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28-03-2019

18:24

Massacre des Peuls du Mali, Lettre à IBK

Khally Diallo - A son Excellence Ibrahima Boubacar KEITA, Président de la République du Mali s/c de son excellence l’ambassadeur du Mali en République Islamique de Mauritanie.

Objet : génocide peul au Mali

Excellence !

Nous jeunes mauritaniens, toutes origines confondues vous adressons cette correspondance au travers d’une manifestation que nous voulons à la fois civique et pacifique.

Par politesse africaine, nous vous prions de nous excuser par avance pour tout mot ou tournure phrastique que vous jugerez inapproprié ou inadéquat dans l’expression de notre colère, après avoir vu les images insoutenables du massacre de tout un village (vieillards, femmes, enfants) au seul motif que ses habitant sont des Peuls.

Oui, Excellence, nous sommes depuis ce jour tenaillé par une colère si grande que notre morale, notre conscience et notre rationalité ont du mal à contenir. Et pourtant, en ce moment où nous vous écrivons, toute notre crainte est que ce magma de douleur qui sourd en nous ne transparaisse ça ou là dans notre présent propos, nous rendant ainsi coupables d’un crime, non pas de lèse-majesté, mais d’insolence à l’endroit de celui dont l’âge et les fonctions hiérarchiques nous imposent de sacraliser en tant qu’Africain croyant dans les valeurs de la république.

Pourtant, Monsieur le Président, nous ne serions pas en conformité avec ce que nous ressentons et avec ceux qui nous ont délégués si nous ne vous disons pas que les exactions contre la communauté peule du Mali est une indignité qui souille à jamais la mémoire du peuple malien depuis l’empire du même nom fondé par l’illustre Soundjata Kéita sous l’impulsion de qui l’Afrique connut il y’a de cela plusieurs siècles la toute première « déclaration universelle des droits de l’homme et des peuples ».

Rien ne saurait justifier la liquidation physique, ce samedi 23 mars 2019 dans le village d’Ogossagou de 140 à 160 êtres humains, tous peuls, dont des nouveau-nés brûlés vifs dans les cases où ils dormaient avec leurs parents, au prétexte fallacieux que certains parmi eux ou simplement d’autres qui leur ressemblent seraient membres d’organisations djihadistes !

Il y a déjà plus de deux ans qu’au Mali, les Peuls sont la cible d’attaques meurtrières perpétrées, soient par des milices Dogons ou Bambaras armés et reconnus par l’Etat malien, soient par les éléments des forces armées maliennes elles-mêmes. La durée de perpétration de ces crimes odieux autorise, en toute objectivité, de croire que des membres des hautes autorités maliennes sont complices de ces crimes contre l’humanité. Sinon pourquoi des mesures énergiques ne sont pas prises pour mettre fin à cette barbarie ?

Il n’y a pas l’ombre d’un doute que le massacre des Peuls au Mali risque de plonger toute la sous-région ouest-africaine dans une instabilité aux conséquences imprévisibles. Car, ne l’oublions jamais, les Peuls constituent la communauté de loin la plus transnationale du continent africain. La seule qui est autochtone dans plus de 12 pays et migrante dans les autres Etats avec une population estimée à plus 30 millions d’âmes.

Excellence ! C’est donc au nom de ce que vous représentez à nos yeux et à ceux de toute la jeunesse africaine que nous vous prions d’accéder aux doléances ci-après :

- diligenter une enquête impartiale pour faire toute la lumière sur ce massacre du village d’Ogossagou perpétré samedi 23 mars 2019 ainsi que toutes les exactions précédentes ayant ciblé la seule communauté peule ;

- identifier les coupables à tous les niveaux de la hiérarchie, les faire arrêter et juger conformément aux lois en vigueur au Mali, ou les remettre aux juridictions internationales telles que la CPI ;

- désarmer les milices armées et rassurer les populations peules pour prévenir toute vengeance ;

- Secourir les rescapés et aider à la reconstruction des villages détruits. Dans l’attente d’une suite, nous vous prions, Excellence Monsieur le Président de la République du Mali, d’agréer notre colère légitime et nos salutation respectueuses.

Initiative anonyme de la jeunesse mauritanienne

Nouakchott, le 28 mars 2019












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