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19-01-2019

07:12

Mondafrique, le rétropédallage du président Aziz sur le 3eme mandat

Mondafrique - Alors que des députés de l’UPR, le parti du pouvoir, s’apprêtaient à déposer un amendement constitutionnel pour permettre au président Aziz de se faire élire pour un troisième mandat, le chef de l’Etat mauritanien a brutalement stoppée cette initiative qu’il avait pourtant discrètement encouragée. Les explications de Mondafrique

Mohamed Ould Abdel Aziz se présentera-t-il lors des élections présidentielles de 2019 alors que la constitution l’en empêhe? Ou renoncera-t-il à un troisième mandat? La question reste aujourd’hui posée tant les professsions de foi du Président Aziz sur sa volonté de ne pas se représenter une troisième fois lors des élections de 2019 ne sont pas guère convaincantes.

En ce début d’années, une poignée de députés de l’UPR, le parti du pouvoir, ont tenté de déposer un amendement pour modifier les dispositions protégées par la loi fondamentale et qui empêchent aujourd’hui le président sortant, Mohamed Ould Abdel Aziz, de se présenter une troisième fois. Pourtant leur initiative vient d’être stoppée en haut lieu.

Des sources officieuses proches de la présidence ont fait savoir que les députés auraient agi d’eux mêmes, sans consulter le chef de l’Etat -ce que personne ne peut croire dans un pays où tout remonte au sommet.

Le Président, ont ajouté ces émissaires largement repris dans les sites officiels, ne se présentera pas pour un troisième mandat. Faut-il totalement créditer ces confidences orientées? Sans doute pas. Le risque d’embrasement

Si le président Aziz a interrompu la tentative de modifier la constitution, c’est seulement parce qu’il a vite compris que cette dernière, en l’état, rencontrait encore de vives contestations, y compris chez les élus du parti dominant.

Les élites mauritaniennes qui se font entendre discrètement au sein de structures tribales restées très influentes en Mauritanie sont loin d’être acquises à la reconduction du Président Aziz très largement discrédité. On a annoncé un peu rapidement à Nouakchott que 105 députés étaient prêts à signer la proposition de révision constitutionnel. Or d’après des comptages plus rigoureux, is n’auraient été que 68 à soutenir l’amendement.

D’autre part, il semblerait que du coté des militaires mauritaniens, un certain nombre de mises en garde aient été adressées au pouvoir, sur les risques d’embrasement que pourrait provoquer une révision constitutionnelle.

Satisfaction prématurée dans les rangs de l’opposition

Le 17 janvier, l’Alliance Electorale de l’Opposition Démocratique (AEOD) en Mauritanie, vaste rassemblement de partis politiques, organisations de la société civile, centrales syndicales et personnalités indépendantes-« note avec soulagement l’échec d’initiatives visant la violation de la constitution ».

L’opposition prend-elle ses désirs pour des réalités? Sans doute…D’après les sources de Mondafrique, le président mauritanien n’a pas encore tranché sur sa volonté de se présenter ou pas aux prochaines élections présidentielles de 2019. Sa famille, notamment sa fille devenue très influente, et ses proches l’encouragent à tenter un troisième mandat. Ne serait-ce que pour protéger la fortune qu’à l’ombre de l’Etat et de ses prébendes, ils ont accumulé ces dernières années et ne pas risquer des ennuis judiciaires.

En revanche, ses principaux partenaires occidentaux, France et Etats-Unis en tête, seraient assez favorables à un changement à la tète de l’Etat. Le successeur qui aurait leurs faveurs n’est autre que le général Ould Ganzouani, qui fut jusqu’à sa nomination comme ministre de la Défense le 7 novembre dernier, un chef d’état major de l’armée mauritanienne fort bien considéré à l’étranger.

Le scénario Ganzouani n’est qu’une des options envisagées aujourd’hui par le Président Aziz. Enfermé dans ses préjugés et ses peurs, ce dernier parait surtout hésitant, sans véritable projet stratégique.. Le patron de la Mauritanie est sur le point de nommer, par un décret en préparation, son propre garde du corps comme patron du Basep, cette garde prétorienne devenue, croit-il, son plus fidèle soutien face à un peuple qui désormais lui échappe.

Nicolas Beau





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