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29-08-2018

19:00

Campagne électorale : Dernière ligne droite avant la vérité des urnes !

Le Rénovateur Quotidien - La kyrielle de candidats aux scrutins législatifs, régionaux et municipaux entament la dernière ligne droite consacrant la fin d’une campagne qui, de l’avis des mauritaniens et des observateurs est, malgré l’explosion du nombre des prétendants, n’a pas été à la hauteur des attentes tant les programmes n’étaient point au rendez-vous.

En lieu et place ce fut une bataille rangée entre les candidats de l’opposition et ceux de la majorité au sens large. L’upr, le parti présidentiel qui se targue d’avoir la confiance des électeurs s, fait face à des sérieuses oppositions aussi bien si du côté de ses adversaires de la coalition de l’opposition qu’au sein de son propre camp. Sur le front de la bataille psychologique plus que celle des idées, les joutes oratoires font rage sans pour autant fournir aux électeurs matière à pouvoir choisir les candidats dignes de les représenter.

Ni du côté de l’opposition regroupée en coalition pour barrer la route à un Président qui a plus que jamais jeté ses forces dans la bataille, ni les petits candidats trublions de la fête n’ont fait preuve de grande pédagogie dans le discours.

A défaut de faire mieux, ce sont les invectives, attaques en règle et accusations à tout va. L’ambiance de cette campagne est loin de trancher avec l’ordinaire et l’engouement des mauritaniens n’a pas dépassé le stade de la simple curiosité. Les meetings, affiches et postings dans les sites et réseaux sociaux sont les messages les mieux partagés entre les différents candidats en lice qui tentent chacun sa chance plus par le hasard que par la force de persuasion.

L’absence de moyens logistiques et financiers, le manque de stratégie de communication voire l’ignorance totale des règles de jeu politique d’une élection dont la plupart des novices venus comme par hasard sont autant de facteurs qui limitent les pronostics et sondages électoraux dans un pays où le mimétisme est une habitude bien ancrée dans les mentalités. Dès lors la politique est considérée ici comme une « marchandise » qui génère des intérêts.

Promesses tout azimuts

Les mauritaniens ont encore entendu toutes sortes de promesses durant cette campagne. Ils ne savent plus si ce sont des rêves ou des chimères tant les discours sont teintés de démagogie et de chantage. Du président qui sillonne le pays hélico pour galvaniser les masses indécises lassées d’entendre les mêmes redondances sur des réalisations qui n’ont pas changé leur quotidien, aux sorties pimentées de promesses de changements lancées par les différents candidats, les choix à faire sont assurément déterminés par d’autres critères. Et quels critères ?

Sous les tentes sans grandes foules, dans les Etats –majors, dans les rues, les transports, les discussions portent moins sur le profil d’un tel du programme politique que de l’absence d’argent durant toute la campagne. La fête de tabaski est passée par là et les cordons de la bourse électorale sont encore scellés déplorent les mauritaniens pour qui la campagne doit faire bouger les marchés politiques ! Les candidats les plus audacieux promettent de remporter les élections dans des fiefs qu’ils tiennent pour leur chasse-gardée.

Messaoud promet un raz-de-marée à Zouérat, Boidiel à Rosso, les islamistes de Tawassoul à Arafat, l’Ajd à Sebkha, l’upr à Tevragh-zeina, l’opposition coalisée compte déboulonner le parti présidentiel dans les grandes villes jadis acquises au parti de la majorité. Les accrochages seront donc rudes à l’est du pays réservoir électoral des personnalités du parti au pouvoir avec l’artillerie des généraux qui se mêlent au jeu démocratique. A Nouadhibou les armes vont parler politiques. Dans cette deuxième ville du pays, les cartes politiques vont profondément changer avec les divisions et mécontentements qui auront des conséquences sur l’échiquier local.

Au centre c’est encore la même incertitude qui gagne le parti présidentiel qui a fera face à des fortes résistances de l’opposition qui cherche à infliger un revers à l’upr. Dans le sud du pays dans les grandes villes : à Boghe, Kaedi, Sélibabi et dans tous les départements centraux , les velléités de domination du camp de la majorité croisent le fer avec la détermination des forces locales contestatrices qui veulent en découdre avec la volonté imposées par les barons du Parti-Etat. Le est en toute apparence serré partout où l’absence de l’opposition qui boycottait les élections, laissant le terrain libre au parti présidentiel qui gagnait sans coup férir les élections.

Au nord, à Akjoujt, Atar, rien n’est joué d’avance. Là ce sont les mêmes choix contestés dans les rangs de l’upr qui pourraient créer la surprise en donnant des sueurs froides au président dans ses bases « naturelles ». L’acharnement contre son cousin l’homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou originaire dans ces contrées pourrait aussi faire perdre bien des voix opposées à cette chasse aux sorcières engagée contre le fondateur de l’hôpital ophtalmologique.

La campagne électorale qui tire à sa fin est marquée aussi par l’arrestation du leader de IRA Birame Ould Dah suite à une plainte engagée contre lui par un journaliste et derrière laquelle se profilerait la main du pouvoir pour bloquer son ambition de siéger à l’assemblée nationale. Sa candidature à la députation avait été acceptée par la CENI contre un récépissé provisoire avant qu’il soit inculpé par la justice.

Amadou Diaara




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