Cridem

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20-08-2019

19:45

Le Sénégal se tourne vers l’Afrique de l’Ouest pour promouvoir son tourisme [Carnet de voyage/images]

Invité par l’Agence Sénégalaise de Promotion Touristique (ASPT), notre journaliste Babacar BAYE NDIAYE est allé à la découverte du Sénégal, un pays frontalier de la Mauritanie. Récit.

"Vous êtes journaliste ? – Oui. Vous travaillez où ? – à Cridem. Motif de votre séjour ? – Voyage de presse, au Sénégal". Nous sommes le 09 Août 2019, à l’aéroport Oum-Tounsi de Nouakchott où je mets les pieds pour la première fois, depuis sa mise en service. Je suis flatté par ce que je vois, un aéroport quoi, un vrai…très différent de l’ancien aéroport du Ksar.

Il est 6h passées de quelques minutes. A ma grande surprise, je ne suis pas appelé à patienter cette fois-ci, par la police. D’habitude, un policier me faisait attendre, après avoir passé un coup de fil…quand je m’informai : on me disait que c’était une simple procédure d’usage. Tant mieux, alors, quand on n’a rien à se reprocher.

Me voilà quelques minutes plus tard, dans la salle d’embarquement. Après les traditionnelles procédures de vérification, nous voilà à bord de la Mauritania Airlines. Direction : Aéroport International Blaise Diagne (AIBD). Le vol a duré 45 mn, sans retard et dans d'excellentes conditions.

A l’AIBD, je suis accueilli par deux charmantes et souriantes hôtesses en tenue traditionnelle et une délégation de l’Agence Sénégalaise de Promotion Touristique (ASPT). Quelques salamalecs, suivis d’échanges sur les nouvelles de mon pays, le voyage, avant d’immortaliser notre arrivée par une photo de famille.

Dehors, le climat est clément. On m’installe dans un bus de tourisme de la SDT (Sénégal Découverte Touristique) pour me conduire à l’hôtel (King Fahd Palace), à Dakar. Le trajet, qui devait durer 45 mn environ, va durer 1h30. Arrivé à la nouvelle ville de Diamniado, notre véhicule chauffe et tombe en panne. En attendant l’arrivée d’un autre véhicule de la SDT, j’en profite pour admirer les géants bâtiments qui sont en train de surgir de terre.

Cette ville a été créée pour dépresser Dakar. Elle est traversée par une autoroute qui facilite le trajet entre Dakar et l’AIBD, une autoroute qui illustre les efforts déployés par les autorités sénégalaises pour se doter d’infrastructures routières de qualité. Aujourd’hui, on voyage plus facilement au Sénégal sur les routes…C’est sur cette impression que je suis bien arrivé à mon hôtel.

Le lendemain, après le petit déjeuner, je découvre dans le bus les autres collègues venus du Mali, de la Côte d’Ivoire, du Nigeria et du Ghana. Nous faisons aussi la connaissance de nos interlocuteurs. Mamadou Lamine Seck, guide touristique, à STD. Pape Souleymane Diallo, Cadre supérieur en tourisme/Chef de Marchés à l'ASPT, et Mme Yolande Delgado, Cadre en Tourisme, chargée de promotion à l’Agence Sénégalaise de Promotion Touristique (ASPT) qui vont nous accompagner durant tout notre séjour au Sénégal.

Dans ses différentes actions de promotion du tourisme en 2019, l’ASPT a prévu d’organiser pour la première fois un voyage de presse qui a réuni une dizaine de journalistes de l’Afrique de l’Ouest. Pape Souleymane Diallo explique ce choix : "On ne peut pas faire de la promotion touristique tout en s’enfermant. Le tourisme, c’est d’abord une ouverture vers les autres et ce genre de voyage de presse ouvre des brèches et offre plus d'opportunités de promotion à la destination Sénégal".

Gorée, Lac Rose, réserve de Bandia

Notre découverte du Sénégal commence par l’Ile de Gorée. Pour aller sur l’île, il faut prendre la chaloupe. Gorée est une ville pleine de charmes et chargée d’histoire notamment avec sa célèbre Maison des esclaves, haut lieu de la traite des Noirs au XIXe siècle ou encore sa cathédrale qui se dresse majestueusement au milieu d’un vaste espace. Gorée, c’est aussi la ballade dans les rues, le musée historique. En ce samedi 10 août, notre découverte de l’Ile de Gorée s’achève par un déjeuner en bordure de mer. Et le soir, nous sommes invités à un dîner spectacle avec animation et prestation d’une troupe folklorique sénégalaise, à l'hôtel Ngor Diarama, à Dakar.

Le lendemain, destination : Lac Rose.

Sur la route, nous faisons un arrêt devant le Monument de la Renaissance, puis une heure plus tard, nous voilà au musée des civilisations noires. Ce lieu est consacré à l’histoire des peuples noirs depuis l’origine jusqu’à nos jours. Le bâtiment est gigantesque. Pour pouvoir le visiter tranquilement, certains en général les américains et les européens prennent 3 à 4 jours, nous explique notre guide, Mamadou Lamine Seck. On y retrouve de tout : le sabre de El Hadj Oumar Tall, par exemple. Dès qu’on mette les pieds au musée, on est frappé par une gigantesque installation de plus de 10 mètres de haut posée au milieu du hall. Il s’agit de « l’arbre de l’humanité » de l’artiste haïtien Edouard Duval Carrie fait en acier déboulonné découpé au laser.

C’est malgré nous que nous quittâmes ce lieu chargé, pour prendre la destination du Lac Rose, de déjeuner sur place, avant de prendre la route pour faire le tour du Lac. Malheureusement, nous n’aurons pas l’occasion d’observer l’activité des racleurs de sel sur place, encore moins de voir le lac arborer différentes nuances de couleurs, allant du rose au mauve. Notre déception fut atténuée par une ballade inoubliable sur les dunes de sable à bord de véhicules appelés 8×8. On se croirait en Mauritanie…Pour la petite histoire, le lac Rose doit sa renommée au rallye Paris-Dakar dont il constituait l’ultime étape.

Nous reprenons en fin d’après-midi le bus, destination la célèbre station balnéaire de Saly Portudal, sur la petite côte sénégalaise, où nous passerons la nuit.

Le lendemain, au menu du programme, une visite de la réserve de Bandia, une petite réserve naturelle du Sénégal, située à 65 km de Dakar sur la route de Mbour. On y croise des singes, des antilopes du Cap-Vert, des buffles sauvages, des rhinocéros blancs, des girafes, des gazelles, des crocodiles, des autruches…et surtout l’antilope rouanne. "De toute l’Afrique de l’Ouest, on en compte aujourd’hui que quelques 300…c’est une espèce menacée de disparition", nous explique Cheikh Niane, guide à la réserve de Bandia.

Aujourd’hui, au Sénégal, le concept de « réintroduction » d’espèces animales qui avaient pratiquement disparu gagne du terrain, comme nous l’a confié notre guide, Mamadou Lamine Seck : "Dans toute la sous-région, il y’avait toutes sortes d’animaux qui ont disparu. Au Sénégal, en Mauritanie, on avait par exemple des autruches. Maintenant, il s’agit de les faire revenir comme l’addax, qui est une antilope qui avait pratiquement disparue dans toute l’Afrique. On en a importé du Canada parce que les Canadiens l’avaient pris au Sénégal, à l’époque".

L'inoubliable Toubacouta

Nous sommes le mardi 13 août. Nous quittons la petite côte pour se rendre à Toubacouta. Nous ferons escale à Kaolack, à la cité religieuse Médina Baye pour visiter la grande mosquée, haut lieu de l’islam au Sénégal et de pèlerinage pour beaucoup de mauritaniens adeptes de la confrérie Tijaniyya. En tournant le dos à Kaolack, une région essentiellement tournée vers l’agriculture, en suivant la route N2, on arrive à Toubacouta une heure plus tard, après un déjeuner au Relais de Kaolack.

"La route est bonne. On peut arriver à temps. Arrivés sur place, le temps de prendre possession de nos chambres, et puis, on n’aura pas beaucoup de temps, on va descendre du côté du fleuve pour faire une excursion en pirogue, voire un peu la végétation de mangroves et surtout le soir, voir le reposoir des oiseaux. C’est un spectacle très intéressant qu’on ne va pas manquer de voir", nous prévient notre guide, Mamadou Lamine Seck.

A Toubacouta, autre décor. Ce village est situé dans le Sine-Saloum, vers la frontière gambienne. Toute l’équipe du voyage a pris ses quartiers aux Palétuviers, un sympathique hôtel qui offre une superbe vue sur le Delta du Saloum, une réserve naturelle inscrite au patrimoine mondial en 2011. Ici, la vie est comme un fleuve.

"On est dans le delta, précise notre guide. On est dans une zone protégée. C’est une aire marine protégée. Dans cette partie, on ne doit pas pêcher, on ne pêche pas. On permet un peu aux populations locales de pêcher très raisonnablement. Ça permet aussi la reproduction. La mangrove s’est reproduite, vous voyez, de façon formidable. Le delta du Saloum, c’est une sorte d’archipels composé de plusieurs îles, la moitié est habitée, l’autre moitié n’est pas habitée. Il y’avait des espèces qui avaient totalement disparu dans le fleuve, qui sont revenus, les lamantins par exemple. Ils avaient complètement disparu mais maintenant ils sont en train de revenir. Elle est poissonneuse cette partie. C’est bien contrôlé. Seules les populations, les villageois qui se connaissent tous, ont le droit d’y pêcher. Elles sont impliquées, maintenant elles comprennent l’importance de cet écosystème. Les populations, elles-mêmes, le protègent. Les eaux et forêts n’interviennent même plus dans cette zone. C’est là où les sénégalais ont réussi le mieux à protéger leur nature, la faire renaitre dans ce Delta. La mangrove s’est reproduite de façon formidable".

L’excursion se fait en pirogue motorisée. Le spectacle est féerique, la vue est paradisiaque. Quel bonheur de s’offrir une ballade en pirogue dans les bolongs (espace de navigation) jusqu’au reposoir des oiseaux. Un voyage dans la nature qui s’achève par un dîner très copieux aux Palétuviers. J’ai quitté Toubacouta avec l’envie et l’espoir d’y revenir un jour…

A Somone, un sympathique petit coin...

En attendant, nous avons mis cap sur Somone, une partie de la station balnéaire de Saly avec une concentration de 25 hôtels à étoiles, des auberges et des restaurants de luxe. Le charme de Somone, c’est surtout sa lagune, une zone aussi protégée et un lieu de convergence des vacanciers et d’amateurs de baignade. Pour arriver à notre lieu de restauration, nous devons traverser la lagune à l’aide d’une pirogue motorisée, après avoir marché quelques 300 mètres sur la plage…

De loin, nous attend un sympathique petit coin où on retrouve un paquet de restaurants. Parmi eux, le restaurant "Chez rasta" où nous prendrons notre déjeuner. Ultime acte de notre voyage de presse au Sénégal.

Le propriétaire du lieu, Mohamed Ba alias Rasta, un autodidacte, dégage une personnalité atypique. Je suis tombé sur un self made man intéressant sur tous les plans, fortement enraciné dans les idées du panafricanisme et le rastafari. Gavage culturel, acculturation du peuple Noir, perte de valeurs et de repères…

Mohamed Ba ne s’épuise pas sur ces sujets-là. Mais pas que… Parti de rien, il est aujourd’hui à la tête d’une PME qui emploie 35 jeunes sénégalais. "S’il y’avait beaucoup de jeunes comme moi au Sénégal et en Afrique, on ne va pas mourir à la Méditerranée".

Une phrase qui résonne encore dans mes oreilles.

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Avec Cridem, comme si vous y étiez...
































































































 


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