Cridem

Lancer l'impression
07-07-2019

19:30

Fin de mandat : Ould Abdel Aziz va-t-il déclarer son patrimoine ?

L'Authentique - En Mauritanie, s’il y a une question qui taraude les esprits, c’est bien celle qui consiste à savoir si le président Mohamed Ould Abdel Aziz va finalement procéder à la déclaration de son patrimoine avant le 2 août prochain qui consacre son départ du Pouvoir.

Considéré comme la plus grande fortune du pays pour avoir, dix ans durant, usé et abusé de son statut de chef d’Etat se hissant au sommet des personnalités les plus riches du continent, Ould Abdel Aziz est pourtant astreint à cette démarche. La déclaration de patrimoine du président de la République résulte d’une obligation née de la loi 2007-054 relative à la Transparence financière dans la vie publique qui stipule en son article 2 :

« le président de la République, après son investiture et à la fin de son mandat, fait une déclaration de sa situation patrimoniale et celle de ses enfants mineurs. Chacune de ses déclarations est rendue publique ».

Interrogé à propos pendant sa première mandature, l’homme avait soutenu s’être plié à la loi en déclarant son patrimoine, le 7 octobre 2010, devant le président de la cour suprême, président de la Commission chargée de la Transparence financière. Dans les faits, la liste des biens présidentiels n’a jamais été publiée…

Relancé à l’entame de son second mandat, il avait esquivé la question, soutenant qu’il avait été déchargé de cette disposition par ce même président, une vaine parade au goût bien amère qui n’est pas passée dans l’opinion.

Si Ould Abdel Aziz tient tant à garder pour lui, son patrimoine, ce n’est non seulement pas parce que, gigantesque, sa richesse ferait frémir plus d’un, mais surtout parce qu’il est conscient qu’elle a été accumulée sur le dos du contribuable, ou plutôt, sur "le cadavre" du peuple mauritanien, pendant une décennie de crise économique et financière sans précédent.

Il faut dire que de tous les présidents qui ont eu à diriger le pays, Ould Abdel Aziz reste le seul qui se soit intéressé aux biens matériels. Une triste réalité que ne mérite point un peuple meurtri par la pauvreté rappelée il y a quelque temps par Me Mahfoudh Ould Bettah, président du parti "Convergence Démocratique" qui soulignait : "Feu Mokhtar Ould Daddah a été connu de par sa retenue vis-à-vis de l’argent public, Ould Haïdalla n’a pas touché à cet argent, Maaouiya et Sidioca également".

En fait, si l’on ne connait pour chacun de ses prédécesseurs qu’une unique résidence à Nouakchott, c’est par dizaines qu’il faut compter les propriétés foncières de Ould Abdel Aziz : terrains du stade olympique, école de police, immeubles et résidences, terrains divers à Nouakchott, Nouadhibou et dans les plus grandes capitales régionales, gigantesques ranchs transformés en lieux de villégiature...

Il y a une dizaine d’années, quand le général de l’époque, Ould Abdel Aziz accédait au pouvoir, il ne disposerait que de deux résidences et d’un petit commerce. Depuis, les temps ont bien changé pour lui et pour sa famille, qui sont à présent, à la tête de la plus imposante fortune du pays. Laquelle touche tous les secteurs de la vie, allant du foncier à l’immobilier, du génie civil aux sociétés industrielles et commerciales, des industries agropastorales aux compagnies d’assurances, des banques aux établissements de distribution de produits pétroliers…

Avant de quitter le pouvoir, le président a scellé le sort du nouvel aéroport et du Port de Nouakchott, placés sous tutelle étrangère pendant les 25 ans à venir. Idem pour la pêche servie sur un plateau d’argent à la société Chinoise Polyhandong, idem aux mines de Fédrick de la Snim cédées à une société étrangère et idem aussi pour le gisement de gaz récemment découvert en mer entre la Mauritanie et le Sénégal. Quels intérêts a-t-il eus pour décider seul, du sort de tout ce patrimoine national ?

L’histoire le dira… Il y a trois mois, un fonds de deux milliards de dollars appartenant aux Mauritaniens et placé aux Émirats Arabes Unis a été gelé sur injonction des Autorités américaines. Comme les fonds de 200 millions de dollars provenant de l’affaire Senoussi, l’opinion y a vu l’ombre de Ould Abdel Aziz. Pour éclairer celle-ci ou plutôt, pour respecter la loi, le président sortant va-t-il se décider à présenter sa déclaration de son patrimoine ?

Une chose est sûre : le peuple veut des comptes.

MOM



Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


 


Toute reprise d'article ou extrait d'article devra inclure une référence www.cridem.org