Cridem

Lancer l'impression
14-02-2018

07:54

Entretien avec Barre R. SEguin d'AFRICOM : "Une Afrique sûre est dans l’intérêt des Etats-Unis"

Afrimag - Depuis juin dernier, suite au décès de quatre soldats américains au Niger, la force américaine AFRICOM est, malgré elle, sous les feux de la rampe, à cause de son engagement sur le continent.

Actuellement, environ 6000 soldats américains se trouvent en Afrique, précise le Major Général Barre R. Seguin, en charge de la Stratégie, des plans et des programmes de la U.S. Africa Command (AFRICOM) dont le quartier général est basé à Stuttgart-Mohringen en Allemagne.

Dans cette interview, le général Barre R. Seguin, – rencontré à Marrakech en marge des Atlantic Dialogues -, insiste sur l’importance pour les Etats-Unis d’accompagner les pays africains pour le renforcement de leur défense.

AFRIMAG : Comment le Commandement des Etats-Unis pour l’Afrique voit le G5 Sahel, regroupant le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad ?

General Barre R. Seguin : Nous félicitons les pays contributeurs à la Force G5 Sahel – Le Burkina Faso, le Tchad, le Mali, la Mauritanie, et le Niger – d’avoir crée ladite force conjointe, et reconnaissons que cette force a déjà fait des progrès dans le développement initial de ses capacités opérationnelles. Nous considérons la Force conjointe G5 Sahel comme une importante initiative menée par des Africains qui peut aider à rétablir la paix et la sécurité dans le Sahel.

Comment se traduit votre appui à ce groupement militaire pour lutter contre le terrorisme au Sahel?

Les États-Unis se sont engagés le 30 octobre de l’année passée à contribuer jusqu’à 60 millions de dollars en appui bilatéral pour soutenir les efforts de la force conjointe G5 Sahel pour la lutte contre le terrorisme.

N’aurait-il pas été plus judicieux pour Africa Command d’avoir sa base dans l’un des pays du Sahel pour mieux soutenir le G5 Sahel, le Niger par exemple où vous êtes déjà présents militairement ?

Les Etats-Unis continuent à soutenir le développement de cette force opérationnelle avec nos partenaires français qui sont des acteurs militaires-clés dans le Sahel. Pour clarifier notre position, la seule présence permanente du Commandement des États-Unis pour l’Afrique (AFRICOM) sur le continent africain est le site de la Force opérationnelle inter-armée pour la Corne de l’Afrique à Djibouti. Cependant, AFRICOM dispose de trois sites de coopération en matière de sécurité (Cooperative Security Locations, CSL) dans deux des pays du G5 Sahel : un à Niamey sur la base 101 des forces aériennes du Niger, un en cours de construction à la base aérienne nigérienne 201 à Agadez et un à Ouagadougou au Burkina Faso. Ces CSLs sont caractérisés par la présence périodique de forces américaines, avec peu ou pas de présence militaire permanente ou d’infrastructures sous contrôle américain. Ces emplacements sont généralement utilisés pour des missions telles que la coopération en matière de sécurité et le renforcement des capacités des pays partenaires, et ils peuvent soutenir une présence d’effectifs accrue de durée déterminée quand il le faut.

AFRICOM est en train de construire une base aérienne de lancement de drones au Niger. Quand précisément cette base sera-t-elle opérationnelle ?

L’armée américaine est à Agadez à la demande du gouvernement du Niger, et nous restons déterminés à aider nos partenaires africains à protéger leurs frontières dans le cadre de leur sécurité nationale et à travers d’autres efforts qui sont importants pour les citoyens du Niger. Le Commandement des Etats-Unis pour l’Afrique a conclu un accord avec le gouvernement nigérien pour permettre la construction d’une nouvelle piste d’atterrissage et de toutes les chaussées, installations et infrastructures connexes sur la base aérienne nigérienne 201. Actuellement, il n’y a pas d’avions opérant à partir de cette base 201 car elle est en cours de construction. La finition de cette infrastructure militaire est prévue en 2018 en raison des défis logistiques associés à la construction d’un aérodrome en plein désert.

Le 4 juin dernier, au Niger toujours, quatre soldats américains ont perdu la vie dans des conditions troubles. A la suite de cela on a appris qu’il y avait 1500 soldats américains rien qu’au Niger. Pourquoi ce pays est-il aussi important aux yeux des Etats-Unis et pouvez-vous nous dire où en est l’enquête sur la mort de vos soldats ?

La première partie de votre question est inexacte ! Pendant plus de 20 ans, de temps à autre l’armée américaine a eu des forces au Niger. Aujourd’hui, environ 800 Américains sont dans ce pays dont des militaires, des civils du Département de la Défense et des contractants qui travaillent dans le cadre d’un effort international mené par 4000 soldats français pour vaincre les terroristes en Afrique de l’Ouest. Sur l’ensemble du continent africain, le Commandement des États-Unis pour l’Afrique a une présence quotidienne d’environ 6000 (hormis l’Égypte), dont la majorité (environ 4000) est sur notre site permanent au Camp Lemonnier à Djibouti.

L’enquête sur les détails de l’attaque du 4 octobre qui a causé la mort de quatre (4) soldats américains est toujours en cours. Il ne serait donc pas prudent de ma part de commenter ses conclusions initiales. Les forces américaines sont au Niger pour travailler au côté de, avec et par l’intermédiaire des partenaires nigériens afin de promouvoir la stabilité et la sécurité dans la région, tout en leur permettant eux-mêmes de faire face aux menaces sécuritaires. L’une des façons dont les États-Unis réalisent cela consiste à fournir une formation et une assistance en matière de sécurité aux forces armées nigériennes, notamment en matière de renseignement, surveillance et reconnaissance (ISR) pour cibler les organisations extrémistes violentes dans la région.

Ces efforts soutiennent les objectifs diplomatiques et de sécurité nationale des États-Unis et sont conçus pour renforcer les relations avec les partenaires africains, promouvoir la stabilité et la sécurité et permettre aux partenaires africains de faire face eux-mêmes aux menaces sécuritaires.

Aujourd’hui quelle est la place de l’Afrique dans la politique de défense américaine, compte tenu de la menace terroriste ?

Notre mission principale consiste à aider nos partenaires africains à renforcer leurs capacités de défense. Nos efforts visent principalement à aider les pays africains et les organisations régionales à développer des forces militaires compétentes et professionnelles qui respectent les droits de l’Homme, adhèrent à l’État de droit et contribuent plus efficacement à la stabilité en Afrique. Une Afrique sûre, stable et sécurisée est dans notre intérêt national. Notre travail contribue à renforcer les capacités de défense des États africains et des organisations régionales afin de leur permettre de faire face plus efficacement aux menaces sécuritaires – réduisant ainsi les menaces à nos propres citoyens et à nos intérêts à l’étranger aussi bien que chez nous.

Par Anthioumane D. Tandia Directeur de Publication – Casablanca



Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


 


Toute reprise d'article ou extrait d'article devra inclure une référence www.cridem.org