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30-12-2017

07:54

« Va-t-on laisser les justes, comme Ould Ghadde, combattre tout seul ? »

L'Authentique - « Nous sommes face à un pouvoir familial et clanique, qui fait ce qu’il veut de l’argent public et de la loi fondamentale du pays ».

C’est en ces termes que Birame Dah Abeid, président du mouvement antiesclavagiste IRA, a entamé la conférence de presse qu’il a animée en marge d’une visite qu’il a accordée vendredi 29 décembre 2017, à la famille du sénateur Mohamed Ould Ghadde, embastillé depuis plus de cinq mois, en dépit de son immunité parlementaire.

La famille du Sénateur Mohamed Ould Ghadde, arrêté depuis plusieurs mois et incarcéré à la prison centrale, a reçu vendredi 29 décembre 2017, la visite de Birame Dah Abeid, président de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), accompagné de ses principaux collaborateurs, Dah ould Boushab, Mohamed Hamdi et Khattri Ould Rahel, entre autres.

Se solidariser avec la famille de Ould Ghadde

Cette visite du leader abolitionniste entre dans le cadre de la solidarité que le mouvement IRA n’aurait eu cesse d’exprimer à l’endroit du sénateur et de sa famille. « Je suis là aujourd’hui pour desserrer l’étau autour du sénateur Ould Ghadde qui a choisi de sacrifier sa liberté pour que le peuple mauritanien puisse retrouver sa dignité, ses constances nationales et ses deniers publics spoliés par un pouvoir qui confond le bien privé et le bien public » a déclaré Birame Dah Abeid, président d’IRA.

Selon lui, le président Mohamed Abdel Aziz a fait de la Mauritanie sa propriété privée, jouant avec la Constitution selon ses humeurs et puisant dans les deniers publics dont il s’est accaparé lui, sa famille et son clan restreint. « Ce n’est qu’en soutenant Ould Ghadde dans son courageux combat que nous pouvons mettre fin à ce diktat » a-t-il poursuivi.

Birame Dah Abeid a regretté par ailleurs que la classe politique et les élus aient démissionné face au laminage que leur fait subir le pouvoir de Mohamed Abdel Aziz.

« Ce pouvoir veut dompter tous les Mauritaniens, châtiant tous ceux qui osent s’opposer à lui » a déclaré Birame qui cite les officiers supérieurs de l’armée mis au pas, les hommes d’affaires réduits en instrument docile, les chefs de partis et les médias muselés et pressurés face au rétrécissement du champ des libertés.

Le président du mouvement IRA a lancé un appel pour un sursaut national et un réveil de conscience du peuple mauritanien pour bouter Mohamed Abdel Aziz hors du pouvoir en 2019. « La seule alternative pour Aziz est de sortir par la grande porte et se contenter du privilège d’ancien président, ce qui pourrait le prémunir de poursuite avec en prime une couronne auréolée pour avoir facilité l’alternance pacifique au pouvoir dans le pays ». Dans le cas contraire, dira Birame, il risque d’entraîner la Mauritanie dans une spirale d’incertitude dont lui seul et ses soutiens seront comptables devant le tribunal de l’histoire.

Gagner le défi de la résistance contre le pouvoir

Selon Birame, ce mal du pouvoir absolu ronge non seulement la Mauritanie mais beaucoup d’autres pays africains, créant les conditions du sous-développement, de la pauvreté et de l’arriération, terreau sur lequel progressent l’intolérance, le terrorisme et les crimes de toutes sortes.

Il a évoqué les actions que son mouvement a initié sur le plan international pour serrer l’étau autour du pouvoir mauritanien, citant la dernière session de la Commission parlementaire paritaire ACP-UE qui s’est tenue du 18 au 20 novembre passé à Haïti et qui prévoit d’envoyer en juin 2018 une délégation ad-hoc pour enquêter sur les nombreuses violations des droits de l’homme dans ce pays. « La Mauritanie se dirige vers une condamnation internationale, aussi bien au niveau de l’ONU, de l’Union Africaine que de l’Union du Maghreb Arabe » a-t-il précisé.

Quant au niveau national, le mouvement IRA préparerait une suite d’actions en faveur des défenseurs des droits humains et des hommes d’affaires emprisonnés, notamment le sénateur Ould Ghadde, les deux militants séquestrés à Bir-Moghreïn, Moussa Birame et Abdallahi Maatala Saleck, en particulier.

Sid’Ahmed Ould Ghadde, a de son côté déploré les conditions dans lesquelles son frère est incarcéré, à la prison civile de Nouakchott, notamment son arrestation illégale malgré son immunité parlementaire, les fers dans lesquels il a été amené lors de sa première audience, les refus systématiques de visite ou les visites écourtées, ainsi que le refus de lui faire parvenir le repas familial.

La conférence de presse s’est déroulée en présence de Moussa Samba Sy, directeur de publication du « Quotidien de Nouakchott » et Ahmed Ould Cheikh, directeur de publication du journal « Le Calame » tous les deux assignés à Nouakchott sans possibilité de voyage, pour leur implication présumée dans le dossier controversé du sénateur Ould Ghadde, accusé de crimes transfrontaliers, entre autres chefs d’inculpation. Plusieurs autres sénateurs actuellement en liberté provisoire ainsi que deux syndicalistes sont aussi enrôlés dans cette ténébreuse affaire, à relent de règlement de compte contre des opposants.

Cheikh Aïdara



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