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05-03-2018

08:00

Dégradation de l'Etat de droit en Mauritanie : l’AMDH tire sur la sonnette d’alarme

Le Calame - L’Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH) pointe un doigt accusateur face au recul des libertés, la situation alarmante dans les prisons et le sort peu enviable des défenseurs des droits de l'Homme.

Ainsi, l’AMDH a exprimé, ce vendredi (2 mars), ses vives craintes, quant à la dégradation de la situation de l'Etat de droit en Mauritanie. Et ce, deux mois avant la réunion de la 62ème session de la Commission Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples à Nouakchott.

« La situation des défenseurs des droits de l'Homme est particulièrement inquiétante. Les entraves à la liberté d'association, de manifestation, de circulation et de réunion sont constantes et grandissantes dans le pays. En effet, malgré les recommandations répétées de la société civile mauritanienne, les libertés, acquis garantis par la constitution, ne sont pas respectées», a déploré l’AMDH, dans un communiqué diffusé à la fin de la conférence de presse animée conjointement par Me Fatimata M’Baye, présidente, entourés de M’Bow Amadou, secrétaire général et de leurs collaborateurs Ousmane Chérif Touré et Pierre Brunisso.

Convaincue que la société civile est un des piliers d'une démocratie qui progresse, l'AMDH s'inquiète également des restrictions adressées à l'égard des organisations de protection des droits de l'Homme et des défenseurs de droits humains.

« La création d'association est soumise à un régime d'autorisation qui ne respecte pas le Pacte International des Droits Civils et Politiques signé et ratifié par la Mauritanie. Au surplus, la possibilité de se réunir est également soumise à ce régime, les évènements organisés par la société civile sont désormais systématiquement refusés. De plus, la police anti-émeute mauritanienne continue de faire un usage disproportionné de la force pour disperser les manifestants », dénonce l’AMDH.

« La situation des lieux de privation de liberté ne s'est pas améliorée. Particulièrement alertée ces derniers mois, l'AMDH s'inquiète de la situation des détenus et personnes interpellées. En contradiction avec les instruments nationaux et internationaux ratifiés par la Mauritanie, les plaintes concernant les allégations de torture ne sont pas prises en compte par les autorités judiciaires compétentes et font souvent l’objet d’un classement sans suite », se plaint l’AMDH.

"En outre, l'accès des organisations aux lieux de détention est désormais impossible pour les différents acteurs de la société civile mauritanienne. Depuis 2017, l'AMDH n'a pas obtenu l’autorisation d'accès aux lieux de privation de liberté et cela malgré ses multiples démarches et courriers adressés aux services compétents des ministères de la Justice et de l’intérieur", renseigne le communiqué.

Dans le cadre du projet «Etat de droit», l'AMDH fournit un soutien juridique dans plusieurs prisons et quartiers déshérités de Nouakchott. « Par son silence, la direction des services pénitenciers durcit actuellement la procédure d’accès aux prisons et autres lieux de détentions. Face à cette situation de non droit, l'AMDH exige l'accès à tous les lieux de détention pour permettre aux détenus de bénéficier des aides juridiques et judiciaires nécessaires », sollicite-t-elle.





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