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15-11-2017

20:30

Viser plus loin, plus vite et tous ensembles, l’ambition de la COP 23 : Qu’en est-il après une semaine de négociations ?

Kassataya - Il y’a quelques jours s’est ouvert à Bonn la 23e COP sous la présidence des iles Fidji, petit pays insulaire de l’Est océanien.

Il s’agit là d’un archipel du Pacifique qui subit déjà de plein fouet les affres du changement climatique. Dans ces iles la montée des eaux, la force croissante des ouragans alimentés par une eau de plus en plus chaude sont des réalités tangibles.

Cette conférence a pour objectif principal, l’établissement du corpus réglementaire et procédural devant permettre la mise en œuvre de l’Accord de Paris scellé en 2015 à la COP21.

Cette COP Fidjienne met en place le Talanoa Dialogue qui est un procédé de facilitation devant permettre à la communauté internationale de rehausser les engagements des contributions des Etats et à d’harmoniser les informations et les modes de calcul de ces contributions nationales, pour permettre un premier bilan en 2023. Il permettrait aussi d’ouvrir les discussions sur des questions essentielles telles que l’agenda d’action sur l’adaptation, l’atténuation, les finances, la transparence, la considération des pertes et préjudices, le renforcement des capacités, le transfert des technologies, etc.

Une semaine après le début de ces consultations, force est de constater que les discussions ne vont pas aussi vite qu’elles le devraient, et ne semblent pas tenir compte de l’urgence dans laquelle se trouve l’humanité. En effet ces discussions n’abordent pas ou peu les éléments de fond nécessaire à la matérialisation des objectifs de Paris. Suite à l’enclenchement du processus de retrait des USA de l’accord de Paris, un climat d’incertitude gagne ces négociations, et ce malgré le fait que tous aient réaffirmés leurs engagements à faire de l’accord de Paris une réalité. Vivement que l’UE et les états émergents prennent leurs responsabilités.

Les économies émergentes sous la houlette de la Chine, de l’Inde, de l’Arabie Saoudite et de l’Iran jouent la carte de la roublardise en rouvrant de vieilles tranchées, ralentissant de ce fait le processus de négociation. Ces nations s’évertuent à remettre sur le chantier certains acquis de l’accord de Paris, notamment la mise en œuvre et l’actualisation des NDC’s, et l’apport financier au fond vert.

Justement ce fond vert pour le Climat donne du fil à retordre quant à son opérationnalisation, entre des exigences de transparence dans la mobilisation des ressources (PMA), et de garanties de bonne gouvernance (Pays riches). Jusque-là aucun engagement concret n’est inscrit dans l’accord de Paris, et les pays du sud dénoncent un vrai décalage entre les promesses de financement et leur concrétisation. Le continent africain est tout particulièrement angoissé par cette situation, et pour cause : les sécheresses aggravées par le réchauffement climatique se multiplient.

Autre sujet préoccupant, les pays en voie de développement réclament plus de souplesse dans les dispositifs actuels pour avoir accès au Fonds vert pour le climat. Ajouter à cela la quasi faillite du fonds d’adaptation (pourtant avec des résultats probants), lié à dessein au marché des crédits carbone, qui ont une valeur marchande insignifiante actuellement.

Si les tendances actuelles se poursuivent l‘humanité a peu de chance de voir les objectifs de Paris se réaliser. Il est impérieux que les états doublent ou tout au moins rehaussent le niveau des ambitions de réductions de gaz à effet de serre. Cela passe par un engagement fort des états industrialisés, mais aussi des états émergents et de tout le monde, pour se donner une chance de limiter le réchauffement planétaire à 2°C maximum. Sur cette question l’UE dont on espérait le leadership affirmé, semble aujourd’hui assez démobilisé, notamment ses leaders à savoir l’Allemagne et la France.

Il est impérieux que le gouvernement allemand mettent fin aux industries à charbon, ce qui ne semble plus être une priorité pour Merkel (occupée à mettre en place une coalition pour gouverner), qui semble être moins encline à assumer son rôle de leader sur la question climat. Plusieurs rapports épinglent son pays, qui aurait du mal à respecter ses engagements de réduction de 40% de ses émissions par rapport au niveau de 1990.

La France malgré tous les efforts consentis pour arriver à mobiliser l’humanité autour de l’accord de Paris, semble revenir sur certains de ses engagements notamment sur la transition énergétique. La récente sortie du pourtant champion de l’écologie Nicolas Hulot, semble assez révélateur, et ce d’autant plus que la France semble trainer des pieds sur la question du nucléaire. C’est à croire que les pays jadis moteur de ces négociations, semblent se raviser sur leurs engagements depuis la sortie des Usa, et veulent mettre la pression sur les états émergents pour la mise en œuvre de l’accord de Paris.

Que cessent les velléités de réinterprétation et de sabordage de l’accord de Paris, auquel s’adonnent l’absent le plus présent à cette COP, à savoir les USA. Fort heureusement une forte dissidence américaine s’organise contre la position de l’administration Trump, sous le label de l’initiative America’s Pledges ou de l’action I’am Still In. Ceci contribue grandement à isoler l’administration Trump, et ce surtout que ces initiatives sont portées par des états et industriels américains (qui tiennent à l’accord de paris).

Pour que l’Accord de Paris puisse être plus que des mots, ces leaders (UE+ BRICS) ont l’impérieuse mission de montrer l’exemple en réaffirmant leur engagement, et en revoyant à la hausse leurs ambitions de réductions d’émissions. Il est aussi impérieux d’ouvrir la possibilité pour les acteurs non-étatiques de contribuer à la mise en œuvre de l’accord de Paris. Quand à nos états, il est impérieux qu’ils continuent à travailler à la mise en œuvre des NDC’s, à maintenir la pression pour le respect des engagements pris, mais aussi à offrir des garanties de bonne gouvernance pour les ressources à mobiliser au titre des finances climatiques.

Cela requiert de revoir la qualité des négociateurs mobilisés, la composition des délégations, et la mise en place de stratégies opportunes devant permettre à notre continent d’aller plus vite, plus loin au service des communautés subissant de pleins fouets les effets des changements climatiques. Bula Vinaka.

Rim Youth Climate Movement



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