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02-02-2018

22:30

Interview avec Bâ Amadou Demba de "Fedde Goural-ALEG"

Terroir Journal - «… c’est un bilan positif pour nous de contribuer au renforcement de la cohésion nationale et surtout de favoriser le retour au terroir de nos compatriotes qui vivaient ailleurs »

BA Amadou Demba est né à Bolol Doggo dans la commune d’Aéré M’BAR en 1966. Après des études primaires et secondaires entre Aleg et Boghé, il décrocha le baccalauréat série D, au lycée de Boghé en 1986. Le jeune Peulh, obtient une bourse pour le royaume Chérifien. Bourse qui lui permet de mener de brillantes études Agronomiques et Vétérinaires à l’Université Hassan Il puis à l’école nationale d’Agriculture de Meknès.

Diplômes d’Ingénieurs en poche, il rentre au pays pour travailler à l’ENFVA de Kaédi, AGETA et AFD de Rosso avant d’occuper le poste de chargé des programmes de l’environnement et développement durable, une dizaine d’années au moins, à l’ l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) et le Ministère délégué auprès du Premier Ministre, chargé de l’Environnement du Développement Durable.- Parc National du Diawling.

De 2009 à 2017, il est Coordonnateur National de Programme Micro financement du Fonds pour l’Environnement Mondial –Mise en œuvre par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Il a enseigné dans de nombreuses écoles agricoles du pays et conseillé plusieurs institutions de cette république dans le domaine agricole toujours.

Ce cadre du PNUD fait partie des forces tranquilles du pays. Réputé pour son calme, son sérieux et sa modestie. Il n’est pas seulement qu’agronome mais aussi écrivain. Il est l’auteur du Livre : "L’obsession du retour", Edition 15/21, 2012 qui retrace le film des déportations des Négro-Mauritaniens en 1989 au Sénégal. « L’obsession du retour » récit autobiographique d’Amadou Demba Ba, Livre témoin d’une période sombre de l’histoire de la Mauritanie. Les années 89-90 en Mauritanie. Un sale temps de déportations, d’exil, de suspicion, d’exécutions sommaires, de tortures…L’auteur de « l’obsession du retour » a vécu «les évènements douloureux» de l’extérieur, très loin de la famille laissée à Goural (un petit village peul aux environs d’Aleg).

Il est membre de "Dental-Goural" dans lequel, il a été particulièrement actif lors de l’arrivée de BABA MAAL. Il a accepté de nous accorder cette interview pour tirer le bilan de l’arrivée du lead vocal de "Daande Leniol" à Aleg.

Le Terroir/NGENNDI : Nous sommes avec M Amadou Demba BA, membre de Fedde Dental, qui a organisé ces journées culturelles et invité l’artiste BABA MAAL, quel est le premier bilan que vous déclinez à ce niveau ?

Amadou Demba BA: merci pour votre question, le premier bilan que je peux faire est surtout positif. Car, le défi était au moins de remplir la maison des jeunes d’Aleg, ça été fait. Le défi était aussi de faire venir des compatriotes originaires d’Aleg et ils sont venus du Gorgol, du Sénégal, du Brakna, de Nouakchott, de la diaspora, de Nouadhibou, de Zouératt. Le défi était que tout se passe vraiment bien au niveau d’Aleg, les deux soirées ont été un total succès.

De même qu’au niveau du village de Goural où l’activité culturelle a été une réussite. Nous pensons que c’est un bilan positif dans la mesure où ça a permis de ramener des jeunes de Nouakchott qui ne connaissaient bien Aleg ou des jeunes qui ont grandi au Sénégal qui n’avaient pas connu leurs compatriotes d’Aleg.

Tout ça a permis de rapprocher les gens et de rappeler les liens qui existaient entre les communautés bien avant même l’indépendance. Nous avons eu des leaders locaux qui ont sensibilisé leurs parents, leurs alliés pour leurs dire que ces différentes communautés ont toujours vécu ensemble dans la parfaite cohésion, la paix, la tranquillité, l’harmonie et l’entraide. Donc, une fois de plus, c’est un bilan positif pour nous de contribuer au renforcement de la cohésion nationale et surtout de favoriser le retour au terroir de nos compatriotes qui vivaient ailleurs. Parce que la thématique principale de ces journées culturelles est "Développement Local et Retour au Terroir".

Et, je pense actuellement, la dynamique qui s’inscrit au niveau de l’Etat, c’est le développement local, les conseils régionaux. Ce qui est en perspective aujourd’hui, c’est le développement local, le développement du terroir où il y’a beaucoup de choses à faire. Il faut que les communautés, les jeunes reconnaissent leurs terroirs et viennent rencontrer les acteurs locaux.

Le Terroir/NGENNDI : comment comptez-vous réinvestir les bénéfices financiers tirés de cette activité ?

Amadou Demba BA: s’agissant des bénéfices tirés de cette manifestation, ils vont aller dans la réalisation d’activités sociales, les AGR précisément. Pour aider les coopératives féminines, les ONG qui œuvrent pour le développement socio-économique. Pourquoi ne pas penser à une mutuelle pour aider les populations dans le domaine de la santé.

Mais aussi aider à structurer ces communautés à travers des GIE, des coopératives et des ONG parce que ce sont ces acteurs qui doivent aider l’Etat dans son travail de développement.

On est dans la dynamique des GIE, des ONGs nationales actives qui doivent prendre en main leur propre développement, l’épanouissement des communautés. Les bénéfices seront investis également dans la structuration de ces jeunes aussi qui doivent compter sur leurs propres forces, leurs intelligences, sur leurs capacités à s’adapter à un contexte nouveau où le chômage menace, l’administration ne peut plus et ne pas engager comme avant. On est plus aux premières heures de l’indépendance où le pays ne comptait que peu de fonctionnaires.

Maintenant, beaucoup de gens sont formés, beaucoup de gens sont diplômés. Il va falloir trouver son propre emploi, créer son propre emploi. La jeunesse doit être interpellée dans ce sens. On veut que les jeunes de Nouakchott sachent qu’il y’a des opportunités au terroir. Ce n’est pas seulement à Nouakchott qu’on peut vivre, il faut revenir au terroir et profiter des opportunités qui s’offrent à eux. L’élevage, l’agriculture, la pêche et les mares qui sont là. C’est pourquoi la thématique des journées culturelles demeure : "Développement Local et Retour au Terroir".

Le Terroir/NGENNDI : votre dernier mot M. Bâ ?

Amadou Demba BA: c’est de remercier tous ceux qui sont déjà venus et tous ceux qui ont contribué de prés ou de loin à la réussite de cet évènement. Ils sont venus de partout, du Gorgol, du Sénégal, du Brakna, de Nouakchott, de la diaspora, de Nouadhibou, de Zouératt, d’Atar, de Rosso bref de toutes les régions. Il y’a eu des contributions qui nous sont venues de partout. N’oubliez pas que la communauté organisatrice est repartie sur les deux régions, que sont le Brakna et le Gorgol. Il y’a eu un rappel des ressortissants où chacun s’est senti fier de contribuer à la réussite de la manifestation culturelle.

Nous avons "Dental-2018", nous espérons qu’il y’aura "Dental-2019" ; ainsi de suite. Ça été les jeunes et leurs ainés. Juste un début et nous osons espérer que ce sera le début d’un processus que les jeunes vont reprendre en main le flambeau. Car ce genre d’activités aussi, c’est les jeunes qui peuvent le pérenniser.

Le Terroir/NGENNDI : je vous remercie monsieur BA.

Amadou Demba BA: c’est moi qui vous remercie M. DIOP. Le journal "Le Terroir" est une autre concrétisation de ce que nous souhaitons. C’est le premier journal qui est du terroir. Bon courage et félicitation.

Propos recueillis par Daouda Abdoul Kader DIOP





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