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10-01-2020

22:00

Ousmane Moussa Diagana, une écriture transrégionale, Éditions Vérone, avril 2019

L'Information - Sur le continent africain, la Mauritanie occupe une position stratégique.

En effet, elle partage ses frontières avec l’Afrique noire (Mali-Sénégal) et le Maghreb (Algérie-Maroc). La population est composée des Noirs et Arabo-berbères, plusieurs langues (Arabe, Peul, Soninké, Wolof et Français) sont parlées. Parler de ces langues est synonyme de parler de plusieurs cultures qui cohabitent.

Cette position géographique et cette composition sociale auraient pu être pour la Mauritanie un atout pour construire une nation prospère où la devise nationale (Honneur-Fraternité-Justice) aurait tout son sens.

Mais depuis l’accession du pays à l’indépendance, le 28 novembre 1960, la nation mauritanienne est plus que divisée : résultat des politiques mises en œuvre par les dirigeants. Avec différents procédés d’écriture, Ousmane Moussa Diagana déconstruit cette réalité et propose une République idéale où les Mauritaniens peuvent lire objectivement leur Histoire, et épouser la philosophie de l’altérité. Le Monde et sa diversité sont au cœur de cette œuvre, c’est le lieu de saluer l’écriture transrégionale.

Ecrire cet ouvrage, revient à contribuer de façon modeste à l’étude d’une œuvre majeure de la littérature mauritanienne d’expression française. Il était par ailleurs urgent de retracer les grands axes de l’œuvre de l’un des plus grands poètes, homme de culture et chercheur de la Mauritanie et le replacer dans un contexte international, tant sur le plans de la pensée que de la création littéraire. L’œuvre diaganéenne interpelle tous les acteurs de la société. C’est une écriture qui convoque différentes disciplines (l’interdisciplinarité) où résident l’originalité et la force de son art.

Le lecteur découvrira non seulement un auteur et sa densité, mais aussi un pays et ses oxymores. Lire Ousmane Moussa Diagana, dans le contexte actuel du monde, c’est se donner l’occasion de voir la pluralité, l’interculturalité et l’intertextualité poétisées : « la littérature mondiale ».

C’est une œuvre qui est au cœur des théories postecoloniales, mais aussi du manifeste « Pour une « littérature-monde en français ».La vision nationaliste de la littérature théorisée par certains universitaires (français) est mise mal,d’où aussi la transrégionalité. Dans Notule comme dans Cherguiya, le poète transgresse le rapport de forces, qui administrait les relations entre les deux espaces littéraires (français et francophone). En ce sens aussi, l’écriture transrégionale devient plus explicite.

Hassane KEBE







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