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04-05-2018

19:00

On ne fait pas une révolution contre le Système avec des hommes du système

Adrar-Info - La crise que le gouvernement nie est pourtant réelle. Le peuple, sans connaissance des chiffres et de leur signification, en parle à longueur de journée dans les marchés, les taxis et les bureaux. Que le Premier ministre évoque des caisses pleines à craquer (850 millions USD de réserves en devises) n’empêche pas les prix de grimper.

En l’espace de 5 ans, certains sont passés du simple au double. Que la Banque mondiale et le FMI continuent à répéter, comme ils le faisaient du temps de Taya, que « tout est bien dans le meilleur des mondes possibles », la triste réalité est là : un gouvernement obligé de ruser, de mentir, « voler » même et de mendier pour limiter les dégâts.

C’est en termes à peine voilés que le président de la République a reconnu ce fait, à « Tarhil », quand il a évoqué les « mesures » prises pour éviter la catastrophe.

Il faisait sans doute allusion à ces prix de carburant que le gouvernement refuse obstinément de baisser malgré une conjoncture internationale favorable à une telle tendance.

Aziz a fait preuve de plus de courage – certains diront de témérité – que le Premier ministre et le ministre de l’économie et des Finances qui continuent à vendre l’illusion d’un pays qui marche.

L’autre aspect de cet échec de la gouvernance (ou de la gouvernance de l’échec) est le taux très élevé d’imposition sans lequel on allait assister à l’effondrement de l’Etat.

Avec la rente tirée de la vente au prix fort du carburant, l’impôt d’Ould Diaye maintiennent en vie une économie exsangue privée, depuis 2015, des apports conséquents de la SNIM (Société nationale industrielle et ministère) et ne pouvant plus supporter le poids d’une dette extérieure arrivée à saturation.

Qui est responsable d’une telle situation ?

J’ai déjà dit que je laisse de côté le retour au passé peu glorieux d’un président qui a à son actif un coup d’Etat et…une « Rectification ».

En 2005, Aziz était un homme de bonne volonté mais pas en 2008. Il avait refusé le retour des hommes de Taya avant de se raviser et de recourir à eux, en « indépendants », pour faire élire Sidioca, et en « frondeurs » pour préparer sa chute quinze mois après. C’est là le péché originel dont il paie le prix aujourd’hui.

Aziz a oublié qu’on ne fait pas une révolution contre le Système avec des hommes du système. Pratiquement tous les anciens Premiers ministres de Taya avaient repris du service à ses côtés sans parler d’anciens ministres et parlementaires ainsi que des chefs de tribus et des notables qui ont pour devise « être avec le pouvoir ici et maintenant » et « attendre et voir venir ».

Le recours à ces hommes et femmes a charrié avec lui les vieilles pratiques qui ont perdu Taya. Les nominations avec système de quotas, le favoritisme et la complaisance ont eu raison des idéaux du changement de 2005 et du coup de force de 2008.

La lutte contre la gabegie, la proximité avec les faibles ayant pour slogans « le président des pauvres » et le « changement constructif » ont été détournés de leur voie et ramener au « cours » boueux de l’ère Taya.

Mais au-delà de la responsabilité politique, il y a la responsabilité économique qui incombent à trois hommes aujourd’hui loin des lumières : Sidi Ould Tah, Ismail Ould Bodde Ould Cheikh Sidiya et Sid’Ahmed Ould Rayess, anciens ministres des Affaires économiques, de l’Habitat et de l’urbanisme et gouverneur de la Banque centrale de Mauritanie.

Ce trio avait le vent en poupe et « imposait » a Aziz une politique économique et financière sans vergogne : recours aux emprunts auprès des fonds arabes, investissements de prestige (sans études sérieuses) et populiste et indicateurs économiques douteux.

La volonté de sortir de la crise de 2008-2009, à tout prix, a conduit l’équipe économique du gouvernement Moulaye Ould Mohamed Laghdaf à prendre des risques qui s’avèrent aujourd’hui loin d’être bons.

Empêtré jusqu’au cou, et sans perspectives de sortie de crise, à court terme, le pouvoir ne peut que continuer sa fuite en avant. Et c’est le tout nouveau (tout beau) ministre des Affaires économiques et des Finances Moctar Ould Diaye qui se voit confier cette « lourde » responsabilité.

Et le nouveau « champion » d’Aziz, un adepte du « ça passe ou ça casse », nous joue sa partition avec des airs qui rappellent les derniers jours de Taya.

Sneiba Mohamed




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