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Election présidentielle du 22 Juin 2019: peut-il passer dès le premier tour?
Ely Ould Krombelé - Au-delà de la sincérité des uns et du volontarisme affiché de certains des candidats à ne ménager aucun effort, qui pour servir à bon escient leur patrie, qui pour assouvir une revanche sur l'Histoire,l'élection présidentielle reste et restera la rencontre d'un homme de destin face à son peuple.
Mais l'idée de compétition s'accompagne -t-elle de nobles critères que les candidats mais aussi les électeurs se doivent de prendre en considération. Parmi ces critères, pour une course à la magistrature suprême, les candidats sont jugés dans les domaines d'abord de l'allant patriotique, de la justice sociale,du charisme,de l'indépendance d'esprit et surtout de la possibilité d'apporter au citoyen la paix, la sécurité dans le bien-être.
Pour cela, il n'est point demandé au postulant d'avoir fait ses humanités dans une "prestigieuse école", ou d'être nanti d'un cursus universitaire assorti. Le célèbre avocat et longtemps opposant sénégalais Abdoulaye Wade n'a pas brillé dans l'exercice du pouvoir. Pire, il a même voulu tripatouiller la constitution afin de se maintenir au sommet.
Le problème de l'Afrique vient souvent de ses élites;ces intellectuels corrompus prêts à brader leur connaissance pour "cueillir le jour" même un seul jour. D'ailleurs à mon humble avis, l'exercice du pouvoir ne demande pas un bagage intellectuel conséquent, mais plutôt un pragmatisme rigoriste,particulièrement dans les choix d'objectifs à atteindre pendant une mandature.
Le militaire Paul Kagamé du Rwanda peut illustrer cette assertion. Ainsi, là où un bardé de diplômes échoue,pointe souvent la réussite d'un marchand de pièces détachées... mais réaliste.
La politique n'est pas une science exacte,elle est comme l'idéologie juste "un guide pour l'action" comme disait le leader chinois Mao Zédong du marxisme-léninisme, que beaucoup de théoriciens ont voulu ériger en "magister" alors que ce n'était qu'un tremplin, une sonde comme tant d'autres pistes pour aboutir à une politique sociale juste et équitable sans le manteau dictatorial.
En république islamique de Mauritanie, pays aux ressources minières et halieutiques abondantes, pour une population peu nombreuse,faire de la "politis" (art de gérer les affaires pour le bien-être des citoyens" est un exercice avantageux pour ceux qui veulent tenter.
A une seule condition:se mettre au service de son peuple. Ce que vont tenter, je l'espère tous les candidats à l'élection présidentielle du 22 juin 2019. Mais les compétiteurs ne chaussent pas les mêmes "starting block" au départ. Certains candidats domptent déjà les rouages de l'Etat, d'autres pas,certains doués de charisme, d'autres pas.
Les uns maîtrisent les appareils sécuritaires, là où d'autres sont novices et doivent s'adonner à tout l'apprentissage pour ne pas se laisser induire en erreur par quel que conseiller que ce soit. Dans notre sous-région sahélo-saharienne où la terreur a élu domicile, des notions de géo-politique ou géo-stratégie sont indispensables à tout candidat.
Ainsi ,nous n'ignorons pas que dans chaque compétition il y a des favoris,probablement des surprises aussi.Mais pour le cas précis de l'élection du 22 juin 2019, les sondages peuvent se tromper sur la 2éme, 3éme ou 4éme places à cause de l'homogénéité des électeurs et des slogans mobilisateurs des candidats.
Par exemple Kane H Baba risque d'aspirer la majorité des électeurs de la Vallée,jadis favorables à Ould Maouloud et à Biram Dah Abeid.Quant au candidat de la majorité présidentielle le général à la retraite Mohamed Ould Ghazwani, il se détache et s'érige sans possibilité de se tromper comme le principal favori dans cette course à la magistrature suprême.
Alors vous me demanderez sans doute pour quelles raisons? La question pour moi est de savoir s'il peut passer dès le premier tour au soir du 22 Juin 2019 ?
Je ne connais pas personnellement le candidat Ould Mertéji, encore moins par personne interposée. Cependant je lui souhaite bonne chance et apprécie au passage son courage à vouloir se présenter à une élection présidentielle dans le dénuement médiatique et surtout matériel complets.On parlera de surprise quand Mr Mourtéji aura laissé derrière lui un des 4 candidats.
Ce,voyons et jaugeons la capacité de ces 4 autres candidats par rapport au favori des médias, des sondages,du microcosme politique nouakchottois, qu'est Mohamed Ould Ghazwani. Qu'on ne prête pas attention à ma" subjective discrimination" ici, qui d'ailleurs n'est qu'une objectivité manifeste de la doxa mauritanienne et qui se concrétisera inchallah le 22 juin au soir.
1/ Sidi Mohamed Ould Boubacar:
Deux fois 1er ministre et ambassadeur de son pays,ce monsieur a un atout pour postuler. Cet atout pourrait également être son handicap. Premier ministre sous Taya et lors de la transition de 2005-2007, SMOB, n'a jamais snobé,ni innové, il est toujours resté un simple exécutant.
Alors qui tirait, tire et tirera encore les ficelles? N'est-ce pas la même ombre ou pénombre qui l'a poussé à se porter candidat? Certes SMOB est adulé par certains Islamistes, des nostalgiques de Ould Taya,quelques électeurs du Brakna et de Nouadhibou,sans oublier les "flancs-tireurs" de Néma où il a passé une partie de son enfance.
Mais quelqu'un qui n'a pu installer une seule station d'essence,du temps de Ould Taya dans son fief de Chegar,ne pourrait satisfaire l'attente de tout un peuple de nos jours. La notoriété d'un postulant se mesure d'abord aux portiques de sa cité. Si vous prenez un mégaphone au marché de Chegar et que vous criez:citoyens de Chegar, Sidi Mohamed Ould Boubacar est ici parmi nous!!Les gens ne se bousculeront pas pour lui rendre visite.
Et pourtant SMOB a occupé de hautes fonctions politiques. Par contre si une seule rumeur parle de l'arrivée de Mohamed Ould Meguett, venu incognito juste pour se reposer dans son fief,elle se rependra comme une traînée de poudre.
C'est que cet homme exceptionnel a fait de quoi se rendre indispensable à l'échiquier socio-politique de sa ville natale. En effet tout ce qui reste de l'aura d'un homme politique,c'est ce qu'il a laissé de concret derrière lui:aux plans matériel ou spirituel.Vous souvenez-vous d'un acte concret à l'impact positif de Mr SMOB ?
Alors dans ce cas de figure,quelle place occupera Ould Boubacar dans la course à la magistrature suprême? Difficile de le dire car Ould Maouloud, Kane H Baba et Biram Dah Abeid sont à l'affût.S'il obtient 12%, il aura fait un bon score.
2/Mohamed Ould Maouloud:
"L'Humanité ne se pose que des problèmes qu'elle peut résoudre": de cette expression de Karl Marx, s'inspire sans doute l'un de nos idéologues qu'est Mohamed Ould Maouloud. J'ai connu un certain feu Bellahy Ould Maouloud,commandant le secteur Autonome de Kaédi en novembre 1980, étant jeune sous-lieutenant.
Et j'ai été fasciné par cet officier respectueux de la chose publique, car sur un parc de 53 land-rover british ou santana , l'homme en dehors du service, sortait même en famille à pieds.Je l'ai vu de mes propres yeux maintes fois tenant son bébé entre les bras et sa femme Taghlé marchant à ses côtés pour des courses.... à pieds.
Si je n'avais pas connu dans l'Armée un autre Maouloud, j'aurais admis que le respect de la chose publique était inscrit dans les chromosomes du patronyme de cette illustre famille originaire du Tagant..
Cependant Mohamed Ould Maouloud est un politicien sage, correct,droit tellement droit que les gens lui préfèrent des passe-droits.... Le problème de l'idéologue, c'est qu'en dehors des slogans creux de justice sociale, de bonne gouvernance, de lendemains qui chantent etc., il n'a rien à offrir dans l'immédiat.
Or on est au siècle de la vitesse et les peuples préfèrent les dirigeants qui les font rêver moyennant quelques subsides. C'est ça la démocratie à l'occidentale : le pouvoir de l'argent,même pour faire une campagne soit-elle communale.
La preuve qu'en dehors de ses traditionnels bastions de la Vallée du fleuve l'UFP de Ould Maouloud ne s'est jamais étendue. Les slogans progressistes ne galvanisent plus les masses populaires. Le concours d'Ould Daddah et d'une coalition. de partis ne peut assurer son envol, tant les candidats puisent dans le même répertoire..
Ould Maouloud sera ipso facto bousculé par Kane H Baba dans son traditionnel creuset qu'est la rive droite du fleuve Sénégal. Cependant il se contentera du soutien d'une parentèle active au Tagant, de quelques syndicats des ouvriers à nouakchott,Nouadhibou et Zouératt.Si Mohamed Ould Maouloud venait d'obtenir 8% il aura fait un bon score.
3/ Kane Hamidine Baba:
Voilà le genre d'intellectuel modéré, cultivé et éloquent que j'aimerais avoir comme voisin de palier ou président (pourquoi pas) de ma république si son discours n'était adressé qu'à un seul pan de notre société. Sortir de son "lyrisme personnel" et étroit pour un "lyrisme social", c'est le maillon qui manque au collier du très présidentiable Baba Hamidine Kane.
Malheureusement le chant abject des sirènes du militantisme victimaire Peulh a frappé à sa porte.... Si Ulysse d'Ithaque revenant de la guerre de Troie a trouvé une astuce, en s'attachant au mât de son vaisseau afin d'échapper à la mélodie des sirènes, BHK a plutôt " avili sa muse" en plongeant sa main dans le cambouis de l'éternel "négro-mauritanien opprimé", victime du système beidane.....
Suite la semaine prochaine, INCHALLAH
Ely Ould Krombelé
France
Bon mois de Ramadan à tous les mauritaniens.