détente, devenu un dépotoir de nos jours et cela, non loin du marché de légumes. Le pire est à craindre, en cas d’incendie !

Édifiés dans la partie sud de Sinthiane Moderne, à quelques encablures du fleuve qui sert de frontière entre notre pays et le Sénégal, ces deux installations qui faisaient et demeureront la fierté des citadins sont dans l’isolement et le dénuement total.

La première n’existe plus que de nom depuis la nuit des temps et la seconde ‘’suffoque’’ du fait de son étranglement. En dépit de sa vétusté, cette centrale électrique qui alimente la ville à partir du réseau de Manantali et de ses générateurs joue pleinement son rôle et s’acquitte de sa mission.

On l’apercevait de loin avec ses majestueuses cheminées qui dégageaient de la fumée. Aujourd’hui, elle n’est que l’ombre d’elle-même et n’est plus à portée de l’oeil. Coincée dans cette faune, elle est encerclée par des arbrisseaux qui atteignent souvent la hauteur des fils électriques.

Ce qui n’est pas sans danger et peut provoquer un court-circuit, à tout moment. Selon certaines informations, deux incendies mineurs se sont produites, ces derniers temps en plein jour. Les soldats du feu appelés à la rescousse ont eu du mal à se frayer le chemin pour accéder à ce lieu. Il aura fallu la témérité des employés présents sur les lieux pour circonscrire le sinistre, avant l’arrivée des sapeurs pompiers.

Les travailleurs de cette unité de production qui veillent à l’approvisionnement de la ville en électricité sont laissés à eux-mêmes dans cette forêt à la merci des serpents et des reptiles qui foisonnent dans cette zone.

Ils ne disposent point d’équipements de sécurité et n’ont que leurs chiens pour assurer leur protection et qui sont aussi leurs compagnons d’infortune. Les dangers sont grands, multiples et incalculables. Outre l’insécurité qui y règne, les risques d’incendie font craindre le pire.

Un patrimoine local ‘’abandonné’’

L’abattoir frigorifique fermé au début des années 90 et la centrale électrique mise en service en 1968 sont dans l’isolement et l’oubli. Pour le commun des Kaédiens, ils ont perdu leur splendeur d’antan et sont de fait à la merci des intempéries. L’abattoir frigorifique qui faisait la fierté des Kaédiens, était un fleuron de la ville et un chainon économique du pays des années 70. Aujourd’hui, rangé aux oubliettes, il ravitaillait jadis, la capitale du pays en viande.

Nichée dans une extrémité de la vile, elle n’est plus qu’un gigantesque bâtiment abandonné au milieu de cette broussaille et un amas de ferrailles, avec ses murs lézardés et son calme olympien, donnant l’impression d’être en ‘’retraite’’. Même les animaux qui en faisaient leur refuge, semblent, le déserter.

A quand, un visage reluisant pour cette belle cité qui compte accueillir un si grand évènement et qui a besoin de sécurité, d’hygiène et de bien-être environnemental et social pour répondre, à ses aspirations de capitale régionale?

Hachim


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