Cridem

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16-01-2018

22:30

Un internat contre la pauvreté et l’exclusion

Youssouf KEBE - Une bonne partie de nos concitoyens est laissée sur le quai de la gare par le train d’amélioration des conditions de vie consécutive à la création et la distribution de richesses par notre pays.

La preuve, s’il en était besoin, de cette exclusion est l’étalage de la misère à tous nos coins de rues et tous nos quartiers populaires. On se donne bonne conscience en leur tendant un petit billet de banque ou une pièce de monnaie, et ils passent aux oubliettes le temps d’arriver à un autre feu rouge.

La misère elle, ne leur donne pas de répit, tant les besoins élémentaires de nourriture, de santé, d’hygiène et d’habitat sont un combat quotidien. Cette exclusion frappait en premier lieu la communauté haratine qui a été la dernière à pouvoir bénéficier des droits et des moyens les plus basiques d’émancipation, avant de toucher d’autres couches de nos populations notamment sujets de l’exode rural.

En tout état de cause, bon nombre de nos concitoyens laissés pour compte sont une lointaine descendance de laissés pour compte. En d’autres termes, il est donné très peu de chance à un pauvre pour se sortir de sa pauvreté. Nous assistons ainsi à la reproduction des élites et donc des pauvres.

Il est du devoir de nos gouvernants de reconsidérer les choses et de prendre à bras le corps cette problématique. Elle constitue un enjeu de justice sociale tant dans la résorption du chômage que la redistribution équitable des richesses, mais aussi un moyen de développement économique avec une augmentation de la base productive. Pour y parvenir, je demeure convaincu que le seul moyen durable reste l’école, mais une bonne école.

Pour être intervenu dans les établissements fréquentés par les couches les plus défavorisées de nos populations, j’ai la certitude que ce ne sont pas celles-ci qui leur donneront les connaissances nécessaires à leur insertion future dans la société. Un autre obstacle, qui est celui des mariages précoces, frappe notamment les filles qui se trouvent très tôt mises hors circuit vers l’âge de 14, 15ans.

Finalement, je crois qu’un système d’ « école d’une chance » avec un internat pour accueillir toute la semaine les élèves choisis sur critères sociaux, entièrement pris en charge par l’état, participerait à créer des bouées de sauvetage chez des gens qui ne peuvent compter que sur le devoir de solidarité nationale pour espérer un changement dans leur quotidien. Un tel internat soulagerait les parents des charges liées à l’entretien de leurs enfants pour scolarité et donnerait la possibilité aux petites filles de rester plus longtemps dans le cursus scolaire.

Un seul enfant de la tribu qui réussirait à s’insérer dans la société est une possibilité donnée à toute la tribu pour améliorer son bien-être économique et social.

Youssouf KEBE



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