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03-04-2019

19:00

Cri d'alarme des réfugiés urbains en Mauritanie

Comité des Réfugiés - Nous, réfugiés sous mandat du Haut-commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés en Mauritanie, regroupés au sein du Comité de Coordination des réfugiés urbains, considérant :

1. La Non application par la Mauritanie depuis près de 15 ans du décret 2005-22 fixant les modalités d’application en République Islamique de Mauritanie de la Convention Internationale de 1951 relative aux réfugiés ; notamment comme le stipule l’article 7 de la convention de Genève : « Après un délai de résidence de trois ans, tous les réfugiés bénéficieront sur le territoire des Etats contractants de la dispense de la réciprocité législative ».

2. L’impossibilité pour des nombreux réfugiés urbains d’envisager le retour volontaire dans leur pays d’origine du fait de la persistance de conflits ou menaces qui les ont conduits à quitter leur pays ;

3. L’absence d’une Loi sur l’asile en Mauritanie rendant ainsi impossible toute possibilité de la personne réfugiée à s’intégrer en Mauritanie ;

4. La situation confuse dans laquelle se trouvent les réfugiés urbains entre les fausses attentes miroitées par les fonctionnaires du HCR et l’indécision du gouvernement Mauritanien sur l’avenir et l’espérance des réfugiés urbains en Mauritanie. Selon l’article 25 de la Convention de Genève, nous citons : « lorsque l’exercice d’un droit par un réfugié nécessiterait le concours d’autorités étrangères auxquelles il ne peut recourir, les Etats contractants sur le territoire desquels il réside veilleront à ce que ce concours lui soit fourni soit par leurs propres autorités soit par une autorité internationale» (le PNUD par exemple).

Le HCR devrait clairement communiquer aux réfugiés urbains qu’une espérance et un avenir pour un réfugié en Mauritanie est presque illusoire, utopique voire fantasmagorique.

5. La politique discriminatoire du bureau local du HCR qui traite séparément avec les deux communautés des réfugiés urbains (arabe et subsaharienne), réduisant ainsi les subsahariens au rang des réfugiés de seconde zone . Cette attitude est confirmée dans les images du site internet du HCR (https://www.unhcr.org/solutions.html) qui présentent les trois solutions durables préconisées par le HCR.

Il est visiblement prouvé dans ces images que la solution durable de Réinstallation est appliquée au facies, prioritairement réservée aux réfugiés de peau claire (Voir l’image ci-jointe). C’est ce qui explique la réinstallation de plusieurs réfugiés d’origine arabe venus en masse en Mauritanie, il ya deux ans. Plusieurs de ces réfugiés ont disparu de la circulation à Nouakchott et ceux qui sont encore en ville, ont reçu des financements conséquents qui les ont permis de démarrer des véritables Activités Génératrices de Revenus. Pendant ce temps, les réfugiés urbains d’origine subsaharienne ont reçu des financements qui les ont accentués dans la précarité.

6. Les réfugiés urbains étant poussés à bout, malheureusement les idées de survie du genre, tenter de gagner l’Europe à bord des embarcations de fortune commencent déjà à émerger dans les têtes de bon nombre de réfugiés urbains tout en sachant qu’en 2017, plus de 3 000 personnes ont trouvé la mort en Méditerranée en tentant de gagner l’Europe.

Devant une telle détresse, nous Considérons qu’il n’y a aucune possibilité de solutions durables en Mauritanie, la réinstallation est actuellement identifiée comme la seule solution durable la plus appropriée pour notre situation comme ce fut le cas pour des nombreuses situations similaires en Afrique et au proche Orient.

Que le HCR ait le courage et l’honnêteté de reconnaitre l’impossibilité d’une intégration locale en Mauritanie pour les réfugiés urbains afin de ne pas sacrifier la génération de nos enfants comme la nôtre qui est presque déjà sacrifiée après plus de vingt ans d’errance.

Nous, réfugiés urbains sous mandat des Nations Unies en Mauritanie appelons le gouvernement Mauritanien à prendre ses responsabilités en exigeant au HCR de trouver d’autres pays d’accueil pour les réfugiés urbains. Dans le cas contraire, nous exigeons la fermeture pure et simple du bureau local du HCR. Nous, réfugiés urbains en Mauritanie prenant à témoin l’opinion nationale et internationale de la responsabilité du HCR de tout ce qui adviendra aux réfugiés urbains dans les tous prochains jours si toutefois, une attention particulière n’est pas portée à cette requête.

Tout en vous remerciant par avance de l’intérêt que vous manifesterez à notre requête, veuillez agréer, l’expression de notre haute considération.

Fait à Nouakchott, le 03/04/2019

Le Comité Exécutif





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