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27-12-2017

07:00

Tawassoul : Un exemple d’alternance

Le Calame - Le parti islamiste Tawassoul vient d’achever son 3e congrès ordinaire, le dimanche 24 décembre, par l’élection d’un nouveau président. Le député Mohamed Mahmoud Ould Seyyid a été porté triomphalement à la tête de la première formation politique de l’opposition démocratique du pays.

Ould Seyyid, qui jouit visiblement d’une grande popularité au sein du parti vient remplacer le président sortant Mohamed Jemil Mansour qui dirigeait cette formation depuis sa mise en place en 2009.

Sous le magistère de cet homme réputé «charismatique », les islamistes mauritaniens ont réussi à massifier leur parti, qui revendique, aujourd’hui 100000 adhérents. Si Tawassoul a réussi le pari de s’imposer comme principal parti de l’opposition démocratique, c’est d’abord les mauritaniens sont très sensibles à la fibre islamique, un islam jusqu’ici resté pondéré, en dépit de quelques tentatives de radicalisation, notamment lors du printemps arabe.

Les islamistes reconnaîtront par la suite que Tawassoul s’est quelque peu trompé sur la dynamique mauritanienne. Le printemps arabe ne prendra pas en Mauritanie, malgré quelques échauffourées. L’autre facteur qui a plaidé en faveur du parti c’est aussi et surtout les actions humanitaires que Tawassoul fait actionner. Des Mahadaras, des Ongs ont mis leurs services aux populations démunies.

C’est fort de cela que le pouvoir en place a décidé de fermer quelques Mahadras et Ongs dont certaines étaient proches de l’idéologue du parti, Ould Dedew. C’est l’une des raisons qui fait que le parti dispose d’une importante capacité de mobilisation lors des manifestations politiques.

Enfin, le parti Tawassoul, bien que calé dans l’opposition met en place une stratégie lui permettant de rester dans ce camp tout en tirant profit des espaces laissés par le pouvoir.

Son objectif étant de conquérir l’espace de représentation au niveau des mairies et du Parlement, Tawassoul refuse de se plier à l’option de boycott prôné, depuis bien longtemps par l’opposition qualifiée de radicale.

C’est fort de cette stratégie qu’il a réussi à conquérir la place de premier parti de l’opposition démocratique avec 16 députés à l’Assemblée Nationale, des sénateurs et des mairies. Et contrairement aux autres formations de l’opposition, Tawassoul dispose de ressources financières, fruits semble-t-il de ses relations avec certaines organisations islamistes du Golfe.

C’est là, de sérieux atouts pour les islamistes mauritaniens que le pouvoir tente, depuis quelque temps de saborder.

Mais, pour certains observateurs, les relations entre le pouvoir de Nouakchott et le parti Tawassoul demeurent suspectes. La présence des islamistes au sein de l’opposition radicale (FNDU ou G8) arrangerait le président Ould Abdel Aziz, ce serait une espèce de « force centrifuge».

L’élection d’Ould Seyyid vient signer la continuité dans la ligne modérée du parti qui n’ignore pas que le contexte géopolitique ne joue pas en sa faveur. Partout les islamistes sont les foudres des régimes des pays musulmans. L’intégrisme jihadiste constitue une épine dans les pieds des islamistes modérés. D’où la prudence des islamistes mauritaniens.



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