Cridem

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26-12-2017

15:16

Notre Apathie : (Ely kane yektel Matle Ihachame)

Lehbib Ould Berdid - Soyons francs, n’ayons pas peurs des mots, appelons les choses par leurs noms. Il y va de notre salut commun. Jamais le pays n’avait connu de tels discours, de racistes de tous bords, incitants à la division des mauritaniens, à l’extrémisme et à la haine raciale.

Jamais le fossé de la discorde entre les différentes composantes de notre société n’avait été aussi exacerbé par les harangues de ces spécialistes de la désunion. Un pied de nez à nos dirigeants qui n’ont pas su mettre en place une politique de cohabitation nationale et engager la bonne stratégie pour réussir le défi de la tolérance et de la cohésion nationale.

Mais ne généralisons pas. Ces champions du mensonge et du chaos social, ne représentent pas, Dieu merci, nos populations, du moins dans leurs intégralités. Déjà tout récemment, encore, des voix, on ne peut plus patriotes, plus honnêtes et plus courageux se sont élevées pour arrêter cette course insensée vers l’abîme dans lequel veulent nous précipiter ces adeptes de la discorde nationale.

Cependant, ne nous cachons pas la réalité. Évitons la politique de l’Autruche qui cache sa tête sous son aile, pour ne pas voir le danger, jusqu’à ce qu’elle s’écroule sous la balle mortelle de son chasseur.

Cette spirale de l’intolérance et de la confrontation en perspective, que Dieu nous en préserve, suscitée et alimentée par les discours de la haine et du mensonge de ces semeurs de troubles, dans laquelle risquent de nous engouffrer nos responsables au plus haut niveau, par leur désastreuse politique de manque de vision, a creusé encore davantage le fossé entre les populations elles-mêmes d’une part, et entre les populations et la classe dirigeante d’autre part.

Pourtant nos populations, loin du cynisme corrupteur de notre société contemporaine ont vécu des siècles ensemble et ont tout en commun : d’abord des liens de sang, ensuite l’histoire, la géographie, le Saint Coran et notre belle culture islamique, la même langue et les mêmes valeurs culturelles pour certains, ainsi que le même destin pour tous.

Mais tout celui qui avait vu par le passé ces horreurs dans les pays des grands lacs, et encore maintenant en Afrique Centrale et dans la corne de l’Afrique (Somalie, Sud Soudan) et les effroyables destructions en Libye, en Syrie et dans d’autres pays, ne peut s’empêcher de se demander:

A quoi serviront ces infrastructures, quand on est incapable de contrer ces velléités extrémistes de tous bords, sachant que ces goudrons, aéroport, université …sont batis sur des rancoeurs et des incitations à des conflits sociaux ?

Par leur manque de maturité (gouverner c’est prévoir), nos dirigeants n’ont pas su prévoir, ni remédier à ces phénomènes qui nous présagent un sombre avenir. On dirait même que nos dirigeants portent le germe de leur propre destruction ainsi que celle de leur pays, comme l’apprenti sorcier qui déclenche des forces obscures qu’il n’arrive plus à maîtriser. Même à parier à qui ferait la plus mauvaise affaire pour son pays on ne trouverait pas mieux.

Certains diront peut être que j’exagère, que je divague même, soit, mais même si je ne dis que la 20ème partie probable c’est à faire frémir. Ces appréhensions nous interpellent sur le manque de prise de conscience dans l’opinion quant à l’avenir de la Mauritanie.

Et le comble, est que, ce n’est pas à partir de nos médias, qu’il faut attendre les impulsions décisives. Pourtant les moyens audiovisuels ne manquent pas pour y contribuer.

Cependant les débats à la télévision et à la radio sont creux. Le niveau en général et les questions des journalistes en particuliers ne sont vraiment pas formidables.

Je ne prétends pas avoir exploré tous les aspects du problème, loin de là, ni cerner les enjeux qui se posent à nous, heureusement d’ailleurs, car mon vœu est simplement d’apporter une contribution à la non violence dans notre pays.

En attendant l’hypocrisie bat son plein : Dans l’une des précédentes visites présidentielles à l’intérieur du pays, un chanteur crieur , comparant le Président Ould Abdel Aziz à un sauveur quasi-suprême s’écria :

« Ha grand visionnaire et batisseur inbattable, quel bon vent, si avantageux a bien pu donc t’amener chez nous ? » et dans un élan d’enthousiasme aux milieu des cris de joie, il ajouta que le départ éventuel de notre grand visionnaire et bien aimé guide éclairé serait une véritable catastrophe pour le pays, comparable au déluge de Noé.

Mais à mon humble avis, le génial crieur, malgré son côté idolâtre, a dû céder à un accès d’idéalisme naïf, à moins qu’il n’ait craint les barbouzes à l’entour car à force de faire les apprentis sorciers, Dieu sait où nous mineraient de pareils dirigeants et nous en avons mieux encore, en attente, qui se profilent à l’horizon.

En reconnaissance du chaos qu’ils veulent nous créer, on devrait leur décerner en plus de leurs trophées, des palmes en or, à la mémoire des générations futures. Mais le plus étrange dans tout ça est que les gens sont devenus tellement indifférents qu’ils ne s’étonnent plus de rien.

Et c’est là où notre apathie doit faire horreur et non les méfaits de tel extrémiste ou de tel ou tel homme politique. D’où vient donc que nous réagissons si faiblement devant de tels agissements qui sèment la haine et le mensonge dans les cœurs des mauritaniens ?

Serions nous comme des enfants effrayés qui courent, au passage de ces fantômes, se réfugier sur la poitrine réconfortante mais vaine de leur mère ? Où est –ce dû au scepticisme corrupteur de notre société si jeune encore mais déjà pervertie ?.

Ou encore à l’aveuglement de la taupe de nos apprentis sorciers obsédés par la mégalomanie du pouvoir au point de tout laisser faire, afin de perdurer sur le fauteuil présidentiel ?. Il ne leurs manquait qu’« après moi, le déluge » de Louis XIV, après avoir ruiné son pays par des fêtes somptueuses.

Je laisse en suspens toutes ces questions qui n’en sont pas moins terrifiantes et sollicitent l’attention de chacun d’entre nous.

De fait notre pays fait face à de nombreux défis, dont en particulier, celui de bâtir une nation unie, ayant pour ciment l’Islam qui nous rapproche les uns des autres.

Soyons de ceux qui trouvent ces défis plus exaltants qu’accablants comme nous venons de le voir chez des hommes de conviction, de chez nous, qui prêchent la tolérance.

Qu’Allah le Clément et Miséricordieux sauve la Mauritanie, comme il l’a déjà maintes fois sauvée de ces incitateurs de tous bords aux mobiles obscurs et porteurs de dangers.

Lehbib Ould Berdid
Chercheur et Analyste, diplômé d’Etudes Supérieures de l’ITB



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