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Alternance : Un nouveau départ
Elhourriya - La Mauritanie a intronisé jeudi un nouveau Raïs (je préfère cette appellation qui sied bien à notre mentalité de bédouins). On en compte déjà combien, depuis l’indépendance du pays ?
Comptons : Daddah, Moustapha Saleck, Bousseif (il en avait le statut et la stature), Louly, Haidalla, Taya, Ely, Sidi, Ba M'Baré, Aziz, Ghazouani. Onze (11) chefs ! En 60 ans. Sur la même période, le Sénégal en a eu 4 ! La différence se justifie : la force de la loi contre la loi de la force. Zéro coups d’État, du côté de la rive gauche du fleuve Sénégal, 5 sur la rive droite !
Pour la première fois, nous agissons en "civilisés", en démocrates, nonobstant la manière dont les dernières élections se sont passées. Parce qu’il y aura toujours quelque chose à dire, nous privilégions de positiver.
Cette alternance constitue un nouveau départ. Si nous la réussissons, on aura absout tous nos péchés de citoyens sans volonté comme Aziz l’aura fait de son statut de putschiste récidiviste. On enterre le passé pour ne regarder que le présent et l’avenir.
Donnons-nous une seconde chance, après celle de 2005. Laissons le nouveau président exercer pleinement ses pouvoirs pour le juger, à la fin de son quinquennat, sans avoir à chercher des explications à ses échecs (les victoires seront célébrées comme telles) dans la pression de la tribu, du Parti-Etat ou du Capital considérés de coutume comme les "mauvais génies" de tout nouveau Rais.
Pouvoir et opposition doivent jouer pleinement leur rôle de termes "contradictoires" de la démocratie, sans en être les fossoyeurs par une mauvaise interprétation de son exercice.
Appliquons la sage recommandation de feu Ely Ould Mohamed Vall, quand il lançait, en 2005, je crois, son "ava Lahou an maa salef" (oublions le passé, pardonnons), compris comme : n’ouvrons pas la boîte de Pandore. Une quête de justice peut toujours trouver ses justifications que d’aucuns assimileront à une chasse aux sorcières, même si nous savons, tous, que notre pays a connu entre 1978 et 2019, des agissements répréhensibles sur le plan des droits de l’homme et de la gestion de ses ressources naturelles.
Les butins (de gouvernance) emportés par les présidents et les ministres nous reviendront sous une forme ou une autre. S’il s’agit de milliards, ils ne pourront les cacher nulle part parce que la chasse aux biens mal acquis est devenue aujourd’hui une affaire planétaire.
S’il ne s’agit que des immeubles villas et argent que tout le monde pointe du doigt ici, alors ce sera comme en 1984 et 2005 : l’argent sale continuera à circuler «entre nous» mais ne pourra jamais conférer un statut d’honorabilité à ceux qui ont volé le peuple sans vergogne.
Sneiba Mohamed