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23-02-2018

12:30

Gianni Infantino parle à l’Afrique: « s’enrichir avec l’argent du football? on va sanctionner »

Africa Top Sports - Suite et fin (Lire la 1ère partie) de l’entretien accordé par Gianni Infantino, président de la FIFA (Fédération internationale de football association) à des médias du continent dont Africa Top Sports en marge du Sommet exécutif de l’instance le 18 février dernier à Nouakchott en Mauritanie.

La Coupe du Monde 2026 passera à 48 pays dont 9 pays et demi pour l’Afrique. Quels critères ont guidé ce choix pour l’Afrique et pourquoi pas plus ?

Alors le fait qu’on est monté à 48 pays et qu’on ait presque doublé le nombre d’équipes africaines est déjà un pas très important parce que depuis des décennies on promettait à l’Afrique des places qui n’arrivaient jamais mais il n’y avait jamais de places en plus pour l’Afrique parce que finalement les places étaient limitées. Et on ne faisait rien de concret.

Maintenant on a doublé pratiquement les places de 5 à 9 et demie, cela va changer complètement la dynamique des matches de qualifications en Afrique parce que aujourd’hui, même au dernier tour, dans les groupes de 4 si vous perdez un match et qu’il y en a un qui passe vous rentrez à la maison.

Avec le nouveau système, si la formule reste la même il y en aura 2 qui vont passer.

Donc ça change tout, ça change surtout la dynamique de ceux qui veulent participer à la coupe du monde. Ils vont commencer à investir maintenant pour participer aux

Pour moi, c’était évident d’augmenter le nombre parce que le football est universel et il est plus facile de développer le football avec un plus grand nombre de pays participants.

Doubler le nombre de pays africains c’est important, mais qu’on sache qu’il n’est pas question de donner une place, la qualification doit se mériter mais en augmentant le nombre, on permet à beaucoup de se qualifier mais le niveau du football a augmenté.

Mais aussi avec cette augmentation concernant l’Afrique, les perspectives vont changer alors qu’avec le système de qualification avec un seul match perdu, on est quasiment éliminé.

Avec le mode actuel, on va se changer dynamique parce qu’au lieu, on aura deux qualifiés et la philosophie des pays lors des éliminatoires changera en ce sens, les pays vont décider d’investir dans le futur dès maintenant pour assurer leur qualification qui se fera au mérite

Pourquoi avoir supprimé la task force contre le racisme alors que la question reste récurrente dans tous les stades du monde et quel est le plan de la FIFA pour éradiquer toutes les formes de violences et de ségrégations dans les stades ?

Ecoutez, quand on veut lutter efficacement contre le racisme, il faut le faire avec des actions concrètes et non à travers des Commissions ou des task force. Un ancien politicien m’a dit que pour refuser d’avancer dans un domaine, il faut mettre sur pied une une task force, une commission où on discute beaucoup sans rien faire.

Dans cette volonté de faire bouger les choses et aller dans le sens de notre philosophie allant dans le sens de plus de diversité, nous avons décidé d’engager une femme secrétaire générale, des membres d’autres associations dans toutes les Commissions.



Qu’est ce qui a motivé le choix de la nomination d’une femme et d’une africaine au poste de secrétaire général de la FIFA ? En l’occurrence Fatma Samoura du Sénégal.


Sur Fatma Samoura. j’étais persuadé et je l’ai dit pendant la campagne que la Fifa changera de par son organisation.

Et le premier changera doit venir de l’administration de la Fifa en faisant de personnes de différentes cultures. Ainsi, je voulais un secrétaire général ou une secrétaire générale qui venait d’un continent différent du mien et Il est important d’avoir quelqu’un en dehors du football mais qui travaille dans le secteur du développement. C’est pour cela qu’elle a été engagé et on s’est mis d’accord.

Nous avons ouvert le Conseil de la Fifa à plus de femmes, à plus de personnes d’horizons divers parce que dans le passé, il ne travaillait à la Fifa que des personnes en provenance de l’Europe occidentale notamment des Suisses, des Français, des Allemands.

Ces gens sont très compétents mais il y a des compétences dans d’autres pays aussi.

Concernant le racisme, l’arbitre peut interrompre une partie en cas d’actes de racisme temporairement ou définitivement. La Fifa mène des campagnes de sensibilisations pour lutter contre.

Quels sont les mécanismes de contrôle mis en place par la FIFA pour surveiller pour la bonne utilisation des fonds alloués aux associations africaines ?

Par rapport ce qui s’est passé récemment, on est obligé de mettre la bonne gouvernance et le contrôle de façon très importante pour l’investissement de ces fonds.

Alors on a mis en place des systèmes très détaillés avec un contrat signé avec chaque fédération avec des demandes des fédés pour chaque projet où tout est contrôlé par l’administration de la FIFA, puis approuvé par une commission qui celle de développement où il y a des membres indépendants.

On a mis en place un système d’audit centralisé où chaque fédération va être auditée par des auditeurs externes de la FIFA et les rapports vont être adoptés. Evidemment, je le dis et je répète, on distribue, on investit 4 fois plus. 1 milliard 400 millions sur 4 ans.

Si quelqu’un, aujourd’hui, pense encore qu’il peut s’enrichir illicitement avec l’argent du football, faut qu’il parte. Parce qu’on va le chauffer et si on le prend, on va le sanctionner.

Sur le continent, le football et la politique font bon ménage, ce qui est contraire à la vision de la FIFA. La FIFA ne gagnerait-elle pas à mieux apprécier le contexte africain où les Etats sont les principaux bailleurs du football ?

Pour moi, les Etats doivent être des partenaires. J’ai une vision très différente de celle du passé sur le sujet car je pense qu’on doit avancer la main dans la main avec les Etats. Evidemment, On va jamais accepter une ingérence de l’Etat dans les affaires du football.

Par contre, pour des fléaux comme la violence, la corruption, le trucage des matchs, pour le développement du football, on doit travailler avec les Etats. Et dans cette optique que j’ai rencontré récemment à Davos le président Paul Kagamé qui est le président en exercice de l’Union Africaine afin de discuter d’un projet commun pour le football, etc…



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