Cridem

Lancer l'impression
05-11-2018

11:12

A mon très cher frère, le tout-nouveau Premier Ministre

Brahim Bakar - Faudrait-il un coup de pied dans la fourmilière de la jeunesse et du sport?

Salutations, les meilleures et félicitations infinies, Ahmed Salem ; je dis bien Ahmed Salem et non Mohamed Salem ; car voyons nous, un excellent Etat-civil a coûté un énorme effort pour le contribuable mauritanien. Alors, l’orthographe et la prononciation des noms et des patronymes ont leur importance. Faut-il rectifier le nom du Premier Ministre, pour servir et faire valoir ce que de droit ?

En vous choisissant pour diriger son gouvernent dans une période charnière, le Président Ould Abdel Aziz, exécute ainsi une « passe lumineuse » dans le jeu démocratique et la bonne administration de la chose publique.

En vous, les Mauritaniens se reconnaissent, étant donné le métissage enrichissant duquel vous êtes issus ; les cadres se reconnaissent, du fait de votre compétence prouvée. Et nous, natifs d’Aioun, notamment vos condisciples et disciples de votre père, le regretté Béchir, nous voyons tant honorés. Votre bonne éducation n’est pas fortuite, parce que vous êtes passés par le moule de la quasi-mythique « Ecole Béchir » par laquelle presque tous les cadres du Hodh occidental sont passés, bien institués par l’instituteur agréable mais honnête et imposant. Bref ! Ce n’était pas des flagorneries d’un frotte-manches —Vous le savez quand même – mais un témoignage véridique et mérité.

Cela dit, votre tâche est certainement trop rude, comme vous l’imaginez. Pour ne parler que d’un seul travail des douze travaux d’Hercule ; un chantier, mine de rien stratégique, vous attends : j’ai nommé celui de la Jeunesse et des Sports. En effet ce secteur, demande un coup de pied dans la fourmilière, pour ne pas dire un traitement de cheval. Etant un sportif, depuis la prime enfance, et Président de la Fédération Mauritanienne de Volley Ball, depuis quelques années, je crois en savoir quelque chose.

Malgré l’importance qu’attache le Président Mohamed Ould Abdel Aziz à la Jeunesse et les Sports, le secteur mériterait d’être requinqué. Les mesures institutionnelles fondatrices, telles que la création d’un Conseil Supérieur de la Jeunesse, le projet d’un Conseil Supérieur du Sport ne semblent pas être efficacement mises en œuvre par le ballet des femmes qui se sont succédé au chevet. J’allais dire au pied, du jeune malade.

De même le 1% des recettes douanières aussi généreux et certainement abondant, décidé par le Président Ould Abdel Aziz, ne semble profiter qu’au festival des villes anciennes et à l’équipe de Foot Ball, comme si c’était le seul sport à promouvoir. Les lueurs de succès des Mourabitounes, consécutives à un demi-siècle de dix à zéro, ont résolument fixé le Ministère de la Jeunesse et des Sport sur une "Footballuculture intense". Et aux autres sports de fouler le camp.

Le festival des villes anciennes, cette activité annuelle qui ressemble à s’y méprendre à une fête foraine bigarrée, peine à vendre valablement à l’extérieur notre patrimoine culturel, tant enviable, aussi bien par sa diversité que par sa profondeur et son effectivité géo-historique. Au passage, c’est le Maroc qui l’a vendu à Paris et à l’UNESCO !

Cela est-il dû au fait que le Ministère est investi par des novices ayant mis à l’écart les véritables hommes d’expérience ? Monsieur le Premier Ministre, je vous laisse le temps d’avoir le temps de savoir.

A titre d’exemple je vais parler du vécu. Elu en 2014, j’ai trouvé le Volley Ball en totale extinction. Tout de suite dans le congrès mondial à Rome, j’ai pu supprimer 30 ans redevances dues à la Confédération Africaine de Volley. Depuis lors, nous recevons de grandes quantités de matériel certifié de la part de la FIVB et de la CAVB, consommées surtout par les Armées dans lesquelles ce sport a persisté.

La même année, j’ai eu l’honneur de rencontrer le Président de la République dans le calme de son bureau du Palais mauve. Après une discussion très sportive, je lui ai remis une lettre du Président de la FIVB, le Président Ary Graça, qui lui proposait sa coopération la plus active et lui exprimait sa satisfaction par rapport aux efforts déployés par le Président de la Fédération mauritanienne de Volley Ball.

Convaincu de l’importance de cette discipline sportive –qui a donné honneur et dignité internationales à la Mauritanie, plus que tout autre sport – et ayant pratiqué lui-même le Volley, le Président a bien donné l’instruction qu’il fallait. Selon d’ailleurs la femme alors en charge du département.

Malgré la léthargie de ma tutelle, j’inscrivis ma fédération dans le programme de financement AFRICAN DREAM instauré par la FIVB ? et je reçus l’accord de principe pour 30.000 dollars US, mais l’Administration du Sport, trop hésitante, nous a mis en retard par rapport au décaissement.

L’ancien ministre Mohamed Ould Djibril, est au demeurant le seul ministre qui a compris l’ampleur du dégât et a enclenché un début d’exécution pour sauver le Volley Ball national. Ce faisant, il me facilita une mission en Egypte au siège de la CAVB, duquel j’ai amené un plan stratégique de coopération qu’il devait valider. Ça faisait suite aux instructions que le Président Ould ABDEL aziz lui donna de vive voix, lors de la journée mondiale du Sport.

Mais très vite la déception fit place au désespoir. On a expliqué au Ministre qu’il ne faut pas aller dans ce sens Et décidément le diable s’en mêle : pour l’année 2018, la subvention du Sport vice- roi est tout simplement supprimée pour que ce soit dopé des fédérations non olympiques et n’ayant que peu ou même pas d’activités. O Clientélisme quand tu nous tiens par la gorge.

Une broutille de 1.520 .000 MRU est accordée sous la signature calligraphique de Mariem Mint Bilal comme subvention des fédérations sportives. Que peut financer une telle pitance ? Où est passé le reste du budget ? Le Sport est pratiqué dans les fédérations et non ailleurs ! Celles-là constituent le creuset des jeunes talents et la pépinière des futurs champions.

Doit-on alors se résoudre à dire « Adieu le Sport !» Une telle gestion du Sport est, tout au moins, en totale contradiction avec l’orientation et la volonté du Chef de l’Etat. Et le baron Pierre de Coubertin de se retourner dans sa tombe ! Comment tuer un sport olympique par excellent, et qui peut, de surcroit, redorer le blason de la Mauritanie, à l’échelle africaine, voire mondiale, en peu de temps et avec peu de moyens.

Tout en détournant des masses de jeunes du Terrorisme et de l’oisiveté, l’un de ses facteurs ? On peut comprendre ceci, quand on sait qu’il y a des lobbies malveillants au Ministère, entretenant un nivellement par le bas des Fédérations : la fédération ayant participé aux jeux olympiques de 1896 et la petite "fédé", née de la dernière pluie, sont traitées de la même façon, le clientélisme aidant.

La situation mérite d’être revue et il est regrettable de dire que le mouvement sportif mauritanien est noyauté par des logiques primordiales ; du racisme par-là, du tribalisme par ci, …et la forte incurie de son administration. La balle est dans votre camp, Monsieur le Premier Ministre.

Et bonne chance.

Veuillez recevoir l’expression de mes sentiments, les meilleurs.

Brahim Ould Bakar Ould Sneiba



"Libre Expression" est une rubrique où nos lecteurs peuvent s'exprimer en toute liberté dans le respect de la CHARTE affichée.

Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.


 


Toute reprise d'article ou extrait d'article devra inclure une référence www.cridem.org