Cridem

Lancer l'impression
10-03-2020

22:00

Parution de l’ouvrage « Littérature francophone de Mauritanie » de Mbouh Seta Diagana

Souleymane Djigo - Très peu connue jusqu’au début de ce millénaire, la littérature mauritanienne francophone l’est beaucoup moins, aujourd’hui, depuis que Mbouh Seta Diagana a « entamé [ses] recherches sur le sujet ».

La thèse que l’auteur avait consacrée à cette littérature, et qu’il publiera en 2008 sous le titre Eléments de la littérature mauritanienne de langue française, « Mon pays est une perle discrète », à Paris, chez l’Harmattan, est un travail pionnier ; le tout début du balisage d’un terrain jusqu’alors non défriché, ni même délimité par les chercheurs.

« Littérature francophone de Mauritanie, Émergence, influences, confluences » vient s’ajouter à cet ouvrage aujourd’hui une référence ; La Référence allons-nous dire, pour connaitre la littérature mauritanienne écrite en français, sa naissance, son historique, ses premiers grands auteurs et les grandes tendances des thématiques qu’elle aborde et des formes d’écritures qui la caractérisent.

L’ouvrage se compose de onze chapitres, répartis en quatre parties, regroupant chacune des essais critiques apparentés par la thématique et le corpus d’étude de l’auteur.

Dans la première partie, « Voix et voies de l’oralité », trois chapitres livrent au lecteur, successivement, un aperçu sur la littérature peule, notamment à travers les poèmes du terroir et la poésie religieuse, un autre sur la littérature orale soninke et un troisième sur la littérature mauritanienne maure. Ensuite, deux chapitres sont consacrés, dans la deuxième partie, sous le titre « Prolégomènes à une histoire littéraire », le premier aux conclusions d’une fouille « archéologique » de la littérature mauritanienne francophone et le second à jeter la lumière sur l’aspect le plus dynamique de cette littérature, le roman mauritanien francophone.

Arrivent ensuite, les troisième et quatrième parties, successivement intitulées « De la poétique et du sociétal » et « Comparatismes littéraires », qui regroupent des études sur la rhétorique du nom de l’esclave dans le roman mauritanien, l’écriture de la violence et du traumatisme, une comparaison entre les Histoires parallèles et [les]destins croisés de Sia Yatabéré de la Légende du Wagadu de Moussa Diagana et Lolla, de Et le Ciel a oublié de pleuvoir de Beyrouk, deux personnages féminins devenus « mythiques » dans la littérature mauritanienne, à la fois par la force de leur symbolisme et par l’évolution qu’ils constituent par rapport à l’image de la femme dans la société mauritanienne.

Poursuivant sur la même lancée comparatiste, Mbouh Seta Diagana aligne trois derniers chapitres, dont deux consacrés à la poésie (le chapitre IX et le chapitre X) et un au roman(le chapitre XI).

Dans « Les Poètes mauritaniens et Senghor » il revient sur l’influence du chantre de la Négritude, notamment sur les auteurs de la première génération de poètes mauritaniens (Oumar Bâ, Assane Youssouf Diallo, Tène Youssouf Guèye,…) et dans « Madagascar dans Notules de rêves pour une symphonie amoureuse d’Ousmane Moussa Diagana ou Jacques Rabemananjara lu par un poète mauritanien », il montre comment, en lisant le linguiste et poète mauritanien de renom, on découvre combien la Mauritanie est si proche de Madagascar, dont elle est pourtant si loin géographiquement, à travers les références multiples « à ce pays insulaire », qui « semble avoir beaucoup de similitudes avec son pays d’origine » et dont la fascination qu’il exerce sur Ousmane Moussa Diagana vient, nous dit Mbouh.Seta Diagana, de ce « que le pays de Rabemananjara [a] réussi là où la Mauritanie a échoué lamentablement, à savoir faire cohabiter harmonieusement les différentes composantes de sa population. »

Le dernier chapitre du présent ouvrage est consacré au roman et s’inscrit, aussi, dans une perspective comparatiste. Mais cette fois, l’auteur se penche sur le thème de l’esclavage, dans le roman francophone de l’espace transsaharien, à travers une étude comparée de textes marocains (Moha le fou Moha le sage de Tahar Ben Jelloun et Le Sommeil de l’esclave de Mahi Binebine) et mauritaniens (Barzakh de Moussa O. Ebnou et Le Cri du muet d’Abdoul Ali War).

« …j’offre au lecteur mauritanien et à toute personne intéressée par notre littérature ce travail qui n’est pas une compilation, il est la redynamisation de certaines recherches antérieures combinées à d’autres plus actuelles et inédites mais reliées par un fil conducteur à même de guider aussi bien l’apprenti-chercheur que le chercheur confirmé à mieux appréhender cette littérature dans ses différentes approches» dit Mbouh Seta Diagana.

On ne peut trouver mieux pour conclure cette brève présentation d’un ouvrage qui, sans nul doute, fera date dans l’annuaire des recherches sur la littérature mauritanienne d’expression française ; une œuvre de plus qui s’ajoute au palmarès du Professeur Diagana certes, mais aussi à celui de l’Association des écrivains mauritaniens d’expression française dont il est le Secrétaire général.

Par Mohamed Ould Bouleiba

---

Mbouh Séta DIAGANA est professeur Habilité à Diriger des Recherches (HDR), il enseigne la littérature francophone et la sociologie de la littérature à l’Université de Nouakchott Al Aasriya où il occupe également les fonctions de Vice-président.

Ses travaux portent essentiellement sur la littérature mauritanienne d’expression française dont il est le spécialiste, mais aussi sur les relations entre littératures maghrébine et subsaharienne.

Autres ouvrages de l’auteur

- Eléments de la littérature mauritanienne de langue française. « Mon pays est une perle discrète», Paris, l’Harmattan, 2008.

Coauteur de :

- La Poétique de l’Histoire dans les littératures africaines, Paris, l’Harmattan, 2014.

- Littérature mauritanienne de langue française, Interculturel Francophonies Lecce, Italie, 2014.

- Anthologie de littérature mauritanienne francophone, Nouakchott, Joussour/Pont, 2016.

A propos du livre

L’ouvrage de Mbouh Seta DIAGANA pose la question de la spécificité de la littérature mauritanienne francophone, un champ situé à l’interface de domaines longtemps considérés comme différents, le monde maghrébin et le monde négro-africain. Il se propose donc légitiment d’analyser le jeu des héritages, des influences et des originalités dans le domaine mauritanien. L’analyse emprunte les voies de la description, de l’analyse du contenu, du comparatisme littéraire et des caractéristiques formelles des textes, distingués selon les genres poétique, romanesque, voire théâtral. L’essai s’efforce aussi de résoudre la question épineuse de la « mauritanité » de son champ littéraire, en examinant comment les auteurs mauritaniens concourent à l’élaboration d’une « littérature nationale ».





Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


 


Toute reprise d'article ou extrait d'article devra inclure une référence www.cridem.org