Cridem

Lancer l'impression
20-04-2019

12:30

L'Égypte vote par référendum pour prolonger la présidence de Sissi

France24 - En Égypte, les bureaux de vote ont ouvert samedi matin pour un référendum sur une révision de la Constitution. La réforme doit permettre au président Abdel Fattah al-Sissi de pouvoir prolonger sa présidence jusqu'en 2030.

Samedi 20 avril a débuté en Égypte le référendum qui pourrait permettre au président Abdel Fattah al-Sissi, au pouvoir depuis 2014, d'y rester jusqu'en 2030. Le scrutin, qui porte sur une révision constitutionnelle, sera ouvert jusqu'à lundi soir et devrait donner sans surprise la victoire au président égyptien.

Ce dernier a voté au Caire dès l'ouverture des bureaux de vote à 9 h, heure locale. Ces bureaux sont décorés aux couleurs nationales et placés sous haute protection de la police et de l'armée.

Au total, plus de 55 millions d'Égyptiens sont enregistrés comme électeurs et sont appelés à se rendre dans l'un des quelque 13 000 bureaux de vote à travers le pays. Les résultats seront proclamés le 27 avril. Les observateurs regarderont de près le taux de participation, révélateur de la popularité du dirigeant égyptien, en baisse depuis 2016 et la mise en place de mesures d'austérité.

"L'essentiel de cette réforme est clair : il s'agit d'une stratégie du président Abdel Fattah al-Sissi pour pérenniser son pouvoir, avec des contrôles renforcés sur l'appareil judiciaire et sur l'armée", explique François Burgat, politologue et directeur émérite de recherche au CNRS, invité sur le plateau de France 24.

En effet, les nouvelles dispositions permettent de faire passer le deuxième mandat du dirigeant de quatre à six ans, portant son terme à 2024. Le chef de l'État serait ensuite autorisé à se représenter en 2024 pour un troisième mandat, ce qui pourrait le reconduire au pouvoir jusqu'en 2030.

Outre la durée du mandat présidentiel, la révision doit accroître le contrôle du pouvoir judiciaire par l'exécutif et institutionnaliser le rôle politique de l'armée, pilier du régime.

"[Abdel Fattah al-Sissi] pourra nommer les deux titulaires des plus hautes instances judiciaires, la Cour constitutionnelle et la Haute cour de justice", détaille François Burgat.

Les changements introduits dans cette révision constitutionnelle prévoient également de rétablir le bicamérisme, avec le rétablissement d'un Sénat, qui avait été supprimé en 2012. Un quota de 25 % de femmes au Parlement doit être instauré et le président pourra également nommer un voire plusieurs vice-présidents.

"Il faut rappeler que cette réforme a déjà été adoptée par le Parlement", souligne le politologue. Le texte a été approuvé par 531 voix contre 22. La commission des lois du Parlement estime qu'un mandat de quatre ans est trop court. "C'est un délai irréaliste pour parvenir à un développement complet et durable", peut-on lire dans l'exposé des motifs prévoyant de réviser l'article 140, qui fixe la durée du mandat présidentiel.

Samedi, l'ONG Human Rights Watch a estimé que les amendements allaient "consolider le pouvoir autoritaire" en Égypte.

"L'option de la répression a pris le pas sur toute possibilité pour une opposition légaliste de s'exprimer avec un degré d'efficacité. L'attitude du président égyptien et sa politique vont donc paver le pas à la montée des extrêmes dans le paysage institutionnel du pays et va renforcer tout ce qui va s'exprimer en dehors du cadre constitutionnel en Égypte", ajoute François Burgat.

L'opposition a reproché au pouvoir d'avoir organisé ce référendum au pas de charge – la commission électorale n'en a annoncé les dates que mercredi, au lendemain de l'adoption de la réforme par les parlementaires.

Par France24



Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


 


Toute reprise d'article ou extrait d'article devra inclure une référence www.cridem.org