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Mauritanie – Boydiel Ould Houmeid : « Nous nous opposons aux programmes, pas aux personnes »
Jeune Afrique - Boydiel Ould Houmeid, 64 ans, ancien syndicaliste, a gravi tous les échelons de l’administration, jusqu’aux portefeuilles ministériels parmi les plus stratégiques, sous la présidence de Maaouiya Ould Taya.
Il a successivement été chef de service de la solde, directeur du budget et des comptes, contrôleur d’État, directeur du Trésor et de la comptabilité publique, puis de la Société mauritanienne pour la commercialisation de poissons (SMCP), commissaire à la sécurité alimentaire, directeur général de la Caisse nationale d’assurance maladie (qu’il a portée sur les fonts baptismaux) et plusieurs fois ministre :
Commerce, Artisanat et Tourisme ; Développement rural, Pêches et Économie maritime ; Santé et Affaires sociales ; Finances ; et, enfin, ministre-secrétaire général à la présidence.
Ancien cadre du Pacte national pour la démocratie et le développement (Adil, l’ex-parti-État), qu’il a quitté en 2010 pour cofonder El Wiam, candidat à la présidentielle de 2014, le député-maire de Ndiago (dans le Trarza, Sud-Ouest) occupe une place originale sur un échiquier politique polarisé entre le pouvoir et l’opposition. Tout en siégeant sur les bancs de cette dernière, il accepte de dialoguer avec le président Ould Abdelaziz, prônant « une opposition responsable ».
Jeune Afrique : Certains vous reprochent de ne pas être un vrai opposant au président. Est-ce vrai?
Boydiel Ould Houmeid : Avec dix députés, douze maires et 600 conseillers municipaux, El Wiam est le troisième parti du pays et le deuxième de l’opposition… Pas mal pour un mouvement créé en 2010, non ? Mais nous formons une opposition responsable et républicaine. Nous combattons des programmes, pas des personnes. Nous respectons ceux qui sont élus et, donc, le président Ould Abdelaziz.
Qu’est-ce qui vous sépare de ce dernier ?
Il est arrivé au pouvoir par un coup d’État contre le président élu Sidi [Sidi Ould Cheikh Abdallahi, seul président civil du pays, élu en avril 2007 et destitué par le putsch du 6 août 2008]. Ensuite, je suis très réservé sur son programme d’étatisation de l’économie. Nous l’avions libéralisée avec le président Maaouiya et, lui, il a effectué un retour en arrière en nationalisant et en créant des sociétés d’État. Sur le plan social, trop de Mauritaniens sont très pauvres et ne peuvent envoyer leurs enfants à l’école.
Et qu’est-ce qui vous sépare de l’opposition « radicale », qui boycotte les élections depuis des années ?
Je suis contre le boycott, qui a contribué à marginaliser cette opposition. Par le dialogue, nous avons de notre côté obtenu en 2011-2012 que la Commission électorale nationale indépendante [Ceni] n’ait plus rien à voir avec le ministère de l’Intérieur, que la proportionnelle soit instituée et que les femmes soient mieux représentées dans nos assemblées.
Le « dialogue » d’octobre 2016 auquel vous avez participé a-t-il été positif ?
Oui, le Sénat a été supprimé. J’ai toujours considéré que cette Assemblée était un luxe que notre pays ne pouvait se permettre. En plus, son collège électoral très restreint était plus facile à corrompre que le suffrage universel qui désigne les députés…