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23-03-2018

12:30

Conflits et sécheresse: la famine augmente encore

Libération‎ - L’ONU et le l’UE pointent ce jeudi dans une étude la hausse de la population en situation d'«insécurité alimentaire grave» sur la planète en 2017. Soit 124 millions d'humains de 51 pays, surtout d'Afrique et du Moyen-Orient.

Conflits et sécheresse: la famine augmente encore

La situation ne s’améliore pas, bien au contraire. En cause: l’intensification des conflits et la sécheresse persistante dans plusieurs régions du monde.

En 2017, 124 millions de personnes ont été «jugées à la merci d’une famine», indique ce jeudi le «rapport mondial sur les crises alimentaires 2018» publié par l’Union européenne, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM).

En 2017, le même travail, réalisé par un groupe de partenaires humanitaires internationaux, avait estimé que 113 millions d’humains dans le monde avaient été confrontés à une insécurité alimentaire grave en 2016, contre 80 millions en 2015.

En septembre 2017, la FAO avait noté qu’après une régression constante durant plus d’une décennie, la faim dans le monde avait progressé de nouveau en 2016, touchant 815 millions de personnes, soit 11% de la population mondiale.

Au premier rang des 51 nations touchées par une «situation de faim aiguë» en 2017 figurent 18 pays engagés dans des conflits ou en situation de «grave insécurité», comme le Yémen, le nord du Nigeria, la République démocratique du Congo, le Soudan du sud et la Birmanie, souligne l’étude. Par ailleurs, en Afrique orientale et australe, la «sécheresse persistante a également joué un rôle majeur […], entraînant des réductions consécutives des récoltes dans des pays déjà confrontés à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire».

Selon le rapport, «l’insécurité alimentaire aiguë» existe «lorsque l’incapacité d’une personne à consommer des aliments adéquats met sa vie ou ses moyens de subsistance en danger immédiat». On parle de faim chronique «quand une personne n’est pas capable de consommer suffisamment de nourriture pour maintenir un mode de vie normal et actif sur une période prolongée».

Pessimisme pour 2018

Cette année, «les crises alimentaires vont probablement devenir plus aiguës, persistantes et complexes compte tenu des tendances actuelles et de leurs causes profondes, avec des effets dévastateurs sur la vie de millions de personnes», prévoit Neven Mimica, Commissaire européen à la coopération internationale et au développement.

Ainsi, pour cette année, les trois organisations avancent que les conflits et l’insécurité resteront «probablement les principales causes de crise alimentaire» touchant l’Afghanistan, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, le nord-est du Nigeria, la région du lac Tchad, le Soudan du sud, la Syrie et le Yémen, ainsi que la Libye et le Sahel central (Mali et Niger).

«C’est la principale raison de la plupart des cas d’insécurité alimentaire aiguë dans 18 pays, dont 15 en Afrique et au Moyen-Orient, indique le rapport. C’est la principale raison de [cette situation] dans le monde, représentant 60% du total, soit 74 millions de personnes.»
De plus, l’impact de la sécheresse sur le bétail et les cultures vivrières augmentera l’insécurité alimentaire «dans les zones pastorales de la Somalie, le sud-est de l’Ethiopie, l’est du Kenya, ainsi que les pays de l’ouest et du Sahel, tels le Sénégal, le Tchad, le Niger, le Mali, la Mauritanie et le Burkina Faso».

Seule l’Afrique australe devrait connaître en 2018 une amélioration de sa situation grâce à l’augmentation de la production céréalière l’an passé et à la baisse des prix des denrées alimentaires.

Enfin, selon le rapport, le Yémen continuera d’être le pays confronté à la plus grande crise alimentaire au niveau mondial. Pire, selon l’étude, la situation devrait «se détériorer» cette année en raison de «l’accès restreint», de «l’effondrement économique» et «des épidémies».

Malgré ce constat, le directeur exécutif du PAM, David Beasley, veut se montrer optimiste: «Ce rapport montre l’ampleur des crises actuelles, mais il nous montre aussi que si nous rassemblons la volonté politique et la technologie d’aujourd’hui, nous aurons un monde plus pacifique, plus stable et où la faim n’appartiendra plus qu’au passé.» A vérifier en mars 2019 lors de la remise du prochain rapport.

Philippe Brochen



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