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03-11-2018

20:30

Marché de la capitale .. Un volcan de colère qui risque d’exploser pour enflammer une révolution

Adrar-Info - Dans un long compte rendu publié récemment, Badou Ould Mohamed Vall M’ Boussabou, aborde la question très sensible du transfert (ou remplacement ) de l’ancien marché central de la capitale au nouveau marché, adjacent au premier, construit par le gouvernement.

Il considère que cette question provoquerait de grands agissements de contestations populaires qui, selon lui, conduiraient au prolongement en Mauritanie, des soulèvements du « printemps arabe ».

Il écrit entre autre:

……Il y a plusieurs années, un rapport publié par le gouvernement confirmait que le marché de la capitale s’est détérioré et peut décliner à tout moment, ajoutant que sa démolition est devenue une obligation du gouvernement pour protéger la vie des gens.

Le rapport était très choquant (aux yeux des commerçants), mais il a ensuite été redressé par un autre rapport plus persuasif, car établi par des spécialistes, ingénieurs en génie civil du ministère de l’habitat.

Le contenu du dernier rapport privilégie la possibilité de restauration en premier lieu du marché, plutôt que sa démolition, confirmant que le marché n’a besoin que d’une restauration pour rester convenable.

Ce dernier rapport a été bien accueilli par les propriétaires des boutiques du marché, déclarant qu’ils sont tout à fait disposés, à supporter les charges et frais de restauration du marché si le gouvernement acceptait.

En cette époque le Premier ministre sortant, Yahya Ould Hademine avait convoqué des représentants des commerçants. Au cours de la discussion, il les a convaincus que l’Etat avait construit le nouveau marché pour compenser l’ancien marché, déclarant à la lettre : « quiconque possédait une boutique, le gouvernement lui donnerait une, en échange et celui qui en possédait dix, on lui en donnerait dix. »

Les commerçants acceptèrent la proposition, d’autant plus qu’elle émane du chef de gouvernement de l’Etat, une personnalité supposée posée et honnête. Cependant, les choses ne se sont passées, plus tard, comme l’entendaient les commerçants. Il s’est avéré que les promesses du Premier ministre n’étaient que de la poudre aux yeux, en attendant le moment de les mettre face au fait accompli...

Le nouveau marché est prêt et au lieu de compenser les commerçants de l’ancien marché avec des boutiques dans le nouveau, ils ont été traités avec provocation, en considérant que leurs droits font désormais partie du passé enseveli, sous les ruines de l’ancien marché après sa démolition.

Au même moment, ils furent invités à évacuer leurs boutiques et à chercher refuge loin du vieux marché, étant entendu que les boutiques du nouveau marché ont été attribuées à des nouveaux acquéreurs, dont la majorité n’était pas lotie dans l’ancien marché.

Certains commerçants ont accusé les ministres des Finances et du budget de s’être attribués 12 concessions du nouveau marché, répartis comme suit: Sept (7) aux noms des parents du ministre des Finances et cinq ( 5) aux noms des parents du ministre du Budget.

Ces commerçants considèrent que la rapidité avec laquelle les démarches en cours, d’évacuation de l’ancien marché, sont entreprises, ne sont qu’une manœuvre des deux ministres pour accélérer les recettes et revenus de leurs boutiques dans le nouveau marché.

Afin d’accélérer le processus d’évacuation de l’ancien marché, le ministre du Budget, qui n’est pas compétent en ce domaine, a ordonné au directeur de la Somelec qui ne dépend pas de lui administrativement, de couper l’électricité au niveau de l’ancien marché, au mépris flagrant des lois de l’État et l’irresponsabilité dans l’attribution des taches et pouvoirs.

La Somelec ne peut déconnecter d’électricité quiconque propriétaire de boutiques ou domicile, qui paie régulièrement ses factures, sans fournir de justifications, précédés d’avertissements préalables.

La décision de couper l’ électricité au niveau de l’ancien marché, a été réalisée, à la sauvette, dans certains locaux, par des agents Somelec, qui ont vite pris la fuite, craignant d’être lynchés par les commerçants colère.

Ces actions ont enflammé le cœur des commerçants qui se voient subir clairement et ouvertement des sanctions, sans culpabilité, sinon que d’autres personnes souhaitent s’enrichir rapidement au détriment de leur appauvrissement à eux.

Ce sentiment a incité beaucoup d’entre eux à être prêts à sortir dans des manifestations qu’ils avaient débutées pacifiquement.

Aujourd’hui, cette souplesse a commencé à s’estomper, en l’absence de réponse officielle convaincante des autorités. Les volcans de colère, contenus en eux, peuvent exploser d’un moment à l’autre.

Ce qui pourrait conduire à des manifestations qui ne resteront certainement pas pacifiques longtemps.

La chose la plus dangereuse est que ces manifestations ne passeront pas, sans être exploitées par des parties qui cherchent des occasions, pour enflammer un « printemps arabe » en Mauritanie. Dans le passé, on disait : « mieux vaut couper le cou (de quelqu’un ) … que (lui ) couper les moyens de subsistance » ..

Compte rendu de Badou Ould Mohamed Vall M’Boussabou

Source : http://alaraby.info/node/7640

Traduit par Adrar.info



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