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24-05-2018

20:30

Des remugles de corruption sur les bords du fleuve Sénégal

Mondafrique - Depuis 2016, une quinzaine de groupes internationaux se disputent la construction d’un barrage hydroélectrique à Koukoutamba au coeur de la Guinée Conakry. Trois groupes restent en lice début 2018. Tous trois chinois. Et tous les coups semblent permis.

Récit.

L’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS), qui regroupe le Mali, la Mauritanie, le Sénégal et la Guinée Conakry, devrait bientôt lancer les travaux de construction de son barrage hydroélectrique de Koukoutamba en Guinée, a annoncé le haut-commissaire de l’organisation ce jeudi à Dakar.

Ce gigantesque projet devrait coûter la coquette somme de 650 milliards de francs CFA, des fonds que l’opérateur choisi a la mission de trouver lui même. Signe des temps, sur la quinzaine de groupes qui se disputent depuis 2016 l’appel d’offres, trois ont été retenus. Et tous les trois, au cœur pourtant de l’Afrique francophone, sont des sociétés chinoises: CGGC, CWE, SNOHYDRO.

Ce sont apparemment les seuls groupes capables de comprimer suffisamment les couts de revient et de trouver les partenaires financiers crédibles. Chaque jour, la Chine marque des points, même dans le pré carré français.

L’opération était à priori exemplaire. Les quatre pays riverains du fleuve Sénégal avaient monté l’appel d’offre dans des conditions de grande transparence. La Banque Mondiale applaudissait l’initiaitive.

Au dessus de tout soupçon

Le premier examen des dossiers qui intervient en mars 2017 permet d’écarter l’entreprise SINOHYDRO pour non conformité de la garantie bancaire. Laquelle entreprise fait appel de cette décision et est finalement débouté par ne commission d’experts indépendants.

Lorsque le 24 juillet 2017, les offres commerciales sont examinées, la conclusion s’impose: la CGGC avec une proposition à 732,6 millions de dollars l’emporte sur CWE dont le devis de 999 millions de dollars est nettement plus élevé.

Des prolongations surprise

Mais la surprise, la voici : la société qui a présenté la meilleure offre n’est pas celle qui sera finalement retenue par les quatre pays membres de l’OMVS. A la demande du ministre malien de l’énergie, le groupe SINOHYDRO est autorisé, contre toute attente, à faire une offre financière. Le 26 janvier 2018, les trois concurrents sont convoqués.

Avec un devis de près de 739 millions de dollars supérieur à celui de la CGGC, SINOHYDRO est présenté comme le gagnant de cet appel d’offre biaisé où les propositions financières se font en deux temps et où le gagnant n’est pas le mieux disant! Les recours gracieux n’y feront rien, qui seront rejetés.

Seulement voila, l’entreprise CGGC a introduit un recours gracieux auprès de l’Autorité de Régulation des Marchés Publics du Sénégal qui vient de suspendre l’attribution du marché.

Dans les coulisses de ces négociations épineuses, certains évoquent de possibles gâteries financières offertes à certains décideurs politiques. D’autres voient la main des autorités de Conakry dans l’imbroglio actuel. Le président Alpha Condé pourrait bien chercher à s’approprier seul ce projet qui peut lui apporter un regain de popularité.

Le constat est amer. La coopération régionale toujours souhaitée et toujours remise à plus tard semblait exemplaire. C’est la condition sine qua non pour résister à la pression des groupes internationaux. Or ce sursaut salutaire trébuche, une fois encore, sur des calculs politiciens ou des tentations mercantiles. Au détriment des peuples concernés.



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