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19-04-2019

18:30

Algérie : nouvelle manifestation monstre contre le pouvoir à Alger

Le Parisien - Les manifestants réclament le départ des proches de Bouteflika propulsés au pouvoir après son retrait de la course à la présidence.

Les rues d’Alger ne désemplissent pas pour ce neuvième « acte » de mobilisation. Une foule immense remplit à nouveau sur plusieurs kilomètres les rues du centre d’Alger pour une nouvelle manifestation réclamant le départ du pouvoir de l’ensemble de l’appareil hérité du président déchu Abdelaziz Bouteflika.

Des cortèges massifs sont également signalés dans le reste du pays, notamment à Oran (ouest), Constantine et Annaba (est), les plus importantes villes d’Algérie après la capitale, selon des journalistes locaux et la télévision nationale.

À Alger, la police, accusée ces dernières semaines de tenter de réprimer les manifestations, s’est faite discrète. « Sylmiya (pacifiques) malgré la provocation et le gaz » lacrymogène, peut-on lire sur une pancarte.

« Dégage Bensalah », scandent les manifestants, à l’adresse du président de la Chambre haute, Abdelkader Bensalah, incarnation du régime Bouteflika propulsé, conformément à la Constitution, chef de l’Etat par intérim le 9 avril, après le départ du pouvoir d’Abdelaziz Bouteflika.

Galvanisés par la démission dans la semaine du président du Conseil constitutionnel, Tayeb Belaiz, proche du président déchu et personnage clé de son appareil, les manifestants réclament le départ de Bensalah, du Premier ministre Noureddine Bedoui et de l’ensemble des personnalités liées au régime Bouteflika.

« Peuple pacifique, gouvernement violent »

« Ce n’est pas par ce que Belaiz a démissionné que c’est fini. Feniche, c’est pas mieux. À quoi a servi le Conseil constitutionnel, à part valider la fraude du système dont il fait partie ? », demande Lyes Adimi, étudiant de 24 ans, à Alger.

« Feniche, Belaiz : kif-kif », indique un manifestant sur une pancarte. Sur une autre on peut lire : « Peuple pacifique, gouvernement violent ».

Les manifestants rejettent également la convocation d’une présidentielle le 4 juillet pour élire un successeur à Abdelaziz Bouteflika, estimant que les structures et figures de l’ancien régime ne peuvent garantir un scrutin libre et équitable. Ils réclament un processus de transition géré par des structures ad hoc.

L’armée et l’opposition également contestées

Le processus de transition est soutenu par l’armée, replacée au centre du jeu politique par la démission de Bouteflika, alors que les partis politiques – au pouvoir comme de l’opposition - sont marginalisés par la contestation et inaudibles.

« Toutes les options restent ouvertes pour trouver une solution à la crise dans les meilleurs délais », a affirmé cette semaine le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée et de facto homme fort de l’Algérie, laissant penser que l’institution militaire pourrait assouplir sa position.

Lui aussi contesté par la rue en tant qu’ex-pilier du régime, le général Gaïd Salah a aussi voulu rassurer en affirmant que l’armée ne tournerait pas ses armes contre le peuple.

Abdelkader Bensalah a de son côté entamé des rencontres « dans le cadre de la volonté de concertation », selon la présidence, mais les « personnalités nationales » reçues semblent loin de correspondre au changement réclamé par la contestation. L’opposition a quant à elle été invitée lundi prochain à une « réunion de concertation ».

Le Parisien avec AFP



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