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11-05-2018

07:00

En Mauritanie, le blasphème est désormais puni par la peine de mort

La Croix - Le 27 avril, le parlement mauritanien a renforcé sa législation contre le blasphème. Désormais, le crime de blasphème est puni par la peine capitale. L’Assemblée nationale mauritanienne a adopté un texte qui durcit l’article 306 du Code pénal relatif au crime d’apostasie.

L’ancien texte du Code pénal stipulait que « tout musulman coupable de crime d’apostasie, soit par parole, soit par action de façon apparente ou évidente, sera invité à se repentir dans un délai de 3 jours ».

La nouvelle loi supprime la possibilité de se repentir pour certaines infractions liées à l’apostasie. Elle rend la peine de mort obligatoire en cas de « propos blasphématoires » et d’«actes sacrilèges».

Pour justifier ce durcissement, le ministre de la défense, Mamadou Bathia Diallo, a expliqué que les dispositions de l’ancien texte de loi « sont en contradiction avec la doctrine malékite » qui est celle de l’État. Il a ajouté que la nouvelle loi intervient pour corriger ce « dysfonctionnement ».

Nouvelle loi 

Selon les dispositions du nouveau texte, « chaque musulman, homme ou femme, qui se moque ou outrage Allah ou Son Messager (Mohammed), Paix et Salut sur Lui, ses anges, ses livres ou l’un de ses Prophètes est passible de la peine de mort, sans être appelé à se repentir. Il encourt la peine capitale même en cas de repentir ».

La nouvelle loi prévoit par ailleurs une peine allant jusqu’à deux ans d’emprisonnement et une amende pouvant aller jusqu’à 600 000 ouguiyas (environ 13 804 €) pour « atteinte à la décence publique et aux valeurs de l’islam » et « non-respect des interdictions prescrites par Allah » ou facilitation de leur non-respect.

Indignation des associations de droits de l’homme

Le durcissement de la législation mauritanienne – déjà répressive en matière de blasphème – a suscité l’indignation de plusieurs organisations de défense des droits de l’homme. Action des chrétiens pour l’abolition de la torture, Amnesty International, Human Rights Watch entre autres ont appelé l’État islamique à abroger la nouvelle loi. Ils ont également demandé la remise en liberté de Mohamed Cheikh Ould Mkhaïtir.

Ce Mauritanien d’une trentaine d’années a été déclaré coupable d’apostasie et condamné à mort en décembre 2014 pour avoir critiqué sur Facebook l’instrumentalisation de la religion au service de la discrimination.

Sa peine a ensuite été ramenée à deux ans d’emprisonnement après un jugement de la cour d’appel suite au repentir public du blogueur. Mais Mkhaïtir est toujours en prison, plusieurs mois après avoir purgé sa peine. Pour obtenir sa condamnation à mort, le parquet s’est pourvu en cassation.

Selon les observateurs, avec le vote de cette nouvelle loi et le soutien de milliers de Mauritaniens qui sont plusieurs fois descendus dans la rue pour réclamer sa mise à mort, il y a peu de chances pour le blogueur soit un jour libéré.

Lucie Sarr



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