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14-02-2020

23:30

Caritas Mauritanie/Boghé : Atelier participatif de diagnostic territorial et changement climatique (PASARC/AMCC2)

Terroir Journal - L’ONG Caritas Mauritanie a organisé à Boghé, le 7 février 2020, une journée de concertation qui a regroupé des élus locaux, des représentants de la société civile locale ainsi que les chefs de services environnementaux du ministère en charge de l’environnement et du développement durable des départements de Boghé, Bababé et M’Bagne.

Cet atelier s’inscrit dans le cadre de l’exécution du projet d’Appui à la Sécurité Alimentaire et la Résilience au Changement climatique (PASARC) porté par la dite ONG et qui est cofinancé par l’Union européenne et l’AFD dans le cadre du programme de l’alliance Mauritanienne contre le changement climatique d’appui aux initiatives locales d’adaptation et d’atténuation (AMCC2) Lot 1: Appui aux initiatives d’adaptation agro-sylvopastorales dans la bande saharo-sahélienne avec l’appui technique de Caritas France au profit des communes de la région du Brakna sud.

C’est un projet qui s’étale sur une période de quatre ans et ambitionne de soutenir la sécurité alimentaire et la résilience au changement climatique des communautés des trois départements cités plus haut.

La cérémonie d’ouverture a été présidée par M. Dia Mamoudou, adjoint au maire de la commune de Boghé en présence du secrétaire général de la Moughataa de Boghé et représentant du Hakem M Sadda Alpha Wane, du chef du projet PASARC, M. Djigo Alassane Amadou et des maires de M’Bagne, de Bababé et de Darel Barka.

Le chef du projet a évoqué sommairement l’objectif de l’atelier et les dangers qui menacent notre planète, les gaz à effets de serres et le réchauffement climatique en insistant sur les efforts déployés par l’ONG-Caritas pour lutter contre cette menace. Il a ensuite présenté le projet PASARC en insistant sur ses différentes phases.

A sa suite, Adenane Djigo le consultant et géographe a pris la parole pour présenter la mission du diagnostic territorial et l’état des ressources naturelles de la zone. S’appuyant sur une projection vidéo, il a ainsi montré la forêt de Lopel près de Boghé qui reste très riche en flore et cerné les menaces qui pèsent sur cette forêt.

Seyid Mohamed Vadel chargé du suivi et évaluation du PASARC qui lui a emboité le pas, a quant à lui projeté les images de la forêt de Loboudou situé dans la commune de Darel Barka avant de faire un inventaire des ressources naturelles localisables dans la zone. Il a conclu son exposé en affirmant que la faune et la flore à cet endroit précis, indiquent une nette régénération avec la création des comités de gestion. Quant à la forêt très dense de Wallaldé (Wothie, commune d’Aéré Mbar) s’étendrait sur une superficie de 240 ha et date de 1938, fournit beaucoup de ressources végétales aux populations.

Le responsable de l’environnement du projet M. Kane Bocar a ainsi mentionné le manque de valorisation de la marre de Widim qui est très riche en ressources halieutiques et végétales et pourrait constituer une très bonne réserve agrosylvopastorale pour la population, selon l’inspecteur de l’environnement de la commune de Bababé M. Mohamed Sid’Ahmed. Dans la commune de M’Bagne, les forêts sont en régression alarmante et la marre de Bérel fait face à la menace de l’érosion et au dessèchement de ses affluents autrefois très riche en biodiversité avec des eaux favorables à leur reproduction.

D’ailleurs les aménagements sauvages, sans études d’impacts au préalable, constituent un danger majeur permanent pour ces différentes ressources naturelles comme l’a fait savoir le consultant, Seydou Nourou TALL.

Les participants ont été scindés en deux groupes pour les travaux de plénière pour réfléchir sur la problématique des changements climatiques dans leurs terroirs. Et comme résultat les changements positifs évoqués sont : la vision des populations plus larges pour analyser leurs problèmes, le reboisement et la régénération des ressources naturelles, les concertations pour la préservation et gestion de l’environnement, d’un comité de suivi pour la préservation des arbres et des animaux, la résilience et la sécurité alimentaire, la sécurisation de certaines forêts classées, la prise de conscience et les mesures d’anticipation et l’accompagnement par les ONG.

Comme changements négatifs observés on peut citer : l’ensablement des cours d’eau et l’érosion, la diminution voir même la disparition de certaines espèces animales et végétales qui signifie en langue Pulaar « Beeli maayi, kulli fof eggii », l’inexistence des rivières, une pléthore d’engrais chimiques utilisés qui agissent sur les sols, la disparition des espaces de reproduction des poissions, l’exode rural, les conflits entre agriculteurs et éleveurs, les déforestations accrues et le charbonnage, les aménagements sans études d’impact préalables, l’absence de concertation avec les populations, une absence d’évaluations et d’études d’impacts environnementales et sociales, la dégradation des écosystèmes forestiers, la baisse de rendements agricoles, les cuvettes enclavées, la disparition des forêts et des marres, la prolifération des ennemis des cultures, la raréfaction des pluies et l’augmentation des moustiques et la perte des valeurs socio-culturelles en lien avec la nature etc….

Au cours de la restitution, M. TALL a brièvement abordé les causes qui sont à l’origine de ces transformations climatiques. Parlant notamment de causes naturelles (gaz à effet de serres, variabilité interannuelle de la pluviométrie,…) et causes humaines comme la déforestation, la surexploitation des ressources productives et l’industrialisation. Il n’a pas manqué de mentionner des solutions, parmi lesquelles, l’adaptation de l’homme, la protection et la valorisation des ressources locales, la régénération des sols, la gestion intégrée des ressources en eau et la nécessité de réactualiser les plans de développement communaux (PDC) pour y intégrer les questions environnementales, de gestion de ressources naturelles et la résilience aux changements climatiques.

Les travaux de groupes ont été subdivisés en deux thématiques : le groupe 1 « Daandé Maayo » et le groupe 2 « agglomérations, villes et axes routiers », les participants ont souligné durant la restitution, les changements qui ont marché et ceux qui ne l’ont pas été :

Groupe 1 « Daandé Maayo » :

Ce qui a marché : A titre d’illustration : La sécurité territoriale, les services de base disponibles dans toutes les localités, le commerce, la présence de l’administration et la démocratie.

Ce qui n’a pas marché : exemple le foncier et leurs textes non appliqués, les problèmes des aménagements défectueux sans concertation avec les populations, l’enclavement, l’absence d’engagement fort pour la protection de l’environnement.

Groupe 2 « agglomérations, villes et axes routiers » :

Progrès : désenclavement, l’existence de marchés, l’existence de moyens de transport et d’infrastructures de base, l’amélioration de la communication et la réduction du taux d’analphabétisme.

Régression : la mauvaise gestion des ordures, des habitations mal loties, les menaces d’ensablement par endroit (insécurité des routes), le manque de civisme, la réduction des cultures de sous pluie, l’occupation anarchique des espaces pastoraux, la pression démographique.

La restitution des travaux de l’atelier a été le point final de cet atelier et s’est conclu par un discours de remerciements du chef de projet du PASARC.

Daouda AK DIOP

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