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04-11-2018

20:30

Bourita dépêché à Nouakchott pour empêcher un rapprochement avec Alger

Algérie Patriotique – Visiblement préoccupé par le réchauffement des relations entre l’Algérie et la Mauritanie, après une période de tension née de l’incident diplomatique de 2015, et qui a été couronné par un échange intense de visites entre les deux pays, le régime monarchique du Maroc a décidé de redéployer son appareil diplomatique en vue de parasiter ce rapprochement, perçu à Rabat comme une menace à la veille d’importantes discussions sur le Sahara Occidental, prévues à Genève, où la Mauritanie devrait prendre part.

C’est la signification donnée par de nombreux observateurs de la scène maghrébine à la visite effectuée, vendredi, par le chef de la diplomatie du Makhzen, Nacer Bourita, à Nouakchott, où il a remis au président, Mohamed Ould-Abdelaziz, un message du roi Mohammed VI.

Dans sa déclaration aux journalistes, Bourita a affirmé que le message dont il était porteur portait sur «les relations bilatérales» et «la situation régionale» et que les deux pays cherchaient à «créer une dynamique forte dans les relations bilatérales à tous les niveaux». Le ministre marocain a, ensuite, promis «d’importants changements à l’avenir dans le cadre de cette dynamique», sans en dire plus.

Survenant au lendemain de la clôture de la plus grande foire commerciale algérienne organisée à Nouakchott, et à un mois de l’ouverture des pourparlers de Genève sur le Sahara Occidental, en présence de toutes les parties concernées, dont la Mauritanie, cette visite du ministre marocain des Affaires étrangères est logiquement perçue comme une tentative, de la part des Marocains, à la fois de saborder ce processus de normalisation des relations avec l’Algérie et de gagner la Mauritanie à leur cause.

Pour le journaliste mauritanien Imam Eddine Ould-Ahmadou, «il est clair que l’évolution des relations algéro-mauritaniennes a précipité cette visite (de Nacer Bourita, ndlr) et poussé le Maroc à court-circuiter son rival traditionnel qu’est l’Algérie». «Le Maroc, enchaîne-t-il, ne veut pas perdre la Mauritanie car il ne veut pas que son alliance économique avec l’Algérie puisse se transformer en alliance politique».

Même ton chez Aboubakr Ould-Ahmadou, spécialiste du Maghreb et du Grand Sahara, qui ne pense pas que la question sahraouie soit l’objet de cette visite, puisque les Marocains connaissent parfaitement la position du gouvernement mauritanien par rapport à cette question.

Selon lui, «la Mauritanie s’est souvent retrouvée au centre de la compétition entre l’Algérie et le Maroc, et la récente crise diplomatique avec Rabat a montré Nouakchott dans une posture plus proche d’Alger, après notamment l’ouverture du point frontalier et le début des travaux de la route reliant les deux pays, qui sont vus par les Marocains comme des mesures accélérés en vue de concurrencer le Maroc sur le marché mauritanien, qui est considéré comme la porte d’accès aux pays subsahariens».

Par R. Mahmoudi



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