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13-04-2020

19:00

Arnaque foncière : Le Covid-19 sauve le Cheikh

L'Authentique - S’il y a en Mauritanie, une personne que le covid -19 a sortie de pétrin, c’est bien l’érudit, promoteur immobilier, Cheikh Rydha ! Mis à l’index par les centaines de famille dessaisies de leurs patrimoines fonciers dans une vaste opération d’arnaque entamée en 2012, au vu et au su de l’Autorité en place, l’homme était sur le point de répondre de ses faits devant les populations et devant la justice, quand apparut le coronavirus qui… a détourné l’attention de l’opinion !

La vaste arnaque immobilière qui secoue depuis quelques jours le Maroc après qu’un promoteur ait été mis aux arrêts pour avoir vendu sur plans à au moins mille acheteurs de magnifiques futures villas à Casablanca sans avoir ni titre foncier ni permis de construire, pourrait bien se reproduire en Mauritanie. Et pour cause !...

Une affaire similaire s’est produite en Mauritanie pendant le règne du régime de Ould Abdel Aziz où des milliers d’individus ont été dépossédés de leurs propriétés immobilières et autres actifs ! Et la tempête devrait être plus forte en Mauritanie, tant les victimes sont nombreuses et tant elles son démunies !

En effet, si au Maroc, le promoteur promettait des « logements de rêve » donc accessibles aux personnes relativement nanties telles celles de la diaspora, en Mauritanie, l’opération menée par l’érudit Cheikh Rydha a surtout concerné des personnes à bas revenus ou dans l’extrême pauvreté.

Agissant sous le couvert officieux de l’ex-président et de sa famille -qui ne se seraient pas privé- le Cheikh a réussi à mener son projet fictif, décrit comme la plus grande arnaque foncière et immobilière de l’histoire de la Mauritanie !

Laquelle se proposait d’acheter à crédit, des biens fonciers, au triple, voire, au quintuple de leur prix initial pour les revendre cash, à un montant égal à la moitié de leur réelle valeur. « Une proposition alléchante » pour nombre de familles dont certaines ne possédaient qu’un seul et unique lopin de terre, qui se voyaient à terme, assez bien pourvues financièrement !

« Une offre merveilleuse » pour les personnes nanties et surtout les barons du régime de l’époque, qui avaient là l’occasion de renforcer leur patrimoine foncier… à moindres frais !

Après plusieurs années de méfaits aux yeux d’une Autorité tolérante -ou plutôt complice-, le sieur Cheikh Rydha aurait ainsi accumulé plus de 100 milliards d’ouguiyas - un peu moins de 300 millions de dollars=et conséquemment, endossé de gigantesques dettes ! En face, les familles dépossédées attendaient toujours d’être remboursées. En vain !

Sollicité et acculé de partout par ses nouveaux créanciers, Cheikh Rydha s’engageait à rembourser les dettes contractées, misant sur des fortes rumeurs de perspectives de vente de licences d’exploitation minière qu’il avait obtenu du président de l’époque .

 Mais très vite, il se rétracta, déclarant qu’il n’était plus en mesure de respecter ses engagements. Maintes fois, il fut menacé par ses « clients », persuadés qu’ils étaient, qu’en agissant ainsi, ils pousseraient le président Ould Abdel Aziz à leur trouver une solution.

En fin tacticien, le chef de l’État parvint à gérer la situation, allant même jusqu’à assurer à « son protégé » une garde rapprochée. Il a alors fallu attendre ma fin de sa présidence pour qu’il s’exprime largement dans le sujet, faisant dédouaner l’exécutif !

Un faux-fuyant » pour les plaignants qui ont continué à le solliciter, certains qu’ils sont, qu’il a bel et bien joué un rôle de premier plan dans l’activité du Cheikh et que sa famille comme lui, en auraient largement profité.

Après l’arrivée du nouveau régime, l’affaire a repris de plus bel avec l’indignation des victimes qui en ont appelé au président Ould Ghazouany et qui ont mis en place un collectif à l’effet. Il s’agit pour celles-ci de retrouver leurs biens, mais surtout, de situer les responsabilités et complicités qui ont permis cette vaste escroquerie.

Et la tension était grande avec l’organisation de sit-in devant la présidence de la République et le ministère de la Justice quand survint l’épidémie du coronavirus.

Sans nul doute ce n’est que partie remise.

MOM



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