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26-08-2018

21:15

Le président Emmerson Mnangagwa prête serment pour un "nouveau Zimbabwe"

France24 - Le président du Zimbabwe Emmerson Mnangagwa a prêté officiellement serment, dimanche dans un stade de Harare, annonçant "l'aube de la 2e République". Le candidat de l'opposition Nelson Chamisa, qui ne reconnaît pas sa défaite, a boudé la cérémonie.

Sous un tonnerre d’applaudissements et après des semaines de tensions avec l'opposition, le président du Zimbabwe Emmerson Mnangagwa a officiellement prêté serment, dimanche 26 août à Harare.

"Moi, Emmerson Dambudzo Mnangagwa, jure qu'en tant que président de la République du Zimbabwe, je serai fidèle au Zimbabwe et défendrai la Constitution du Zimbabwe", a déclaré le nouveau chef de l'État lors de la cérémonie d’investiture. "Je protègerai et promouvrai les droits des Zimbabwéens, avec l'aide de Dieu", a-t-il ajouté, le buste ceint d'une écharpe verte, devant des milliers de partisans et de nombreux chefs d'État africains réunis dans un stade de la capitale.



Parmi eux, le Sud-Africain Cyril Ramaphosa, le Zambien Edgar Lungu et le Rwandais Paul Kagame. Emmerson Mnangagwa a promis une série de réformes pour sortir le pays de la crise économique catastrophique qu'il traverse, annonçant "l'aube de la 2e République du Zimbabwe".

"Nous allons lancer des mesures pour attirer les investissements nationaux et étrangers (...), la création d'emplois sera au cœur de nos efforts", a-t-il lancé dans un discours concluant sa cérémonie d'investiture, "voici le nouveau Zimbabwe".

"Il a fait un discours plutôt unificateur, analyse la correspondante de France 24 en Afrique du Sud, Caroline Dumay. Il a parlé de son élection qu’il a qualifiée de plébiscite.

Il a parlé des violences qu’il a qualifiées d’isolées, de déplorables et de malheureuses, mais il a appelé les Zimbabwéens à s’unir pour un nouveau Zimbabwe."
Reste à savoir si les actes suivront les discours, selon la journaliste : "Beaucoup de Zimbabwéens restent un peu sur leur faim et sur ce qu’il s’est passé dans les dernières semaines.

On parle beaucoup d’un nouveau Zimbabwe mais le personnel politique a peu changé – Emmerson Mnangagwa, on le connaît – et les méthodes non plus n'ont pas beaucoup changé. Dans les dernières semaines, il y a eu des exactions en matière de droits de l’Homme de la part de l’armée et des forces de l’ordre. On est donc au Zimbabwe face à un nouveau chapitre, mais un avenir encore très incertain."


"Le personnel politique et les méthodes ont peu changé"



Enquête sur la répression du 1er août


Emmerson Mnangagwa a d'ailleurs promis la création d'une commission d'enquête sur la répression de la manifestation post-électorale de l'opposition du 1er août, qui s'est soldée par la mort de six personnes. "L'incident violent isolé et malheureux du 1er août était regrettable et totalement inacceptable", a-t-il déclaré. "Pour tourner la page de cette question, j'annoncerai bientôt la nomination d'une commission d’enquête."

Une annonce qui interroge notre correspondante Caroline Dumay : "La question est : est-ce qu’il contrôle le Zimbabwe ? Car s’il demande une commission d’enquête sur les exactions commises par ses propres militaires, ça veut dire qu’il n’a pas donné l’ordre. Je crois que les Zimbabwéens sont très inquiets.

Qui contrôle le Zimbabwe ? Le gouvernement ? L’armée ? Les services secrets, qui continuent à kidnapper et à frapper des opposants régulièrement ? Ça n’est vraiment pas très clair." "On est aussi dans une situation où, non seulement l’opposition est frustrée et a vraiment du mal à digérer sa défaite, mais où le parti au pouvoir est aussi extrêmement divisé",
ajoute la journaliste de France 24.

"Les Zimbabwéens sont inquiets : qui contrôle le Zimbabwe ?"



Emmerson Mnangagwa, 75 ans, a pris la tête du Zimbabwe en novembre dernier après la démission de Robert Mugabe, lâché par l'armée et son parti au pouvoir, la Zanu-PF, au terme d'un règne autoritaire de 37 ans.

Candidat de la Zanu-PF, l'ancien vice-président a été proclamé vainqueur de l'élection présidentielle du 30 juillet, crédité de 50,8 % des suffrages contre 44,3 % à son rival du Mouvement pour un changement démocratique (MDC), Nelson Chamisa. Arguant de nombreuses fraudes, le MDC a contesté ces résultats devant la Cour constitutionnelle. Mais la plus haute instance judiciaire du pays a validé finalement le scrutin vendredi.

"Notre pays va maintenant se développer avec le président Mnangagwa à sa tête", s'est réjoui dimanche un de ses partisans, Blessing Muvirimi, venu assister à sa prestation de serment. "Mnangagwa est l'homme qu'il nous faut pour mener le Zimbabwe à la prospérité", a-t-il ajouté, au milieu des banderoles "célébrons un nouveau Zimbabwe" ou "tolérance zéro pour la corruption" déployées dans le stade.

Mais l'opposition a déjà opposé au camp du vainqueur une sèche fin de non-recevoir. "Je me considère légitimement comme le dirigeant du Zimbabwe (...) nous avons remporté une nette majorité", a déclaré samedi devant la presse Nelson Chamisa, qui a délibérément boudé la cérémonie d’investiture. "La voie juridique n'est pas la seule vers la liberté, la Constitution nous donne le droit de manifester pacifiquement", a-t-il dit.

Avec AFP



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