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02-01-2018

15:16

Trump, s'est-il "trumpé"?

Cheikh Abdel Kader Diawara - Quand Donald J. TRUMP se portait candidat à la présidence de la république, il y a de cela près d' an, nul ne s'imaginait que le plus novice des candidats allait, de si tôt, prendre les rênes de son pays tant Hilary était douée, avait le "vent en poupe" et la fonction présidentielle lui allait comme un gant.

Aucun pronostiqueur, avisé ou non, n'aurait pu miser sur un "cheval donné perdant". Il y eût près de trois débats durant la campagne présidentielle et d'innombrables "meetings". Ils n'ont fait que confirmer aux observateurs habituels ce que chacun pensait. Donald ne gagnera pas.

D'aucuns s'imaginait que le ton trivial du "face-à-face" contribuerait largement à sa défaite. Mais tout cela, c'était sans compter avec la détermination guerrière du milliardaire et celle du directeur du F.B.I (Federal Burau of Investigation) qui allait porter le coup fatal à l'avance dans les sondages de l'ex-Secrétaire d'Etat au point de démobiliser une bonne partie de ses électeurs.

Et puis, la Montagne accoucha d'une souris. Cette énième sortie de Komy n' a rien apporté de nouveau au "dossier des e-mails", mais le Mal était fait et l'avantage profita au Challenger de Mme Clinton.

Ainsi, l'adversaire rompu dans "les affaires", mais novice en politique, devint président de la plus grande des démocraties occidentales. Donald, lui-même, concéda qu'à l'annonce de sa victoire aux présidentielles, il n'y croyait déjà presque plus, tant les débats étaient rudes et qu'il y avait perdu quelques plumes.

Depuis sa consécration, le nouveau président suscite d'innombrables interrogations et controverses tant auprès de ses traditionnels alliés occidentaux qu'auprès du reste du monde dans sa façon d'envisager l'avenir de son pays et celui des relations internationales. Ses "tweets" sont devenus une marque de fabrique. Ils font des heureux, mais aussi beaucoup de malheureux car Donald J. TRUMP réagit "à tout va" et n'esquive aucune polémique. Il n'est pas non plus assez tendre à l'endroit de la Presse de façon générale. Il déteste CNN puisqu'elle ne rapporte, selon lui, que de "fausses" nouvelles (Fake news) , il lui préfère Fox News, quoiqu' étiquetée par d'autres "d'extrême-droite".

Contrairement à toute pratique régissant les relations internationales, le nouvel élu décida aux lendemains de son inauguration de priver singulièrement des pays musulmans de visas d'entrée aux Etats-Unis. Ceux qui auraient dû être en tête de liste ont été savamment épargnés pour quelque curieuse raison comme si "les pauvres devraient payer pour les riches", une discrimination inacceptable et injustifiée aux yeux de ses compatriotes d'autant plus que les ressortissants des pays visés ne sont pas à l'origine des attentats terroristes ayant le plus ensanglanté l'Amérique, d'où le refus des procureurs fédéraux de mettre en application la décision, la jugeant discriminatoire, donc contraire à la Constitution.

Contesté à l'intérieur comme à l'extérieur de son pays, l'homme n'en a que cure. L'essentiel à ses yeux est d'honorer ses promesses de campagne afin de maintenir sa base électorale. Et, en cela, le slogan "America First" était suffisamment mobilisateur auprès de celle-ci.

La nouvelle "Maison Blanche" estime que "Jamais l'Amérique n'aura été aussi puissante et désirée que sous son actuel locataire". Et pourtant, les foyers de tensions se multiplient et les risques de nouvelles guerres aussi, car le président n'a épargné personne, encore moins certaines institutions internationales (l'Otan, l'Organisation des Nations-Unies) et pays souverains: la Chine, la Russie, le Moyen-Orient, la Palestine, la Syrie, le Liban, l'Irak, la Corée du Nord, l'Iran, le Vénézuela, le Qatar, les Emirats-Arabes Unis, l'Arabie Saoudite, le Yémen et récemment le Pakistan (Trump menace de suspendre l'aide américaine à celui-ci, d'où ses vives protestations rappelant qu'elle est la seule raison de son maintien dans leur giron. Forte réplique diplomatique), les voisins de l' Amérique du Nord (le Canada et le Mexique).

Non content d'avoir rappelé à tous qu'il était présent et presque incontournable dans la résolution de bon nombre de conflits internationaux, le président a, cette fois, outrepassé ses attributions en voulant, sans consultation aucune avec la partie palestinienne , imposer une solution à un conflit "vieux comme le monde", à travers "sa" reconnaissance de la souveraineté d'Israël sur l'ensemble de la ville sainte de Jérusalem occultant ainsi le fait que la Communauté Internationale, ne reconnait que les "frontières de 1967" , donc une ville scindée en deux.

Dès lors, attribuer de facto Jérusalem-Est à Israël alors que la Communauté internationale et les instances Onusiennes attendent de l'Etat Hébreu qu'il exécute toutes les résolutions prises à son encontre, constitue une bourde, non des moindres, dans les relations internationales. Surtout quand celle-ci émane d'un important membre du Conseil de Sécurité, supposé être juge et non partie. La reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël continue à soulever un tollé général d'indignation et de consternation au point de mobiliser, au-delà du monde islamique, tous les peuples épris de paix et de justice. Un consensus confirmé à une majorité écrasante à la fois par le Conseil de Sécurité et l'Assemblée Générale Extraordinaire.

"Tel est pris qui croyait prendre". Le Proche-Orient est en ébullition et les palestiniens refusent désormais de reconnaitre un quelconque rôle de médiateur aux Etats-Unis dans le conflit qui les oppose à NETENYAHOU car TRUMP a choisi son camp. Mahmoud ABBAS estime que les États-Unis se sont faits exclure du jeu. Mike PENCE qui projetait, dans le cadre d'une tournée au Proche-Orient, visiter la Cisjordanie est désormais "persona non grata". Et la situation sur le terrain est loin de se calmer. Des morts, des dizaines de blessés et de nombreuses d'arrestations du côté palestinien.

Loin de calmer le jeu, la Knesset enfonce le clou en refusant, désormais, de discuter d'un autre statut de Jérusalem depuis la décision de l'administration américaine actuelle de la considérer comme capitale de l'Etat Juif. Et, entre-temps, le dossier RUSSIE - ETATS-UNIS continue à préoccuper les politiques américains de tout bord d'autant plus que le président accorde peu d'intérêts aux allégations de la sphère du renseignement alors que les enquêtes de Robert MUELLER se rapprochent petit à petit du "cercle restreint" du Chef au point de menacer les "élections mi-mandat" qui pointent à l'horizon, donnant une avance certaine des démocrates sur les républicains et le cas de Roy MOORE dans l'Alabama l'illustre si bien.

Malgré de multiples écueils, Donald a réussi à faire voter un budget révisant les taxes. Une victoire, rêvée par ses prédécesseurs. Il a aussi su apporter un nouveau souffle à l'économie nationale en menaçant de lourdes taxations les compagnies américaines et étrangères qui n'investiraient pour l'emploi aux États-Unis ou qui s'aventureraient à délocaliser. A la Wall-Street (Bourse) tout le monde jubile.

L'unique casse-tête qui donne des cauchemars à Donald, dans l'immédiat, est incontestablement la Corée du Nord qui se moque encore éperdument des menaces proférées à son endroit. Et comme pour irriter la Maison Blanche, KIM, le président coréen n'hésite pas à envoyer un missile intercontinental chaque fois que l'on s'imagine qu'il s'est essoufflé.

Bon nombre d'observateurs sont surpris par l'incohérence de "l'Administration TRUMP" qui en appelle à la Communauté internationale pour isoler la Corée du Nord à travers des sanctions de plus en plus étouffantes, mais qui traite celle-ci de tous les noms dès qu'elle en vient à se démarquer d'elle sur le dossier "Israelo-Palestinien". Curieux "deux poids, deux mesures". Décidément, rien n'est si simple dans cette Amérique qui fascine et qui surprend. Espérons que 2018 lui apporte sérénité et conseil.

Cheikh Abdel Kader Diawara



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