17:21
Les élections de tous les dangers (Par Imam Cheikh Ely)
 
						
						
						
					
Imam Cheikh Ely - 
Dans quelques heures,  les mauritaniens vont vivre un nouveau tournant de leur histoire politique pour ne pas dire de  leur histoire tout court. 
Des élections parlementaires, municipales et régionales,    prélude elles-mêmes à une élection présidentielle attendue en 2019, vont être organisées d’un seul coup. 
La maturité des nations, des peuples, des pays, se jauge à leur capacité de  réussir ce genre de défis  qui constituent   un thermomètre et un test  de l’ancrage  de la démocratie, de ses fondamentaux, des institutions  et des valeurs républicaines.  
La Mauritanie a certes  franchi des étapes  non négligeables sur ce chemin, étapes sans lesquelles d’ailleurs, nul n’aurait accordé  d’importance  aux événements actuels ; la prise de conscience des enjeux  réels de la situation est le fruit d’un apprentissage commun et individuel des rouages démocratiques depuis quelques décennies.   
					
					
						
											
						
Cette prise de conscience  et cette implication  ne sont nullement  la suite logique   d’une générosité  quelconque  vis-à-vis   des citoyens mais bien au contraire la volonté tenace  des  mouvements  et  acteurs avant-gardistes  que l’on retrouve du reste des deux cotés  des  protagonistes  qui animent la vie politique et culturelle de notre pays. 
Cet acquis mérite que nous le sauvegardions ; Rien,  absolument rien ne doit nous détourner  de l’essentiel à savoir  la cohésion nationale de notre pays,  sa stabilité et ses acquis démocratiques.  Ce souci ne doit pas cependant occulter  la responsabilité de ceux qui ont en charge de piloter le bon déroulement de ces élections et de garantir leur transparence ; 
De même  ceux qui s’engagent  dans des élections à des fins purement  individuelles, claniques, ethniques ou tribales  font un affront aux mauritaniens. Les futurs élus devront trancher entre une victoire pour la victoire,   une victoire pour le prestige,  pour  s’imposer et imposer,  une  victoire sans perspectives, une victoire bouée de sauvetage et  une autre victoire, celle  pour  la paix des cœurs et des  esprits,  pour  l’unité et la cohésion nationales,  pour le respect de l’autre, une victoire  pour l’émergence d’une Mauritanie citoyenne, où règnent la justice et l’équité, le respect  de la chose publique, des institutions, une Mauritanie  débarrassée des inégalités, une Mauritanie libre, développée et prospère,  une Mauritanie où chacun se sent fier d’être mauritanien.  
Autrement dit, les élus  de demain auront  la lourde responsabilité de gérer  autant  d’inconnues que de certitudes   sur tous les  plans ; D’abord politique, avec  le départ  du pouvoir  de l’actuel Président et l’absence d’un  consensus national sur une stratégie d’alternance, ensuite social avec l’acuité des questions  liées aux droits de l’homme et aux inégalités, avec la crise de l’Education et de la santé notamment,  économique avec les grands enjeux découlant de la découverte du gaz,  des fluctuations monétaires, de  la baisse du pouvoir d’achat des mauritaniens  et de la hausse vertigineuse des prix, enfin sécuritaire avec les menaces du terrorisme.  
Le parlement, les communes, les conseils régionaux de demain  seront  ou bien  une bénédiction ou bien  une damnation en fonction du degré de patriotisme, d’éveil et  de compétence de ceux qui  y siègeront. D’où l’impératif  devoir de chaque citoyen de mesurer l’ampleur de sa responsabilité  vis-à-vis  de l’avenir de sa famille, de ses enfants, des futures générations  et de tout le pays au moment  où il  sera  seul  devant  Allah  et  sa conscience dans l’isoloir. Son vote ne doit être ni fortuit, ni dicté, ni complaisant mais découlant  de sa conviction qu’il  doit faire  le bon choix pour toute une nation.  
 
                                                                                                                             Imam Cheikh.